Un mois et demi de grossesse. Bineta et son mari venaient de rentrer d'Abidjan.
Elle était heureuse de retrouver leur maison, bien entretenue de surcroît. Hawa, la petite cousine de Mamadou n'avait pas été là pour rien. Son départ avait déjà été préparé. Elle emménageait le lendemain chez Marcus et Assa comme femme de ménage.Rien n'avait été bougé. Heureusement d'ailleurs que Mamadou avait prévenu Hawa de ne surtout rien déplacer. Bineta en aurait fait tout un scandale.
Sur la commode, le vieux téléphone fracassé de Mamadou était encore là.
- C'était donc ça le fameux accident, remarqua-t-elle.
- J'ai voulu que tu vois de tes propres yeux.
- Est-ce que cette chambre a jamais été balayée même?
- Tu ne voulais pas que Hawa entre ici.
- Et tu ne pouvais pas passer le balai de temps en temps, paresseux comme ça.
- Je l'ai fait. Mais rarement.
La vérité, c'est que Hawa le faisait tout de même tous les matins. Il savait que sa femme le tuerait en l'apprenant. Mais elle le ressusciterait aussitôt après de toute façon.
- J'arrive pas à croire que tu sois aussi bizarre Mamadou. Un homme normal aurait jeté ce phone cassé depuis.
- C'est ce que tu aimes chez moi, répondit-il en ramenant le dos de Bineta contre lui.
Elle se retourna pour lui donner un baiser lorsque la poche de son mari se mit à vibrer. Son nouveau téléphone était identique à l'ancien.
Après une courte discussion, Mamadou raccrocha mais ne semblait pas enchanté.
- Un problème?
- Mon boss. Il veut me voir.
- Ce soir?
- Oui... Ça m'énerve... D'ailleurs, je vais rappeler pour annuler.
- Quoi? Non...
- J'ai pas envie d'y aller.
- Et tu vas lui dire quoi au téléphone? Patron, j'ai pas envie de me ramener?
- Je lui dirai que tu as fait un malaise.
- Ne fais pas ça Mam. Vas voir ce qu'il a à te dire. Aussi loin que je me souvienne, il ne t'a jamais demandé une chose pareille.
- Et alors?
- Et alors, tu devrais aller voir ce que c'est. Ça doit être vraiment important.
- Et qui va s'occuper de toi?
- Hawa est encore là, non? Allez, vas-y. Je ne vais pas m'envoler.
- Non. Je le rappelle.
- Mam.
- Il sait très bien que je rentre de voyage. Il n'a pas le droit de faire ça.
- Et après tu diras que c'est moi qui suis têtue.
- Mais tu l'es.
- Si tu restes, on va faire la guerre.
- Au lit?
Elle lui donna une tape sur l'épaule.
- Idiot. Je suis sérieuse.
- Pourquoi tu tiens tant à ce que j'y aille?
- Je te l'ai déjà dit Mam, il n'a jamais fait ça avant. Depuis qu'on est mariés en tout cas. Alors, vas comprendre ce qu'il se passe.
Il n'était toujours pas près d'écouter les sages paroles de son épouse. Il se dirigea vers le lit où il s'assit. Et elle le vit sur le point de rappeler son chef.
- Mam!
- Bineta, laisse tomber.
Elle se dépêcha alors de lui arracher le téléphone de la main. Malheureusement pour elle, elle était si motivée qu'elle utilisa sa main blessée. Il n'y avait plus de pansement mais la douleur persistait.
- Ah! Geint-elle en laissant tomber le téléphone.
Fort heureusement, le choc de ce dernier fut innofensif. Elle gifla l'homme du regard, comme s'il était fautif.
- Ça va?
- Pourquoi tu refuses de m'écouter Mam? Vas voir ton boss.
- Là, ça commence vraiment à m'intriguer. Tu es au courant de quelque chose?
- Depuis quand est-ce que je discute avec ton boss moi?
- J'en sais rien, à toi de me le dire.
Face au silence bougon de sa femme, il se mit à argumenter.
- Chérie, c'est mon annif' aujourd'hui. Tu ne penses pas que j'ai le droit de rester chez moi, avec mon épouse et mon bébé?
- On a déjà fêté avec mes sœurs ce matin. Là, tu peux bien aller faire un tour rapide et revenir. Il n'est que 19 heures, on aura tout le temps après.
- On est samedi je te signale.
- Et alors?
- Et alors, débat clos. Je n'irai pas un point c'est tout.
- Parce que?
- Parce que je suis le seul à porter la culotte ici. Si ça ne te plaît pas, ça va te plaire quand-même.
- Je suis désolée mais actuellement, tu portes un pantalon.
- Quoi? Mais...
Désemparé, il cogna sa face dans sa paume. Et au moment de la retirer, sa folle de femme avait déjà ouvert la garde-robe.
- Tu fais quoi?
- Tu vas voir.
- Bineta, tu te rends compte que tu es dans mon armoire là?
Elle en sortit avec un short qu'il connaissait très bien. Du denim bleu délavé, bien plus large que lui. Mais il aimait bien le porter parce qu'elle le lui avait offert.
Sous le regard stupéfait de Mamadou, Bineta dénoua son pagne, glissa un pied puis l'autre dans les pans du vêtement. Sa main douloureuse ne lui facilitant pas la tâche, elle grimaça entre deux gestes et trois. Elle ne parvint pas à fermer le bouton à la ceinture mais cela ne l'arrêta pas.
- Et maintenant, qui est-ce qui porte la culotte? Hum? Dit-elle en tournant sur elle-même.
Il était aussi dépassé qu'époustouflé.
- Bineta, cette culotte est à moi. Revendiqua-t-il en se rapprochant.
- En attendant, c'est moi qui porte la culotte. Et toi le pantalon. Donc, je décide que tu vas aller voir ton boss... Et que cette culotte est à moi aussi, voilà.
- Bineta.
- Ouiiii?
- Cette culotte, dit-il en se saisissant de la braguette, est à moi.
Et la culotte s'affaissa par terre.
- Vas voir ton boss Mam. Reprit-elle tout bas.
- Pourquoi?
Elle se demandait quoi répondre pour qu'enfin il l'écoute. Une lumière jaune s'alluma au dessus de sa tête. Et elle plongea de nouveau sa tête dans l'armoire à glace.
- J'enfile ça à ton retour.
- C'est une blague là.
- Tu ne me fais pas confiance? C'est une promesse Mam.
Mamadou en avait tellement rêvé qu'il n'y réfléchit pas à deux fois. Il embrassa le front de son épouse puis celui du bébé.
Il se changea en express. Une chemise bleue remplaça son t-shirt près du corps. Une paire de jeans à la place du jogging décontracté, des sandales imposantes à la place des tongues.
Sa clé se retrouva dans sa main et il se retrouva dans sa Mercedes.
Bineta avait eu chaud. Mais elle y était arrivée. Il était temps de finir ce qu'elle avait commencé.
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Mamadou & Bineta 🖤
RomanceAprès deux ans de full love sur le sol sénégalais, le mariage de Mamadou & Bineta ne bat plus que d'une aile. Derrière ses airs de femme téméraire et insoumise, Bineta cache des blessures que même son mari ne suspectait. Mais lorsqu'un soir, elle re...