Le conte des Trois Cervidés : Blanc

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 Celui qui naquit revêtu d'une robe blanche comme le matin d'un hiver fut nommé Bugail, signifiant berger dans la langue de son clan. Parmi les trois frères, il était le plus respecté. Celui qui était toujours entouré. Celui que les parents voyaient comme un idéal à atteindre. Celui dont les enfants ne voulaient pas être haïs.

Bugail n'avait besoin nullement de ses frères, il était celui dont les autres souhaités la compagnie. C'était eux qui venaient à lui pour le toucher, être vu par ses deux immenses yeux bleus comme le ciel. Lui qui était considéré comme une bénédiction, par ceux de son clan, mais aussi pour tous ceux qui portaient leurs regards sur lui.

Parmi les trois frères, il était celui qui avait trouvé sa voie dès sa naissance. Il n'avait pas lutté contre le destin qui lui avait été imposé. Bien au contraire, Bugail considérait être né pour cela, que sa naissance était une chance pour les autres. Ses magnifiques cornes qui poussaient avec grâce vers les cieux n'étaient pas ce qu'il aimait le plus chez lui, même s'il se considérait comme parfait. C'étaient ses yeux bleus qu'il voyait comme deux magnifiques joyaux naturels.

Ainsi, Bugail n'avait à faire aucune tâche, sa simple présence parmi eux était déjà un honneur. Il était celui qui était servi, toujours une personne prête à lui offrir un bol de l'eau la plus claire, la nourriture la plus fraîche. Tous les regards étaient portés sur lui, tous les sourires. Son esprit ne pouvait pas être plus en extase.

Alors il pensait, il cherchait comment devenir encore plus grand aux yeux de tous. Comment il pourrait devenir le centre de la vie de nombreuses personnes ?

Un jour, lors de son sixième printemps, Bugail put émerveiller ceux qui le vénéraient. À cette annonce, beaucoup se regroupèrent pour assister eux-mêmes à ce prodige. Comme chaque année, ils étaient nombreux pour le voir réaliser les rituels annonçant la renaissance de la nature, du réveil de la Terre-mère.

Il n'avait nullement besoin de ses frères pour se sentir exister, et même les fidèles qui le suivaient et le servaient ne lui étaient réellement utiles. Sa seule existence lui suffisait. Sa propre mère ne représentait peu de chose à ses yeux, il ne cherchait pas à être dans ses bras, il ne cherchait pas à avoir son amour, le sien le contentait largement.

Il s'élevait et devenait l'incarnation des croyances, celles qui faisaient du clan des Cerfs, un clan si respecté. Et un jour, une voix vint à lui, alors qu'il était en pleine méditation. Elle lui chuchotait des évidences, d'accepter ce qu'il était, "accepte ta différence : ta divinité".

Sa magie se révéla à tous, il était le premier des trois frères à la dévoiler. Il était déjà un membre important de sa communauté, mais elle permit de l'élever encore davantage et d'ouvrir les yeux aux derniers qui le craignaient, qui le voyaient encore comme un mauvais présage. Pour lui, cette magie serait le lien éternel avec toute forme de vie, avec la nature, avec la Terre-mère elle-même.

Ainsi, il comprit ce qu'il était, mais il comprit aussi ce qu'étaient ses frères. S'il possédait un don, alors il était évident qu'eux aussi. Alors il changea de point de vue, lui qui s'était éloigné de ses frères et tout particulièrement de celui qui était le plus haït, se rapprocha d'eux. À nouveau, il partageait du temps avec eux, attendant le moment où leur magie s'éveillerait à leur tour. Lorsqu'en cela fut le cas pour son frère qui s'était mêlé au commun des mortels de le rejoindre, il se devait d'être patient envers le plus insignifiant.

Ainsi lorsque cela arriva enfin, ses croyances ne furent que renforcer, celle de croire plus fort en sa propre personne, que la raison lui appartenait, qu'il connaissait tout du destin.

Malgré tout, un mystère lui restait hors de sa portée. Cette voix qu'il avait entendue, et que ses frères avaient aussi perçu. Il ne pouvait en rester là, mais une certitude était présente dans son esprit, cela ne pouvait être la Terre-mère qui lui parlait, pas ainsi. C'était autre chose, ou plutôt une autre entité. Si cela avait été l'œuvre d'une divinité, cela n'aurait pu lui échapper.

Il lui fallut de nombreuses heures de méditation pour obtenir les réponses qu'il souhaitait. Bugail obtint finalement un nom à cette voix, Echidna. Elle lui avoua elle-même qu'elle n'était pas une divinité, qu'elle ne pouvait mentir à son intuition.

Malgré cela, il continuait à converser avec cette entité qui lui apportait de nouvelles herbes à son repas, des confirmations à ses pensées, à ses convictions profondes.

La première chose qu'elle lui confirma était son destin exceptionnel, à lui et ses frères. Ensemble, il deviendrait les piliers nécessaires à l'élévation des Homme-bêtes. Que chacun d'eux permettrait à un être digne de les diriger, de régner sur l'ensemble des clans des Homme-bêtes.

La seconde chose qu'elle lui confirma était qu'une confrontation avec le Clan des Hommes était inévitable, et que ce serait grâce à lui et à ses frères que la victoire de leur Clan serait assurée. Qu'ensemble, il permettrait à des guerriers pouvant rivaliser avec les mages de naître et de vaincre.

La troisième chose qu'elle lui confirma était que la Terre-mère portait un autre nom, qu'elle attendait l'apparition d'un représentant, celui d'un leader naturel. Mais que cette entité avait une préférence pour les Hommes, que cette guerre permettrait à cette entité de comprendre que les Homme-bêtes sont ses représentants naturels, et que lui, Bugail, en serait digne de porter la voix.

Ainsi, il commença à répandre le message à son propre Clan, puis à tous les autres clans d'Homme-bêtes. Il était celui qui apportait la vérité dans ce monde, il était la lumière d'espoir à ceux qui étaient perdus.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant