67- On est toujours mieux chez soi.

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Le silence emplissait le cœur de Mamadou. Étrangement, il ne s'en voulait pas de l'avoir embrassée en public. Il regrettait seulement la distance créée.

Mamadou avait appelé son père, à la seconde où ils avaient garé. De l'autre côté, le travail avait commencé. Tout le monde priait pour que tout se déroule à merveille.

Bineta affala son postérieur dans le lit. Il portait encore les marques du regard fixe de son beau-père. La dame retira ses spartiates et le chouchou qui ornait sa queue de cheval se retrouva à son poignet. Elle se caressa le dos du cou en le faisant tournoyer sur lui-même.

Mamadou n'était pas indifférent à ce spectacle qui pourtant n'avait aucune arrière pensée. Il retira sa chemise tachée. Elle le vit se diriger vers la sortie, l'habit sale à la main. Il partait pour la buanderie, ce vêtement ne pouvait pas traîner dans le panier à linge sale. Mais sur son trajet, elle lui arracha le vêtement de la main et le posa sur ses propres cuisses. Point de mot cependant. Il expira un rire et remua de la tête.

- Je vais prendre un bain, la prévint-il.

Et comme il ne s'attendait à aucune réponse, il se fraya aussitôt un chemin dans la salle de bains. Bineta se perdit dans le creux de son dos. Une moue enfantine déplia ses lèvres et enfonça ses sourcils. Elle avait beau battre froid, son corps n'était pas du même avis qu'elle. Son mari avait du charme, c'était sûr.

Comme à son habitude, Mamadou libéra la douche en moins de trente minutes. Bineta avait bougé. Elle était partie récupérer la chemise de son mari dans la machine à laver.

La serviette de Mamadou lui venait jusqu'au nombril.

Bineta entra et la porte bruissa.

- Tu l'as mise! S'émerveilla-t-il.

Elle ne répondit pas, se tortilla jusqu'à la poitrine de Mamadou et accrocha la chemise propre à sa tête. Il la retira et la balança sur le siège de la commode.

Il s'était une fois juré qu'il la lui mettrait. Cette chemise de Mamadou qui se perdait entre le rose et l'orange pâles. C'était un fantasme que Bineta venait de réaliser, même si elle n'en comprenait pas le sens. Pour elle, ce n'était qu'une chemise. Ça n'avait rien à voir avec une nuisette ou de la lingerie coquine. Et pourtant, Mamadou semblait déjà dans tous ses états. Il l'attira et la bloqua entre ses mains. Mais un pet lui échappa et les fit rire tous les deux. De toute façon, elle avait l'habitude de se laisser enivrer par les parfums uniques des gaz naturels de son époux. Les deux mains discrètes de ce dernier jetèrent leur dévolu sur le premier bouton fermé. Mais elle l'arrêta.

- Quoi?

- Avec les dents, répondit-elle.

- Je ne suis pas sûr de comprendre.

- Tu ouvres avec les dents.

Il était franchement dépassé. Elle avait enfin trouvé un moyen de se venger de lui. Mais au moins, se rassurait-il d'une chose, elle n'allait pas demeurer silencieuse toute la nuit.

*

Elle posa ses pieds dans la descente de lit et ramassa la chemise qui gisait au sol. En fin de compte, ouvrir les boutons avec les dents avait été plus amusant que Mamadou ne l'imaginât. C'était à la fois sexy et langoureux. Et c'était l'excuse parfaite pour passer sa langue sur chaque parcelle de sa Bineta.

Elle recueillit tous les vêtements qui traînaient à même le sol et les laissa tomber dans la panière à linge.
Alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bains, Mamadou jeta un œil au réveil: 21h45. Il était peut-être temps de rappeler son père.

– Google, appelle "papa".

La première tentative se solda par un échec. Mais pas la deuxième.

Apparemment, Sira était encore sur la table. Elle n'avait même pas encore commencé à pousser.

– D'accord papa, répondit-il en se grattant le dos du cou. Surtout tiens-moi au courant.

Une Bineta fraîche ressortit de la douche, entourée d'un essuie-corps respectueux de la délicatesse de sa peau. L'air glacé qui envahissait la pièce caressa ses poils.

Adossé à son oreiller, il la regarda ouvrir le placard puis descendit à son tour. Il l'entoura dans le dos et déposa une bise mouillée sur son épaule. Son reflet contempla celui de Bineta pendant quelques secondes avant de disparaître dans la douche. Une fois sa nuisette enfilée, Bineta se vautra dans le gros matelas. Ce dernier, fatigué de les supporter tous les deux, ne demandait qu'à être remplacé.

Les minutes fuyaient la pièce. Et il y avait désormais deux corps affalés dans le plumard drapé d'un bleu rappelant les cieux nocturnes. Bineta était fière de remarquer que les draps avaient été régulièrement changés. Il n'y en avait aucun dans la panière tandis que les cinq autres étaient propres et pliés. Elle sentit les bras qui l'enrobaient. Leur sommeil allait enfin redevenir complet. Ils étaient tous les deux, ils étaient chez eux et ils étaient heureux.

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La vie de M&B reprend son cours normal. Mais cela va-t-il durer? À peine rentrés chez eux, le couple va déjà devoir affronter un nouveau problème. À mardi😉

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant