24-Souvenirs d'un père aimant.

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Parce que le soleil allait briller, il était temps de se réveiller.

La gardienne de l'emploi du temps de Bineta avait encore excité les tympans des deux époux. À peine sortie des ténèbres, le regard de Bineta remonta lentement jusqu'au visage de son mari. Il avait l'air ailleurs, pensif... Même l'alarme ne semblait pas le ramener au présent.

Bineta le fixa un bon bout de temps sans broncher puis arrêta le réveille-matin. Elle arracha ensuite son corps à la couette, laissant paraître sa taille replète.

- Tu ne me dis pas bonjour?

Dos à cette tendre remarque, elle baissa la tête avant de répondre timidement.

- Bonjour chéri.

- Ça va?

Elle opina nonchalamment du chef.

- Tu... Tu es mal à l'aise?

Elle se pinça les lèvres comme pour éviter que les mots ne sortent.

- Bébé, reprit-il en glissant prudemment une main sur celle de son épouse, je sais qu'il y a longtemps mais... Tu n'es pas... Tu n'es pas comme ça parce qu'on... Parce qu'on a fait l'amour hier, n'est-ce pas?

- Mais non... Biensûr que non. Idiot.

- Alors, qu'est-ce qui ne va pas? Tu peux me le dire...

- ...

- Parle-moi chérie, je t'écoute.

- C'est... C'est mon papa... Il me manque.

Et alors, la tête de Bineta se rebaissa.

Il avait la folle sensation d'avoir sous ses yeux, une petite fillette de cinq ans, avec ses couettes soigneusement nattées, un regard virginal et cette envie puérile de voir son papa. Un homme qui n'avait jamais levé la main sur elle, qui consolait au lieu de châtier, riait quand il fallait crier, toujours là quand il le fallait. Celui qui lui avait appris force et courage, l'incarnation de la douceur et de l'amour.

Rentrés de leur dîner la veille, ils s'étaient encore pris la tête. Mais ils avaient fini par se réconcilier dans la profondeur des draps. Fusion entre deux corps qui s'étaient oubliées depuis un mois, sous le coup des disputes aussi tordues les unes que les autres.

Mamadou ne pouvait pas lui ramener son père. Mais il ne pouvait non plus la regarder pleurer sans rien faire. Alors il la couva de ses bras tièdes.

Elle se laissa alors enrober, entourée de cette douce chaleur maritale, celle qui l'avait conquise par le passé, celle qui l'avait convaincue qu'il n'y avait pas que guerre et bagarres dans la vie, que les hommes n'étaient peut-être pas tous des «imbéciles». Il y avait également cet idiot, son idiot à elle, un idiot qui réveillait en elle une jalousie qu'elle n'avait jamais connue.

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant