Chapitre 103

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Il était quasiment l'aube et les premières lueurs du jour commençaient à apparaître au moment où nous étions rentrés

Je vais me rafraîchir ensuite pour la prière de fajr tandis qu'il se refusais toujours à la quitter une seule seconde des yeux. Plusieurs heures passent et le soleil finit par se lever, puis sentant dans son regard qu'il était quelque épuisé, je me rapproche calmement de lui pour essayer de lui prêter main forte.

(Il me recale aussi par un geste du doigt qui a eu pour effet de me briser davantage le cœur)

Je comprends donc le sens de son silence et n'insiste pas.

.....................

Quatre jours passent ainsi dans ce silence de mort pendant lequels elle était toujours dans ses bras jours et nuits se refusant toujours à la quitter des yeux.

Autant vous dire que cette situation me désespérais davantage et étant au bout du gouffre je n'ai eu d'autre choix que de m'adresser directement à lui pour tenter une fois de plus de le raisonner sans succès.

(il se refusais toujours à me la donner pour que je puisse l'aider)


- Moi : je t'en prie...

(signes)


- Moi : tu es plus que épuisé alors laisse moi t'aider s'il te plait

(signes)


- Moi : en plus cela va faire cinq jours qu'elle est dans tes bras jours et nuits ; tu devrai penser un peu à moi aussi qui suit sa mère

(signes)

- Moi : j'ai besoin autant que toi de la tenir dans mes bras ne serait - ce que pour un instant.

(signes)


- Essam : t'ais - je dis que je suis fatigué ?

(sur un ton nerveux)


- Moi : non mais tu pourrai au moins me laisser la prendre le temps que tu puisses te rafraîchir et faire tes prières.

(signes)


- Moi : cela fait quatre jours que tu delaisse dieu pour une vie ou une mort qui plus est, entre ses mains

(signes)



- Essam : ...... ......




- Moi : s'il te plaît ....

(signes)



- Essam : ...... ......

A cet instant et seulement à ce moment, son coeur s'apaise à mon égard et il prend conscience de la pire erreur qu'il a pu commettre : tourner le dos au seul qui détient son âme et qui peut la guérir.

Instantanément une larme chaude lui échappe de l'œil.

Je me rapproche dès lors doucement pour ne pas le brusquer dans ses sentiments.


- Moi : puis - je la prendre à présent ?

(signes)



- Essam : ...... ......

(il ne répond pas)

Devant son silence je me risque quand même à me rapprocher davantage pour la prendre délicatement de ses bras sans qu'il ne s'y oppose. Je me rasseye ensuite à quelques mètres pour la nourrir au sein car elle n'avait pas têté depuis quatre jours (sinon le biberon).

Sans compter que j'en avais besoin aussi pour calmer quelques peu ma douleur atroce aux seins qui débordaient de lait sans enfant pour têter.

(ainsi j'ai pu enfin sentir un petit soulagement pendant qu'elle buvait généreusement).

Dans ce silence, il m'adresse donc quelques mots qui ont fait écho dans la pièce.


- Essam : je suis désolé ...

(signes)


- Moi : je crains de ne pas te comprendre.

(signes)


- Essam : .... pour t'avoir privé de ce lien intime pendant ces quatres jours.

(signes)


- Moi : ...... .......

(grand silence)

Ainsi je baisse les yeux sur le bébé dans mes bras.


- Moi : ce n'est pas grave puisqu'elle peut têter à présent. Je n'ai pas très mal ...

(signes)


- Essam : tu le dis pour me tromper ou pour me faire me sentir moins mal ?

(signes)



- Moi : ...... .....

(je refuse de répondre à cette question car le mensonge est proscrit par Allah)


- Essam : ....... ......

(devant mon silence, il se rapproche dès lors à son tour au plus près de moi afin de pouvoir relever mon regard pour me fixer droit dans les yeux)


- Essam : tu ne sais pas mentir hagar !

(signes)


- Moi : et je ne mens pas. Je vais bien et je te pardonne.

(signes)


- Essam : ...... ......

(il ne dit plus rien dès lors puis se rapproche plus intimement pour m'embrasser sur le front au bout de quelques minutes)


- Essam : comment fais - tu dis moi ...

(signes)


- Moi : comment je fais quoi ?

(signes)



- Essam : tu la ressens partir dans tes bras mais tu arrives quand même à avoir le courage de continuer de lui donner le sein ...

(signes)


- Moi : la réponse que tu attends de moi se trouve dans ta question.

(signes)


- Moi : j'ai le courage de ne pas abandonner Allah comme tu le fais.

(signes)


- Moi : je ne sais pas ce qui va se passer mais je me confie à lui ; qu'il décide de me laisser voir cette enfant grandir ou de la reprendre auprès de lui.

(signes)


- Moi : c'est cela la base du Tawakkul. Alors crains Allah.

(signes)


- Moi : crains le je te dis ! et cesse de lui montrer que tu aimes cette enfant plus que lui parce que son âme tout autant que le tien et le mien se trouvent entre ses mains.

(signes)

- Moi : il peux donc me prendre bien avant cette enfant pour laquelle tu le délaisse et alors tu aura encore plus à pleurer car tu n'es pas reconnaissant envers lui !

(signes)


- Essam : soubhan'allah....

(signes)


- Essam : soubhan'allah !

(une seconde fois)

Il verse alors des larmes en apprenant énormément de cette leçon que je venais de lui donner avant de se lever en vitesse pour courir très vite à la prière.

À la suite de cette réaction, je cesse donc de prêter attention à lui pour me concentrer davantage sur l'enfant sur mes genoux.

Pendant ce temps, elle continue dès lors de têter calmement dans le plus complet des silence. Puis au bout d'une demie heure, je la laisse sur le lit alors qu'elle jouait tranquillement pour aller m'occuper de mes tâches ménagères.

Muette comme une tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant