Le Péché Oublié 32

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 La solution se trouvait juste derrière moi. Ma seule source temps se trouvait ici, dans ce lieu. Mais comment faire pour le ramener jusqu'à cette position, à mon avantage ? Si cela se passait comme prévu, je pourrais même lui faire croire qu'elle était un otage, un léger effet de surprise qui ne jouerait malheureusement pas longtemps.

Mais là était le problème, comment faire pour le ramener derrière moi ? Sans qu'il me tue avant d'arriver à la ligne d'arrivée. C'était le souci, le point faible de ce plan !

En même temps, ce n'était pas le nombre d'essais qui allait me manquer. Je pourrais essayer encore et encore. Pour cela, je devrais mourir encore et encore. Non, cela n'était pas un problème, mon esprit serait suffisamment fort pour le supporter. Je ne me briserais pas pour si peu !

N'est-ce pas !

Bien sûr que non, le capitaine Meliodas m'avait confié cette mission ! Il ne m'aurait jamais envoyé le combattre si je n'avais une chance de gagner ! Non que ma victoire était assurée ! Autrement, il l'aurait pu la donner à n'importe quel autre Péché. Ils étaient tous forts, mais c'était moi qui me trouvais là, moi qui devais le combattre !

Sinon pour quelle autre raison m'aurait-il envoyé combattre le leader de tous les Alphas!?

Il me fallait reprendre mon courage. J'étais un fier membre de l'ordre le plus puissant du royaume de Liones, les Sept Péchés Capitaux. Je portais le titre de Péché du Lièvre de la Vaine Gloire !

Mes pieds semblaient fixés au sol. Pourtant, j'avais un plan, j'avais toutes les raisons de croire en mes victoires sur le long terme. Mais je ne pouvais pas bouger. Peut-être l'effet d'un sort !

Le même que celui qu'avait utilisé Echidna à mon arrivée. Non, c'était elle qui était piégée dans mon sort, et il ne m'avait pas fallu longtemps pour m'en défaire. Un sort que m'aurait lancé l'Être Suprême des Homme-bêtes. Aucune chance, les sorts ne venaient pas avec moi lorsque je revenais en arrière.

Alors, il ne restait qu'une possibilité. Je ne voulais pas l'admettre, mais cette impression ne voulait pas me quitter. La rapidité dont il avait fait preuve, alors même que j'avais augmenté ma propre vitesse, je n'avais rien vu. Le coup qu'il m'avait porté, m'obligeant à ressentir chaque moment. Que ce soit la douleur, les sensations des craquements de mon propre crâne.

Il fallait croire que tout cela avait laissé son empreinte sur mon esprit. J'étais déterminé, mais il fallait que je lutte contre mon propre inconscient, effrayé par un temps révolu.

Mais une chose m'apparaissait bien plus forte, la confiance que le capitaine Meliodas me portait.

Les pieds restaient figés dans le sol. Comment cela ne pourrait pas être suffisant pour me faire avancer ! C'était le plus grand honneur que je pouvais recevoir ! Ce que j'avais toujours rêvé ! Être reconnu par le plus fort de tous les chevaliers mages !

Qu'est-ce qui pourrait me faire mettre un pied devant l'autre ? Il ne pouvait assurément pas avoir plus grand honneur que cela !

Alors que mon esprit continuait de chercher une raison d'avancer, Echidna continuait de parler, seule. Seuls des fragments de phrases, des mots sortis de leur contexte me venait aux oreilles.

- .... honneur ..... peur .... amour.... famille .... pardon...

Le pardon, oui, c'était ce qui m'avait permis de vaincre si rapidement le démon Echidna. C'était ce que je cherchais maintenant, le pardon, celui de ma famille, celui de ma sœur. Il fallait que je me rachète, malgré ce qu'elle était, que j'obtienne son pardon !

Non, que je m'excuse !

Mon esprit devint plus clair, les frissonnements diminuèrent, et enfin, mes jambes acceptèrent d'avancer vers une nouvelle mort inévitable. Et loin de me permettre de me défaire de mon péché.

Cela aussi, c'était une évidence, que je devrais périr de diverses manières pour arriver à mes fins. Combien de fois exactement? Je ne savais pas encore ! Mais je ne pourrais y arriver du premier coup. Pour le vaincre, il faudrait que je sois suffisant fort, suffisamment déterminé pour terminer vainqueur.

Alors que j'avançais vers ce qui serait certainement une mort brutale, une impression de sagesse se diffusait en moi. Était-ce le fait que je ne mentais plus à moi-même ?

Je ne savais pas !

Quand je sortis de mes pensées, je me trouvais à nouveau devant cette porte fatidique, pour me retrouver une nouvelle fois devant ce monstre.

Une fois traversée, je devais face au même déroulement. Les mêmes phrases, avec la même intonation. Contrairement à la dernière fois, la colère ne me prit pas de court. Elle était là, mais l'esprit était apaisé.

Pour anticiper son prochain mouvement, il fallait que les mêmes mots sortent de ma bouche avec la même intonation, pour que tout se déroule de la même manière que lors de la boucle précédente.

- Je suis Mordred, le Péché du Lièvre de la Vaine Gloire et je vais vous faire regretter vos paroles !

Il reprit les mêmes mots, le même monologue comme un acteur sur une scène qui répétait à nouveau son texte pour une nouvelle représentation.

Une nouvelle fois, il se précipita sur moi. Mes réflexes n'avaient rien à voir avec ce qu'il s'était passé à ce moment-là. J'avais évité son coup, car je savais ce qu'il allait se passer. Mais même si son second coup me rata de peu, le suivant, lui, me fracassa l'abdomen.

Je sentis mes entrailles remontées dans ma cage thoracique, le souffle coupé. Mes pieds qui quittaient le sol, me soulevant de plus en plus haut, de plus en plus rapidement. Je finis ma course contre le plafond, sentant ma colonne vertébrale se brisait à l'impact. Ce qui me resta de conscience me fit ressentir le froid du sol.

Avant de me retrouver à ce même moment, celui où j'étais resté figé. Encore une fois, j'étais mort, et pourtant, je devais y retourner. Il le fallait pour pouvoir m'excuser, pour pouvoir avancer.

Je repris le chemin, les mêmes mots dans le même ordre. Ma respiration était calme et régulière lors de ma troisième représentation. Le moment venu, je disais ma réplique. Le moment venu, j'entrais dans la chorégraphie, évitant le coup se dirigeant vers mon visage, puis celui dans le ventre.

Ce fut un coup venant d'en dessous. Je sentis ma mâchoire inférieure se disloquer, se détacher du reste de mon crâne. Encore une fois, je partis dans les airs, mon crâne s'écrasant contre la roche intraitable.

Ce fut ma troisième présentation.

Je repris le chemin vers une mort certaine.

Vint ainsi la quatrième, puis la cinquième, puis la sixième représentation.

À la dixième, nous étions toujours dans la même pièce.

À la vingtième, je me rapprochais un peu de cette porte, juste là, près de moi, et pourtant tellement éloigné dans le temps.

Je fis tellement de représentation que j'en perdis le compte. Il me fallut plusieurs essais pour retenir parfaitement ma chorégraphie.

Combien m'en a-t-il fallu pour simplement pénétrer dans le couloir. Une trentaine ? Une quarantaine ?

Combien pour arriver au bout du couloir, une centaine ? Oui, certainement !

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant