58- Le cri silencieux d'une future mère.

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Réveillée par une envie pressante de faire pipi, Bineta tenta sans succès de retirer la pesante tête de son époux, à moitié-mort. Elle décida alors de le réveiller, d'abord par son prénom, puis par de petites tapes dans le dos.

- Hmmm... Grogna-t-il.

- Allez, bouge-toi chéri, je veux faire pipi.

Pas très loin du somnambulisme, il fit basculer son corps sur le côté, sans se soucier du reste du monde. Il n'y avait que le sommeil pour le faire vivre.

En quittant les toilettes, elle éteignit la lumière et s'arrêta à la porte un instant. Ses sœurs lui traversèrent l'esprit, surtout la plus jeune.

Elle s'avança et plongea de nouveau la chambre dans l'obscurité de la veilleuse. Puis elle quitta silencieusement la pièce. Il ne lui fallut pas longtemps pour atteindre l'ancienne chambre de leur mère. À son arrivée, Salimata remontait dans le lit.

- Viens, lui souffla-t-elle en l'invitant de la main.

Bineta s'approcha sans hésiter, et sa sœur la fit coucher juste derrière Karidja, avant de s'y ajouter. Karidja avait enfin réussi à s'endormir. Cela n'empêcha pourtant pas Limata d'engager une discussion avec Bineta, à voix sourde.

- Tu ne devrais pas être avec ton mari toi?

- Toi tu es bien ici, non?

- Peut-être mais c'est pas pareil.

- Et en quoi?

- Déjà, je suis restée justement pour que tu n'aies pas à choisir entre la petite et ton mari, il fallait bien quelqu'un pour s'en occuper. Deuxio, Nic n'est pas dans la maison lui, il est rentré. Et troisio, ça fait plus d'un mois que tu n'as pas vu ton mari.

- Je suis de trop, c'est ça?

- Jamais de la vie. Je dis juste que tu n'aurais pas dû le laisser seul. Il est venu seulement pour toi. Pas pour dormir seul.

- Merci pour l'accueil.

- C'est la vérité qui fait mal ma sœur. N'empêche que je te la dirai quand-même. Il sait que tu es là?

- Il dormait quand je suis sortie.

- Toi quoi. Est-ce que tu vas changer un jour même?

- J'ai fait quoi?

- Non rien oh, faut dormir. Faut surtout pas qu'on réveille l'autre sorcière. J'ai eu trop mal pour la faire dormir.

- Bonne nuit Sali.

- Dors bien, petite rebelle.

Ce qualificatif étira les lèvres de Bineta.

De l'autre côté, ce ne fut qu'une question de minutes pour que Mamadou s'aperçoive de l'absence de son épouse. Il était déjà deux heures du dimanche matin.

À huit heures environ, Bineta remonta, et tomba sur un mari déjà lavé et habillé.

- Tu es là?

- Suis là.

- Il semble que tu as déjà pris ta douche.

- En effet.

- Je vais faire de même alors.

Elle n'en dit pas plus, fit passer sa nuisette de son corps aux draps et enfila une serviette sur sa nudité. Mais au moment de s'infiltrer dans la douche, elle fut interpellée par la voix de son monsieur.

- Tu es sûre que tu n'as rien à me dire?

- Euh... Je ne crois pas, non.

- Vraiment?

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant