Nanatsu no Taizai : The Forgotten Sin

Le conte des Trois Cervidés : Gris

 Celui qui naquit revêtu d'un pelage gris comme un ciel nuageux fut nommé llwybr, signifiant le chemin dans la langue de son clan. Parmi les trois, il était le plus normal. Celui qui s'était fondu dans la masse. Celui sur lequel tout le monde pouvait compter. Celui que les autres enfants voulaient avoir comme ami.

llwybr avait un lien fort avec ses frères, mais ils n'étaient pas son monde, il considérait tous ceux de son clan comme sa famille. Lui qui n'hésitait pas à venir en aider à un ami, lui qui écoutait les problèmes des autres, lui qui offrait une épaule réconfortante.

Sa place dans la communauté, il la trouva naturellement. Il faisait ses tâches comme tous les autres enfants, il ne rechignait jamais devant l'effort. Suivre les règles que les adultes lui avaient inculquées était une chose naturelle pour lui. À ses yeux, nulle personne ne pouvait vivre dans une communauté sans règles. Cela était la chose la plus importante pour le jeune esprit.

Pourtant la honte avait mûri dans son cœur. L'un était exclu de sa famille, de son clan. Mais lui reconnaissait les efforts qu'il faisait. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de cacher sa compassion lorsqu'il écoutait, lorsqu'il lui confiait ses secrets. Malgré son savoir, il ne pouvait rien faire, ou plutôt, il ne voulait rien faire. Que se passerait-il pour lui s'il venait en aide ce frère que tous haïssaient.

Alors, il se demandait comment il pourrait l'aider. La solution se portait sur son autre frère, celui qui était le centre de tout. L'aiderait-il dans sa quête, son cœur en douter fortement !

Ainsi, malgré tous ses efforts, il ne fut jamais le pont entre celui qui était à la lumière, et celui qui était dans l'ombre. Mais l'espoir revint lors de son huitième automne, lorsque sa propre magie s'exprima. Alors celui qui était dans la lumière le reconnut davantage, et ensemble, il pouvait soutenir celui qui était encore perdu dans les ténèbres.

Le jour de l'expression de sa magie, il ne comprit pas ce qui se passa. Il aida simplement un vieil homme à l'apparence de renard à porter ses lourdes charges. Lui qui avec le corps d'un herbivore se mit à avoir l'instinct d'un carnivore. Il pouvait entendre plus loin, sentir avec une plus grande intensité. Mais son désir de chair était fort, une expérience qui lui était totalement inconnue.

Heureusement, aucune victime ne fut pris dans sa faim. Son cœur battait à se rompre, la peur l'assaillit, mais la sagesse de son frère au pelage blanc lui venu en aide. Lui expliquant ce qui en était réellement. Ce qu'ils étaient réellement, ce qu'il devrait faire pour leur clan, pour tout le Clan des Homme-bêtes.

Malgré le destin fabuleux qui lui dessinait son frère, là n'était pas son rêve. Il souhaitait vivre parmi les siens, aider son peuple, et fonder sa propre famille. Ainsi, il ne cultiva jamais son pouvoir, même si cela lui permit de se rapprocher de ses frères, de faire le pont entre l'ombre et la lumière.

Le temps passa, il rencontra l'amour et s'unit à elle. Sa vie était normale, alors que celui dans la lumière resplendissait, guidant son peuple. Alors que celui dans les ténèbres s'y enfonçait, protégeant son peuple. Lui ne faisait que respecter les règles. Même si sa grande taille en faisait aussi un guide, que sa connaissance des lois et des règles en faisait un chemin vers l'ordre et la vie en groupe.

Le temps passait, lui qui ne souhaitait que le bonheur de sa famille, de ses deux enfants, ne pouvait plus fermer les yeux face au fanatisme de l'un et aux horreurs de l'autre. Les deux qui s'aimaient guère par le passé semblaient agir de concert pour retirer tout ce qui faisait du clan des Cerfs les gardiens de la paix.

Leurs pouvoirs et leur emprise sur le clan ne faisaient que prendre plus d'ampleur, plus d'horreur. S'il voulait protéger sa famille, protéger les règles qui assuraient leur bonheur, il se devait de s'opposer à l'ombre et à la lumière.

Pour s'opposer à eux, il se devait d'être gris, d'être un homme de conviction qui devait franchir la ligne pour protéger. Mais cela le prit le jour où son cœur résidait prit feu, qu'il ne resta que des cendres des souvenirs passés.

Ceux qui furent désignés de cette monstruosité était les Hommes. Cela faisait des mois qu'ils les attaquaient. Il pensait que la discussion était possible avec eux, que la parole et la raison que leur deux Clans étaient pourvus pouvait leur permettre cette voie. Tout cela pris fin le jour où ses plus précieux trésors disparurent.

llwybr ne pouvait plus ignorer le fléau qu'était les Hommes, il se devait d'agir pour empêcher que d'autres familles vivent la même chose. Que d'autres familles sombrent dans le désespoir et le ressentiment. Il se devait être un guide pour ceux qui agissaient par haine, par désespoir. Il avait la légitimité, l'un des trois Cervidés, pour graver des mots dans le cœur de chaque bête blessé. Pour contrer la peur et le fanatisme, il se devait être une voie juste.

Pour pouvoir agir, il se devait d'être comme ses frères, inaccessible, froid, insensible. Il était l'un des trois Cervidés, l'un des trois Alphas de l'Obéissance, piliers de la nation des Homme-bêtes.

Face au Grand Alpha, face au sourire que son propre frère affichait, face aux mots que prononçait Echidna, la mère du Chef Suprême, le doute s'insinua dans son cœur. Sa chair et son sang avait-il vraiment péri par la volonté des Hommes ?

Face aux désespoirs que ressentaient les exclus, les Faubêtes, pas totalement des homme-bêtes, pas totalement des hommes, il les prit sous son aile. Eux qui étaient l'expression de la douleur que leur environnement ressentait. Il leur donnerait un but, il leur permit d'être respecté, sans les considérer comme simplement des pions à déplacer.