Mamadou & Bineta 🖤

73-Révélations

Elle dormait avec son orthèse du coude.

Il avait à peine dormi de toute la nuit. Et pourtant, il devait se rendre au boulot. Il ne se voyait pas la laisser toute seule, elle et ses gestes bien limités par cette entorse du coude. Il ne lui restait plus qu'à solliciter une permission, en espérant qu'elle lui soit accordée.

– Ça va?

Elle opina timidement à l'intérieur de sa gorge.

– Il faut que j'aille prendre un bain.

Elle le laissa s'en aller, sans rien ajouter.

À son retour d'un bon bain, il trouva sa dame assise. Elle avait les yeux allourdis et ne cessait de bâiller. Le téléphone de Mamadou vibra et il décrocha: c'était le boulot. Il raccrochait lorsque la sonnette résonna. Qui pouvait bien les visiter si tôt le matin?

Au bout de quelques minutes, une voix s'écria depuis le salon.

– Y a quelqu'un ici?

Bineta fronça les sourcils. Et son homme lui sourit. Il se précipita au balcon.

– Monte s'il te plaît.

Bineta ne se demandait plus qui c'était mais ce qu'elle faisait là, si tôt. Coumba entra, toute ballonnée. C'était sa troisième grossesse, et son premier enfant espérait-elle, car, les deux premières s'étaient soldées par des fausses couches. Malgré ce détail, qui assagirait plus d'une, la petite-sœur n'avait rien changé à sa vie. Au moment où toutes ses collègues dormaient, elle n'avait aucun mal à rester auprès de sa mère à l'hôpital.

Coumba déposa son sac sur le lit avant d'y grimper. Bineta tuait déjà son mari du regard. Mais celui-ci glissa les mains dans ses poches, au calme.

– Salut ma chérie.

– Coumba...

– Ça va?

Elles se firent une accolade.

– Ça va, qu'est-ce que tu fais là?

– Comment ça? Mam ne t'a pas dit?

– Dire quoi?

Coumba se retourna vers son frère en remuant de la tête.

– Je suis venue rester avec toi, vu que tu es un peu mal en ce moment.

Bineta leva un regard interrogateur vers Mamadou.

– Je ne pouvais pas te laisser seule.

– Le minimum aurait été de m'informer, tu ne crois pas?

– Tu dormais, je ne voulais pas te réveiller.

– Il me semble que j'étais éveillée il y a plus de trente minutes. Tu fais ce que tu veux de toi Mamadou. Mais quand ça me touche, j'ai le droit d'être a courant.

– Je vous laisse entre femmes.

La minute d'après, il était dans la cuisine, farfouillant, afin de se mettre un petit en-cas sous la dent.

De leur côté, les deux têtes de mule discutaillaient.

– Tu n'es pas contente que je reste avec toi?

– Mais bien sûr que si Coumba, tu sais très bien que ça n'a rien à voir.

– Alors, pourquoi tu as parlé comme ça à mon grand-frère? Vous êtes fachés tous les deux.

– J'avoue que oui.

– À ce point là... Qu'est-ce qui ne va pas?

Bineta était quand-même un peu fière. Même si elle était sûre de l'infidélité de son mari, elle ne l'aurait pas évoquée.