Le Péché Oublié 37

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 Je venais de réapparaître au milieu de la salle du trône, la lumière du soleil levant éclairait à peine la pièce encore vide. Mais comment cela était possible ?! Ce sort aurait dû entraîner ma mort. Après m'avoir fait vieillir pour atteindre un niveau de puissance et de sagesse suffisant, c'était la conséquence, le prix à payer ! Alors pourquoi j'étais encore en vie ?

La panique me prit encore davantage lorsque l'alerte des soldats résonna. Les portes commencèrent à s'ouvrir. Même si mon corps ne possédait aucune blessure, mon esprit et ma magie en subissaient encore le contrecoup.

- Qui va là ! Cria l'un des soldats.

- Tu es sûre d'avoir entendu un bruit ? Dit discrètement son partenaire.

- Je te dis que oui ! Trois sons cristallins ! Je te jure !

- Sérieux, il va falloir que tu arrêtes la boisson dès le matin.

- Je suis parfaitement sobre ! S'insurgea-t-il alors que l'autre faisait déjà le chemin inverse.

Ils repartirent après que celui avait encore des doutes fit un tour dans la salle du trône. Il me tournait autour, mais ne me vit pas. J'avais appliqué un sort de désynchronisation par réflexe. Cela aurait dû être impossible. Le sort de la Treizième heure aurait dû totalement me vider.

Il ne restait qu'une seule possibilité, que mon sort n'ait pas fonctionné comme je le pensais. J'avais imaginé qu'il me vieillirait artificiellement. Mais ce n'avait pas dû être le cas, j'avais réellement fait venir le moi du futur. Ce moi avait eu tout le temps de réfléchir à un moyen de me sauver. Je m'étais offert une porte de sortie, une seconde chance, et je comptais bien la saisir.

Continuant de me cacher, je me dirigeais vers la sortie du palais. L'effervescence dans les rues était déjà bien présente. Mais rien ne pouvait m'arrêter, je filais directement vers le port. Je prendrai alors le premier bateau en direction de Gallia, puis la forêt de Brocéliande. C'était là que ma famille se trouvait.

Il ne me fallut pas longtemps pour trouver un capitaine qui acceptait de me prendre. Néanmoins, il me fallait dorénavant attendre que le bateau soit prêt à partir. Mon esprit se posa enfin, imaginant ce que j'allais dire lors de nos retrouvailles, leur joie de me retrouver. Non, ma joie de les retrouver. Et je l'espérais, de nous retrouver.

Le soleil continua sa course haut dans le ciel, et les gens continuaient de discuter.

- Apparemment les Péchés Capitaux sont partis ce matin.

- Oui, c'est vrai, j'en ai aussi entendu parler. Il y aurait une révolte dans le Nord. Mais ça doit être une sacrée menace pour que le Roi les envoie en personne. C'est pas n'importe qui !

- Moi, je sais. C'est le frère de ma belle-sœur qui le sait de son oncle qui l'a appris d'un ami qui l'a entendu des Péchés Capitaux qui en parlaient à la sortie de la ville. Et même que Ban et Meliodas se sont pris de bec avant de partir.

Il me fallut un moment pour réaliser de quoi il parlait. Comment cela était seulement possible ! Ils parlaient comme si nous venions de partir, ces scènes dont ils parlaient, je les avais vécus. Cela signifiait donc j'étais revenu dans le passé, le jour même de notre départ.

Le vieux moi, pourquoi avait-il fait cela ? Dans quel but ? Puis cela me vint comme une évidence. Cette personne qui était intervenue dans la ville de Berffaith Dinas, cette personne qui m'avait semblé si familière, c'était moi.

Il me fallait choisir entre le désir de revoir ma famille, d'obtenir leur pardon, et ma mission. Oui, elle n'était pas encore terminée. Loin de là !

Mais comment arriver avant eux. Même si je connaissais le déroulement des évènements, je ne pourrais pas arriver que quelques heures avant eux. À moi que j'arrive à faire comme durant le combat contre Cebrus, mourir et réapparaître dans la même temporalité. Le vieux moi avait bien réussi, c'était possible.

Les points de sauvegardes, ce n'était pas ce qui manqué dans la ville de Berffaith Dinas, alors en trouver un devrait être simple. Il me fallait me concentrer, disparaître et réapparaître à un autre point de façon consciente et sans mourir.

Je le visualisais, celui dont lequel j'avais le plus immergé. Celui se trouvant dans les sous-sols dans lesquels des Hommes-animaux étaient retenus prisonniers. Ce n'était pas l'idéal, mais il était le plus familier. Il me fallait me concentrer dessus, me rappelait des odeurs, de la sensation de cet environnement morbide.

Lorsque je rouvris les yeux, j'y étais. Une faible lumière éclairée les lieux. Je m'avançais légèrement, l'homme-chien qui m'avait attrapé se trouvait dans sa cage, les yeux regardant dans le vide. De même, l'homme-taureau était présent, assis, le dos courbé, bien trop grand pour sa cage.

Je pouvais les aider ici et maintenant. Mais cela changerait ma propre histoire, le futur risquerait de dévier de la route que je connaissais. Je regardais autour de moi, voir si je ne pouvais pas faire quelque chose pour m'aider. Rien. Tout était exactement pareil.

Le mécanisme de la porte ne m'était pas inconnu, de même que son code. Remonter dans les étages ne fut pas bien compliqué non plus, en étant invisible, associé à ma connaissance du terrain, et en sachant qu'il y avait peu de passage. Je finis par pénétrer véritablement dans la tour centrale. Là encore, je pouvais changer les choses ici et maintenant. Je pourrais m'en prendre au seigneur des lieux, mais je serais seul. Aucun des nobles n'était des combattants expérimentés et je pourrais certainement gérer leurs gardes. Comment ce geste serait interprété par les Hommes-animaux ? Se révolteraient-ils ?

Alors, il faudrait que je trouve une cellule de rébellion. Je n'avais que quelques jours pour tout organiser. Il me mit à écumer la ville, écoutant les conversations qui pourraient me donner des indices.

Pour cela, il me fallut plusieurs retours en arrière. La première avait été un peu terrifiante, mais j'avais réussi à repartir sans me donner la mort. Ainsi, durant mes premières boucles, le moi qui se trouvait encore dans les rangs des Péchés Capitaux échoués systématiquement. Peu d'Hommes-bêtes se révoltaient, le soutenait dans sa tentative. Et c'était moi qui annulais ce moment encore et encore.

Mais cela n'était pas sans intérêt. Des têtes revenaient encore et encore et ce fut en me rapprochant d'eux au cours de mes essais que la foule devenait de plus en plus importante. Combien de boucles, il m'avait fallu pour réussir, j'en avais perdu le compte.

Il me manquait des bras, après tout, à chaque fois que je repartais en arrière, ce que j'avais fait s'annuler. Il fallait recommencer à convaincre et les groupes identifiés étaient de plus en plus nombreux au fur et à mesure de mes boucles. Alors, lors d'une elle, je tentais quelque chose. Plutôt que remonter dans ma propre ligne temporelle, je tentais de faire réapparaître dans mon corps, et cela, sans me faire disparaître. Ainsi, pendant une courte période, il n'y a pas eu deux Mordred en même temps, mais trois.

Parfois, il fallait attiser la colère, d'autre fois l'espoir. Et pour d'autre la compassion. Les Hommes-animaux n'étaient pas les seuls à souffrir de la situation. Certains humains n'arrivaient pas à admettre une telle situation comme normale. Et il fallait qu'ils se montrent lors de la manifestation pour que le mouvement est une légitimité, une base morale.

Et enfin, l'évènement tel que je me le rappelais se produisit. Enfin, je pouvais transmettre mon message à moi-même. L'histoire pouvait enfin se poursuivre tel que je l'avais écrite.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant