Le Péché de la Vaine Gloire 54

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 Dame Arakum, la femme-bête dont je n'avais pas encore vu la transformation, s'était jetée sans prévenir sur le comte Veleadom. Ce dernier venait d'expliquer la manière dont il avait procédé pour créer les Homme-animaux, une sous-espèce artificielle des Homme-bêtes. Elle l'avait plaqué en un rien de temps à terre, un bras dans le dos, l'immobilisant totalement, tenant l'aiguille avec l'étrange mixture dans l'autre.

- Tu peux désactiver ta magie, Mordred.

Je m'exécutais sans rechigner. Je me relevais et je voyais le regard peu rassuré de l'homme-pigeon. Il me regardait, celle qui le guidait habituellement n'étant plus à ses côtés pour le moment. Mais dame Merlin, le vice capitaine des Sept Péchés Capitaux, venait de me donner un ordre. Je me dirigeais vers elle, me trouvant alors de l'autre côté de la table, gardant toujours un œil sur la scène en cours.

- Comment avez-vous fait pour savoir que j'étais là, dame Merlin ?

- J'ai simplement lancé un sort de son pour créer un sonar, tout simplement !

Décidément, mon sort d'invisibilité n'était pas aussi absolu que je le pensais. D'abord, cet homme-chien qui avait réussi à détecter ma présence par l'odeur. Puis, maintenant, dame Merlin avec un sort simple à base de son. Du son, elle ne serait pas inspirée de nos précédents ennemis pour faire ce sort simple. Avant de me dire que je devrais moi-même m'inspirer de mes opposants et même de mes compagnons pour créer de nouvelle technique. Mais pour le moment, il fallait que j'améliore mon sort d'invisibilité. Mon odeur et ma présence physique pouvait encore être une faiblesse.

- Comment avez-vous pu faire cela à toutes ces personnes ? Demanda alors dame Arakum, me sortant alors de mon égarement.

- Des personnes, avant qu'ils ne passent entre mes mains, ce n'était que des animaux, des âmes perdues, déchirées entre leur animalité et leur humanité. Grâce à moi, ils trouvent enfin leur place parmi nous, en nous servant !

Ce discours était le même que le vicomte Meliarde. Il ne différait en rien, à croire qu'il lui avait vraiment fait avaler ses mots au plus profond de son esprit.

- Tu n'es pas Dieu, tu n'as pas à décider pour les autres, à décider pour nous, Homme-bête. Tu n'es qu'une vie parmi d'autre, un individu dans une infinité d'espèces. Tu n'es rien, ton corps retournera vers Mère-Nature, vers le Chaos.

Elle avait finalement dit, mais je n'observais aucun changement de la part de dame Merlin. Je n'étais pas très bon pour lire les visages, mais pas au point de ne rien remarquer. Il restait de marbre malgré ses mots. Cela voulait-il dire qu'elle ne savait rien ? Il faudrait que je mette cela au clair. Mais pour le moment, il nous fallait calmer la situation.

- Si Dieu existe, alors nous en sommes les plus proches représentants, les plus dignes. Nous qui avons fondé des civilisations sur des lois, nos propres règles, et non, sur celles de la nature. Règle que ma magie me permet de transcender, de manipuler à ma guise.

- Alors qu'est-ce que cela te ferait si je t'injectais ce produit dans tes veines, faux-dieu !?

- Vas-y, je t'en prie, cela ne me fera absolument rien !

Je connaissais les capacités de dame Arakum, celle de voir à travers les mensonges, grâce à son instinct. J'avais du mal à l'expliquer, mais je ne pouvais renier son existence, après tout, elle m'avait déchiffré en un seul regard.

- Tu ne sembles pas bouger, Mordred, alors que la situation l'exige, pourquoi ? Ferais-tu confiance en cette femme-bête ?

- On peut dire cela, elle peut connaître la vérité, s'il dit que ce produit ne lui fera rien et qu'il ment, elle le sera à coup sûr.

D'un seul coup l'aiguille se mit à voler en direction du cou du comte Veleadom. La pointe se planta dans la peau, sans aucune retenue. Mais le mouvement s'arrêta là.

- Vous mentez !

Un grand sourire apparu sur son visage, une chose qu'elle ne pouvait pas voir, mais dont elle pouvait certainement deviner l'existence et la signification. Le bras libre se dirigeait vers le piston, envoyant directement le contenu dans ses veines. La réaction fut tout aussi rapide, dame Arakum fut jetée en avant, alors que son bras était immobilisé par une prise.

Quand le comte Veleadom se releva, nous étions pris de violente douleur dans le corps. Cela m'empêcha d'utiliser ma magie. Tandis que mon esprit s'embrouillait par des informations qui venaient de tout mon être, certaines même bien différente de la douleur.

À côté de moi, dame Merlin se trouvait dans la même position, avant de voir son corps fondre. Une petite fille prit sa place, mais c'était bien la vice-capitaine qui se trouvait toujours à mes côtés. Son regard était toujours le même, déterminée, pourtant elle semblait si faible sous cette apparence.

- Alors même le mage le plus puissant de Britannia, Merlin, Péché du Sanglier de la Gourmandise s'agenouille devant moi, et en plus, elle me montre une apparence tellement pathétique.

- Que se passe-t-il, dame Merlin ?

- Je n'arrive pas à utiliser ma magie, c'est impossible ? S'exclamait dame Merlin.

- Impossible, ces mots ne seraient existé en ma présence, j'ai créé une nouvelle race par ma seule volonté.

- Vous.... Vous êtes réellement un monstre ! Réussis à sortir l'homme-pigeon qui ne semblait pas, pour sa part, paralysé par le pouvoir du comte, mais par sa propre peur.

Son apparence avait changé, d'un homme mince et sec, il était devenu massif, pas au point de Sir Escanor, mais cela en restait impressionnant. Ses veines parcouraient la totalement de son corps, battant au rythme de son cœur.

- Un monstre, non, absolument pas. J'ai simplement fait progresser l'espèce humaine vers une nouvelle voie. Un chemin où la nature devra se plier à notre volonté. Tout comme je plie vos corps à la mienne.

Si moi et dame Merlin étions paralysés par ce mal étrange, nous ne pouvions compter que sur la femme-bête, espérant que sa force soit suffisante pour vaincre un tel monstre.

- Mais de quoi vous parlez, Veleadom ? Demanda alors dame Merlin, voyant un vent de panique dans les yeux.

- Normalement, ma magie est lente, il faut une grande précision pour faire les changements voulus. Et surtout, elle ne peut théoriquement pas être utilisée au combat. Mais avec les modifications que j'ai apportées à mon propre corps, ce problème n'existe plus, je provoque des mutations dans les êtres vivants qui se trouvent près de moi. Enfin, plutôt des tumeurs qui n'ont pas pour but d'être viable !!! Ha, ha, ha. Il se mit à rire, le même que celui d'un homme dérangé.

Une ombre se leva, c'était le vicomte Meliarde, comment faisait-il cela ! Alors que moi et dame Merlin étions à terre, sans pouvoir rien faire. À moins qu'il puisse orienter son pouvoir sur les individus qu'il souhaite.

- Juste magnifique, comte Veleadom, vous êtes ma plus belle création ! Dis alors le vicomte Meliarde.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant