Nous courions dans la forêt parcourant les ténèbres d'une nuit sans lune. Chaque arbre était un obstacle qui se dressait devant nous, fuyant une menace que mes yeux ne pouvaient percevoir. Mais les cris au loin me disaient que cela n'était pas le fruit de mon imagination. À chaque fois que nous tentions de nous cacher, il revenait encore et encore, nous débusquant de notre buisson, de notre branche d'arbre. La respiration devenait difficile, courir sans se retourner, prenant nos jambes à nos cous.
Les cris résonnaient, un écho qui venait dans tous les sens, pour arriver à nous. Mes pouvoirs n'avaient pas d'effet sur un ennemi que je ne pouvais pas percevoir. Et la découverte de la nature de mon compagnon n'arrangeait pas la terreur et le stress qui s'insinuaient dans mon esprit. Il fallait continuer d'avancer, malgré que la pensée de ne pas pouvoir en échapper continuait de me marteler, cette voix geignarde me disant que tout était fini.
Courir, courir, encore et toujours pour tenter de passer cette nuit. Je n'avais pas le temps de penser aux autres à ce moment précis, de penser à ce qui se passerait après, seul le moment présent comptait. Il fallait passer cette nuit, cela faisait des heures qui nous courions sans aucun repère, sans aucune étoile dans le ciel. À plusieurs reprises, la faible voix me disait que nous tournions en rond. C'était l'ennemi qui nous menait où il voulait, nous partions dans la direction opposée dès qu'il refaisait surface.
Le manque d'oxygène commençait à me faire souffrir, chacun de mes muscles était contracté. Moi qui étais dans la force de l'âge avec un bon entraînement, je commençais à arriver à bout. La faim se faisait aussi de plus en plus présente, le ventre gargouillait et l'esprit s'égarait. J'avais perdu toute notion de temps depuis longtemps, combien de temps nous avions dormi, aucune idée ! Combien de temps nous courrions, aucune idée ! Encore combien de temps nous devions attendre le levé du jour, absolument aucune idée !
Pour moi qui avais l'habitude d'agir dans les ténèbres, je me retrouvais être celui qui était traqué, qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Alors que les ténèbres étaient mon allié, elles étaient maintenant mon ennemi. Mais pour la personne qui m'accompagnait, cela semblait toujours être le cas, la nuit était sa faiblesse, son ennemi juré, son talent d'Achille. Ainsi, je me retrouvais à être celui qui se posait des questions sur ce qu'il se passait autour de moi. Ainsi, j'étais celui qui demandait si j'allais m'en sortir.
- Je suis désolé, jeune Mordred, mais il faut que je me repose, j'en peux plus !
- Nous n'avons pas le temps, ils peuvent revenir à n'importe quel moment !
Le corps tout maigre de la personne faisait pâle figure à côté de l'arbre sur lequel il se reposait. Même une jeune branche aurait semblé plus vigoureuse que cet homme. Son souffle, un va-et-vient d'air faisait un boucan, appelant l'ennemi à nous tomber dessus. Je le pris par le bras, tenter de le remettre en marche. Ses jambes n'arrivaient plus à se coordonner dans la danse qui pourtant leur est si naturel pendant toute la vie.
- Je ne suis qu'un poids pour toi.
- Allons, ne dit pas cela, nous allons nous en sortir. Nous devons juste attendre que le soleil se lève et ils n'auront plus la possibilité de nous faire peur.
- Ah, mon cher ami, toi qui m'éclaires de tes rayons chaque jour, toi qui me donnes la force de me battre, où te trouves-tu quand j'ai besoin de toi !
Cette prière, cette complainte, était-ce vraiment le temps de la faire ? Surtout que la réponse en était totalement logique, d'une logique naturelle que le temps pouvait expliquer. J'y avais pensé, mais mon pouvoir avait beau être le contrôle du temps, je ne pouvais pas aller aussi loin. Même dans mes sorts interdits, il n'y avait rien qui pouvait m'aider. Il fallait passer cette nuit, sans l'aide de l'astre solaire, attendant que le temps passe.
Il fallait continuer à avancer, malgré le poids que je devais me trimballer. Je ne pourrais pas expliquer aux autres et tout particulièrement au capitaine Meliodas comment il avait pu périr. Je ne pourrais jamais feindre de ne rien savoir sur sa mort devant dame Merlin. Même moi, je ne pourrais avoir de regret devant les pleurs de dame Diane.
Mais surtout comment je pourrais encore penser être encore un membre des Péchés Capitaux s'il disparaissait. Je ne pourrais pas aller contre les lois qui régissaient notre groupe. Si je le faisais, ce ne serait pas une, mais deux lois que je transgresserais. Il y avait sept que le capitaine m'avait nommé les unes après les autres. Bien sur, en grand fan des Sept Péchés Capitaux, je les connaissais depuis longtemps !
La quatrième loi énonçait que "lorsqu'un camarade Péché est en danger, tous les Péchés réuniront toutes leurs forces pour l'aider." Dans ce cas, j'étais le seul présent avec lui, si les autres se trouvaient dans le même pétrin. Alors ils nous seraient difficiles de nous rassembler, alors il ne fallait pas que je le quitte.
La loi numéro sept, "assurez-vous de rester ensemble et de travailler en équipe a tout moment." Dans ce cas, je respectais la première partie, mais mon partenaire ne semblait pas pouvoir honorer la seconde partie. En tout cas pas dans les conditions actuelles.
Pour le moment, j'étais seul avec lui, je me devais de le soutenir et de l'aider, même si pour le moment, cela était dans un sens unique. Les attaques surprises de ces êtres de la nuit, nous faisait changer de chemin. Clairement, il jouait avec nous, après tout, notre vitesse de déplacement avait beaucoup réduite. C'était certainement un prédateur qui aimait s'amuser avec sa proie. Il nous laissait en vie, nous laissant aucun moment pour relâcher notre vigilance.
Le chevalier honteux sur mon épaule réagissait à chacun des bruits qu'il entendait, me forçant à me stopper. Finalement, ces détours imprévus nous menèrent devant l'entrée d'une grotte. Était-ce l'intention de l'ennemi, où bien la chance qui nous présentait ce lieu ? Était-ce la mort qui nous y attendait, où bien une chance de passer la nuit ? De toute façon, mon compagnon de route n'avait plus la force d'avancer, et moi, celui de le porter, malgré qu'il n'avait que la peau sur les os.
Nous nous cachâmes dans un coin de la grotte, à l'abri des regards, même si je guettais la venue d'un ennemi ou d'un allié. Même si je pensais que cela ne changerait rien, il arrivait à nous trouvais durant cette nuit sans le moindre astre.
- Reposez-vous, monsieur Escanor, le soleil va bientôt se lever.
Pour qui était le mensonge, pour lui, pour moi, pour nous deux ?
VOUS LISEZ
Nanatsu no Taizai : The Forgotten Sin
FanfictionDécouvrez l'histoire de Mordred, le péché du Lièvre de la Vaine Gloire, aussi connu, ou plutôt inconnu, comme le huitième péché, ou encore le péché oublié. Après les évènements avec les Vampires de Edimbourg, les Péchés Capitaux doivent à nouveau se...