Le Péché de la Vaine Gloire 57

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La femme-bête d'au-delà les mers, Dame Arakum venait de mettre à terre deux mages qui avaient non seulement amélioré leur corps, mais aussi amplifié leur magie grâce à un procédé des plus étranges. Il ne lui avait fallu que quelque seconde pour les mettre à terre, alors que moi et Dame Merlin, nous nous étions retrouvés incapables de nous battre à cause de l'effet pervers de la magie du Comte.

Je pouvais enfin me relever, même si mon corps ne semblait plus être tout à fait le même. Les douleurs, ainsi que les autres étranges sensations, commençaient à disparaître, de même que le mal de crâne que m'avait provoqué l'intrusion du Vicomte dans mon esprit. Lorsque mon regard se porta sur Dame Merlin, elle était déjà debout, ayant repris l'apparence que je lui avais toujours connue. Que pouvait être cette forme qu'elle avait dévoilée dans ce moment de faiblesse.

Mais je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit. La tension dans la pièce était palpable, les deux femmes se faisaient face, les yeux dans les yeux, m'ignorant moi ainsi que Tweeter. Le regard de ce dernier ne pouvait se détacher de Dame Arakum, alors même que le sang du Comte Veleador le recouvrait quasi entièrement. Le haut de son corps se retrouvait confondu avec le mur qui se trouvait derrière lui, recouvert de la même substance.

Dame Merlin ne lâchait pas du regard cette étrangère, Dame Arakum en faisait de même. Mais je connaissais l'aversion des Homme-bêtes pour les mages et il se trouvait que le Péché de la Gourmandise était la mage la plus puissante de Britannia. De même, Dame Arakum était certaine qu'elle possédait des connaissances sur cette entité plus ancienne que les dieux, celle qui portait le nom de chaos. Même si elle possédait un style de combat particulier et efficace, elle ne devait certainement pas représenter un danger pour Dame Merlin.

D'un seul coup, je vis la tête de Dame Merlin se tournait. Ce moment me parut passer avec une extrême lenteur. Dans ma tête, c'était un torrent de pensée qui fit son apparition. Allait-elle me remercier d'avoir ramené un allié, ou bien me sermonner d'avoir permis à un ennemi de pénétrer aussi profondément derrière nos lignes ? Allait-elle me féliciter pour la réussite de ma mission, ou bien, m'annoncer que je venais de créer des problèmes supplémentaires ?

- Mordred, tu ramènes une inconnue et en plus tu permets aux mensonges de se révéler !

Je restais sans voix, je ne savais pas si c'était des félicitations ou des reproches, je restais figer devant elle, raide comme un pic.

- Tu attends quoi pour me présenter nos nouveaux amis. À moins que ce soient mes remerciements qui te bloquent de la sorte. Je ne t'en ferais plus à l'avenir.

- Oh oui excusez-moi, c'est juste que je n'étais pas sûr de votre réaction. Elle me regarda, la tête baissée en arrière, son regard me transperçant. Je vous présente Dame Arakum, qui porte le titre d'Alpha Ambassadeur, et Tweeter du clan des Pigeons, Alpha de la Communication.

- Je suis ravie de vous rencontrer, chacun de vous. Je suis... .

- Merlin, le Péché du Sanglier de la Gourmandise. J'ai la profonde croyance que nous pourrons éviter une guerre totale entre nos peuples.

Un silence s'imposa, les deux femmes se regardaient dans les yeux. La scène semblait figer avant que Dame Merlin ne tourna à nouveau son regard vers moi.

- Tu sais quoi, Mordred ? Je l'aime bien ! Bon, maintenant, il est temps que tu me fasses ton rapport, et nous pourrons ensuite discuter de la manière de procéder vis-à-vis de ce problème, ainsi que de cette guerre qui nous attend lorsque nous serons auprès de Meliodas.

Je lui fis donc un compte rendu, aussi sommaire au possible, lui parlant des horreurs qui se passait dans les sous-sols, les cadavres et la vérité totale sur les Homme-animaux. Les deux lignées qu'ils avaient créées, les supplices physiques et mentales qui leur faisaient subir. Puis ma rencontre avec Dame Arakum et Tweeter. Mais je passais certains moments, non seulement par manque de temps, mais aussi parce que je ne voulais pas que certaines informations n'arrivent à certaines oreilles.

- Voilà mon rapport, le plus succinct possible !

- Bien, cela m'éclaire de la situation d'un jour nouveau.

- Par contre, Dame Merlin avant de voir ce que nous allons faire, il y a certaines questions qui me travaillent ?

- Lesquelles, Mordred ?

- Il concerne notre dernier combat, des points me semble étrange. Elle me fit un signe de la tête, mais son regard indiqué que certain sujet était interdit. Je trouve étrange que le Comte Veleador est perdu son intellect après l'injection de la substance. Alors que le Vicomte Meliarde n'a pas semblé en pâtir. Je trouve cela très étrange !

- Je pense que c'est à cause de ce Meliarde. Ce n'était pas le Vice-commandant des Péchés Capitaux, Dame Merlin qui me répondait, mais la femme-bête, Dame Arakum. Il a lui-même dit qu'il avait modifié sa personnalité. Ces changements devaient pouvoir tenir sous sa forme naturelle. Mais au moment du changement de son corps, la différence entre ce qu'il était intérieurement ne correspondait plus à ce qu'il était extérieurement, la différence entre les deux étaient trop éloignées. Si vous rajoutez à cela les modifications de personnalité, autrement dit le bricolage d'un fou, alors son esprit s'est brisée.

- Et comment pouvez-vous être aussi certaine de vos dires, chère Arakum ? Demanda alors Dame Merlin.

- Parce que c'est ce qu'on apprend dès l'enfance. Répondit alors Tweeter, son regard baissé à terre. On nous apprend dès l'enfance à ne pas voir nos deux formes comme deux entités différentes, mais qu'au contraire, nos deux formes sont complémentaires. Certain d'entre nous n'arrivent pas à contrôler cette forme animale, se laissant prendre par leur instinct primaire. Pour certain, et tout particulièrement les prédateurs, ils n'arrivent pas à la maîtriser et en ont peur, restant alors sous la forme humaine. Il existe aussi les cas inverses, où certain plongent totalement dans leur animalité, perdant une partie de leur capacité de raisonnement.

- Alors, je suppose que le Comte Veleador a subi un processus similaire. Bien, pendant que nous parlions nous sommes arrivés devant la porte de trône de Berffaith Dinas. Pour le moment, laissez-moi parler.

Les portes s'ouvrirent, tous les regards se portèrent sur nous, enfin plutôt sur les deux personnes qui nous accompagnaient. Les nobles étaient dans l'incompréhension, tandis que les homme-animaux semblaient avoir compris ce qu'ils étaient.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant