Chapitre 1

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Ce jour là comme tous les matins, je me suis levée avant l'aube afin de me rendre à la mosquée avec mon frère pour accomplir la première prière de la journée. Je me suis donc vêtue d'une burqa noire qui me couvre entièrement et je marchais à rythme soutenu derrière Saeed dans la rue. À cette heure là, la plupart était encore au lit, sauf les 2% d'hommes qui s'attelaient à la prière et donc il faisait de son mieux pour marcher sans parler afin de ne pas déranger le sommeil du voisinage bien qu'il a une vision différente des choses.

- as - salâtu khayrun min an - nawm.
( la prière est mieux que le sommeil me dit - il toujours )

Mon frère a une personnalité très calme. C'est un homme assez silencieux et très croyant qui ne se soucie que de ce qui relève de sa responsabilité. En dehors de cela, il ne se mêle jamais des histoires qui ne le concerne pas et il est toujours de bon conseil quand une personne vient le consulter. Pour cette raison il suscite l'admiration et le respect de la part de tous dans le quartier. La plupart reste convaincu de sa noblesse et de son sens des responsabilités mais pour ma part je sais que son comportement s'est forgé avec les traumatisme et les marques du passé. Son calme et son silence sont loin d'être anodin mais plutôt une façon de dire au monde que l'on pardonne mais qu'on oublie jamais.

Toujours au cours de notre marche vers la mosquée, il a pris l'habitude de se retourner à plusieurs reprises vers moi pour s'assurer que je suis toujours derrière lui. Parfois il lui arrive même de ralentir pour aller à mon rythme car il sait que je ne suis pas habitué à marcher aussi rapidement que lui. J'arrive ainsi à le suivre tranquillement en prenant mon temps.

Le secteur de notre zone de résidence comprends deux quartiers voisines et la mosquée se trouve à l'autre bout de celui - ci. Nous habitons le quartier Est avec un voisinage très calme et agréable mais c'est sans compter sur les habitants du quartier Ouest qui sont tout le contraire. Des personnes de nationalité différentes, les immigrés clandestins, les dealers, les voyous et tous les petits gangs immatures s'y sont regroupés. Au cours de la nuit, il nous arrive même parfois d'entendre des coups de feu au loin à la suite de clashs entre jeunes ou d'assauts organisés par la police pour traquer les voyous pour troubles à l'ordre public. On n'y assiste à du tout dans cette partie du quartier, ce que mon frère répugne par dessus tout.

Ainsi, pour nous rendre à la mosquée, au lieu de prendre ce raccourci, il me fais faire toujours le grand tour en passant par la grande voie publique pour éviter ne serait - ce que de passer devant ce lieu qu'il considère comme trop dangereux pour moi et tout adolescent fille comme garçon. Il m'a toujours fermement interdit d'y aller toute seule quand il n'est pas avec moi ou lorsque je ne suis pas raccompagnée par Sultan ( voisin / 27 ans ) et m'ordonnais de faire la prière à la maison dans ce cas. De plus, tous les jours il m'escortais lui même jusqu'à l'entrée de l'établissement où je prenais mes cours et s'arrangeais pour revenir me chercher pile à la descente. Il faisait de même toutes les fois où je devais me rendre à l'association ou quelque part. Il n'était pas pour le fait que je traînes seule dehors et ne se gênais pas pour me le faire savoir.

Pour être tout à fait honnête, je n'aime pas forcément cette surprotection que je trouve parfois exagéré mais j'ai toujours respecté ses ordres et je me suis toujours arrangé pour faire ce qu'il me disais sans me poser de questions.

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Ainsi une fois arrivé au loin, il se retourne vers moi comme tous les jours pour m'adresser quelques mots en pointant le quartier du doigt :

( nous conversons par le langage des signes )




- Saeed : tu vois ce quartier au loin ? Je ne veux jamais t'y voir en ces lieux ni entendre que tu as mis les pieds là bas.





Muette comme une tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant