99 - Retrouvailles inquiétantes.

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Astou sautillait dans le canapé. Mais cette petite devait avoir d'étroites connexions avec les lézards, car on ne la voyait jamais transpirer. Elle chantouillait l'une des nombreuses comptines, qu'elle tenait de mémé Sira, par le biais de sa mère.

"Astou yo si dia dialano. Astou yo si dia dialano. Astou yo si dia dialano. Astou yo si dia dialano. Astou faye faye Astou. Astou kélémen dio. Astou yo si dia dialano. Astou faye faye fatou. Astou kélémen dio. Astou yo si dia dialano. Boutoumbélé boutoum..."

À l'origine, c'était le prénom Fatou, qui était la vedette de la musiquette. Mais tellement le prénom de la petite cadrait aussi.

- Astou! L'interpella sa mère.

- Ma!

- Descends de ce divan, je t'ai déjà dit de ne plus faire ça.

- Mais...

- Tu veux que je te tape?

La petite, tristounette, s'exécuta.

- Viens ici.

Elle s'approcha.

- Je ne refuse pas que tu t'amuses. Mais il y a plein d'autres endroits pour ça. Le jardin, la terrasse, mais pas les fauteuils.

- Mais c'est que c'est tellement plus drôle dans le sofa.

- Eh bien, tu n'as qu'à aller sauter dans ton lit. Après tu vas ranger toi-même, comme tu sais si bien le faire.

- Mais...

- Ounh-ounh dè.

- Astou yo si dia dialano... chantonna-t-elle au ralenti, la lippe au visage.

Bineta étouffa un rire.

- Maintenant, vas te changer, on va faire un tour au marché. Et puis après, on va mélanger des choses à la cuisine.

- Youpiiiii!

C'était déjà samedi, après-midi. Et c'était bientôt l'heure du goûter. Claclo au menu.

Astou grimpa les marches dans le flot de son agilité. Et comme à son habitude, une chansonnette l'accompagnait. Elle l'avait apprise, comme la majorité des autres, à la télévision, en remuant la bouche devant les animations.

- Je ne vois que le jour qui nous attend! Je ne vois que le jour qui nous attend! Qui s'éclaire sous l' soleil brûlant! Qui s'éclaire sous l' soleil brûlant!...Viens aaveec moi!... Grandes montagnes et profondes vallées! Wow wowww... Flots déchaînés à traverser! Pour le petiiiit dinosaure!... Je ne vois que le jour qui nous...

- Surtout ne réveille pas ta petite-sœur!

- Oui m'man!

Et elle disparut dans le fond de la chambre, qu'elle partageait avec sa petite sœur.

Soutenant son sac à fœtus, comme s'il risquait de tomber, Bineta gagna le burreau de Mamadou. Il s'y était enfermé depuis six heures du matin. Il n'était descendu que pour petit-déjeuner et déjeuner. Il portait le même djellaba terne que la veille.

- Chéri, tu es là?

Il leva la tête, et afficha un sourire battu.

- Hummm... Depuis le matin là, tu n'as pas arrêté. Tu n'es pas fatigué?

- Si quand-même, mais bon... Il faut que je finisse ce travail à temps.

Il n'avait plus obtenu sa fameuse promotion, les ordres venaient du haut, « il n'était pas encore prêt. ».

- Je vois. Je sors avec Astou, on va faire des courses.

- Et Myriam?

- Elle dort, je te la confie.

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant