Le Péché Oublié 16

9 1 1
                                    

 Nous étions en chemin vers le dernier des représentants de l'Obéissance, celui de la Loi. Nous avions déjà rencontré et vaincu celui de la Peur et de la Foi. Le premier nous avait finalement inspiré de la pitié et de la peine, tandis que second, ce ne fut que du mépris et de la colère.

Aucun de nous ne parlait, nous nous suivions tandis que le brouillard se dissipait légèrement pour nous permettre de voir l'horizon.

Je n'aimais pas particulièrement ces moments, ils étaient sujets à de l'introspection. Je me demandais si j'aurais réagi ainsi avant ? M'aurais-je énervé de cette manière face à cette injustice, ou bien, est-ce que cela se trouvait quelque part, enfuit en moi ?

Je ne pouvais m'empêcher de penser que maintenant je voyais le monde d'une autre façon. Ma première expérience entant que chevalier mage était l'assassinat et le renseignement. Une mission m'était attribuée, je me devais de la remplir. Il n'y avait pas de cœur là-dedans. Si on me disait de tuer, alors je le faisais, pour le bien de notre pays, car il en avait été décidé ainsi. Si on demandait de torturer, alors je le faisais, pour sauver d'autres vies.

Avant, je ne remettais pas en cause les ordres ou les décisions de mes supérieurs, tout ce que je voulais, c'était être félicité, être reconnu comme le meilleur. Mais finalement, je n'ai jamais été en face d'un choix cornélien. Jamais, il m'a été demandé d'assassiner un enfant. Jamais, il m'a été demandé de torturer une personne qui semblait totalement innocente. Jamais, il m'a été demandé de traquer un couple de vieilles personnes.

Est-ce qu'à ces moments-là, je me serais révolté ? Est-ce qu'à ces moments-là, m'aurais-je opposé frontalement à mon supérieur ?

Ou bien, aurais-je fait semblant de réaliser la mission ! Laisser vivre ma cible avec le risque de me faire découvrir ? Dans le seul but, que pendant un instant, je sois félicité, sur un mensonge ! Un mensonge qui pourrait tout me prendre !

Ces quelques jours avec les Péchés Capitaux, mes héros, me donnait l'impression de plusieurs semaines, non, plutôt des mois. C'étaient maintenant des précieux souvenirs, y compris la cuisine infâme du capitaine ! Et je comptais bien m'en faire bien d'autres ensuite !

Étrangement, la sensation de ne plus être exactement le même entre le début de ce voyage et maintenant m'apparaissait comme une évidence. Mais en même temps, qu'est-ce qui avait exactement changé en moi ?

Et à la fin de mon voyage, dès que nous aurons vaincu le chef des Homme-bêtes, aurais-je enfin découvert quel était mon Péché ?

J'avais déjà écarté une solution, être l'annonciateur du Chaos ! Les dires de la femme-bête, dame Arakum n'avait pas de sens pour moi, ou plutôt, je n'y portais plus attention. Dame Merlin m'avait certifié ne pas connaître une telle entité, elle qui était la plus grande mage de tout Britannia. Alors comment je pourrais en être l'annonciateur ?

Il fallait que je continue à chercher ! Je possédais un Péché, c'était la condition pour entrer dans l'ordre dirigé par le capitaine Meliodas et secondé par dame Merlin. Je me demandais quels pouvaient être les leurs ? Si je les connaissais alors, peut-être, que je pourrais mettre un souvenir sur le mien, nommé enfin ce Péché !

Avant d'être un péché capital, j'étais un assassin auquel une cible était désignée, jamais je n'ai pris une vie en dehors d'un ordre. Jamais, je ne prenais de plaisir à les tuer, ni même à les torturer. Ce que je voulais, moi, c'était bien faire mon travail, rien de plus, même si parfois je devais aller assez loin dans la souffrance pour obtenir les réponses que je désirais. Sans quoi, je ne pourrais être félicité, sans quoi, je ne pourrais pas être reconnu !

Mais la réponse ne venait certainement pas de ce côté-là, alors je continuais à chercher, je continuais à penser !

Mes rencontres avec les Homme-bêtes revenaient les unes derrières les autres. Le premier Alpha me revint à l'esprit, Star Ground. Puis celui contre the Last Shadow. Chacun avait raconté son histoire, mais les deux cas, les Hommes étaient responsables de leur malheur. Dire que les Hommes étaient mauvais, cela n'avait rien d'une surprise pour moi, bien au contraire, cela était une évidence à mes yeux. Mais tous ne cédaient à leurs désirs, ne se résignaient à devenir un monstre pour survivre. En cela, nos deux clans se ressemblaient. Les actions d'une minorité brutale, égoïstes se répercutant sur une majorité qui n'inspirait qu'à vivre sans nuire à autrui.

À ma grande déception, ainsi que ma grande surprise, je n'avais pas pu entendre les histoires des autres Alphas que nous avions rencontrés. Il était vrai que nous n'avions pas pu les vaincre, que nous n'avions pas pu inverser les rôles. Ainsi, nous n'avions pas pu obtenir davantage d'information, ou du moins pas de leur part.

Je remontais ainsi le fil de mes combats. Celui contre KnowBlood qui me permit d'être reconnu par sir Escanor lui-même. Celui contre Holy Mother, même si dans ce cas, il n'était pas du même genre. Puis ceux contre HealSea et Brexit, ce fut au moment de me remémorer ces instants, qu'un en particulier me revint à l'esprit.

Cette étrange expérience de mourir lentement, tandis que je m'enfonçais toujours plus dans les profondeurs, qu'un souvenir remonta à la surface.

Ce n'était pas un moment joyeux, c'était au contraire une expérience douloureuse. Risquer de perdre l'amour de mes parents, à cause de celle qui était leur préférée, simplement parce qu'elle était mignonne, considérait comme parfaite, simplement, car elle apportait, soi-disant, un peu de bonne-humeur. Alors que moi, j'avais de quoi les rendre fiers, véritablement fier. Pourtant, tout cela aurait pu totalement changer, comme elle avait refusé de m'obéir, parce qu'elle se croyait au-dessus de tout, elle était tombée en risquant d'y perdre la vie. Ce moment où il m'avait fallu la sauver de sa propre bêtise, de son propre égo qui ne pouvait se justifier.

À partir de ce jour, elle ne fut pas plus la même. Elle n'était plus la lumière de notre famille, je pouvais reprendre la place qui me revenait de droit. Et malgré le temps qui passait, elle ne changeait pas, physiquement, elle grandissait, mais mentalement, elle semblait rester la même, immuable dans le temps.

Comment cela pouvait être mon Péché, je n'y étais pour rien, c'était sa faute, pas la mienne !

Mais mes pensées durent se stopper.

- Mon maître vous attendez, Péchés Capitaux, veuillez me suivre. Dit un homme cachait sous une cape qui le recouvrait entièrement.

Nanatsu no Taizai : The Forgotten SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant