95 - La femme à marier.

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À la minute où Mamadou avait arrêté de parler, Bineta s'était de nouveau tournée vers lui, envoyant le parc aux oubliettes.

– Au début... j'ai vraiment essayé de me donner à fond dans cette relation. Je tenais à ce que ça marche. Non seulement parce que je ne voulais pas la blesser, mais aussi parce que...

– C'était un bon moyen pour m'oublier.

– Mais j'y suis pas arrivé. Je n'ai fait que m'enfoncer, et elle avec moi. Au bout du compte, tout s'est passé exactement comme je ne voulais pas. On a définitivement arrêté il y a une semaine.

Il expira.

– Voilà.

– Pourquoi dire que je suis ta fiancée? Tu te rends un peu compte?

– Ça te déplairait de l'être?

– Non. Mais par contre, ça me plaît pas d'être ta fiancée imaginaire. Ça me plaît encore moins de te servir de pion pour bloquer les autres femmes. Je me suis sentie tellement ridicule, si tu savais. Même pas fichue d'avoir un titre réel. Je suis bonne à chasser les mouches qui tournent autour de la banane genre.

– Je te demande pardon pour la frustration.

Il déposa une main sur les siennes. Mais elle le toisa et lui tourna le dos.

– Bineta.

– Y a quoi?

– Mes parents seraient heureux de rencontrer ma fiancée, tu sais.

Elle fit volte-face pile au bon moment pour le voir ajuster ses lunettes.

– Je me ferais aussi un plaisir de rencontrer ta fiancée... tu sais.

Cette réplique arracha un grand sourire à Mamadou.

– J'avoue que le coup au restau', c'était pas la meilleure demande en mariage du monde. Mais... nul n'est parfait comme on dit.

– On s'en fiche de nul. Dans tous les cas, toi tu as intérêt à être parfait.

– Depuis quand tu vannes les gens toi?

– Eh bien on dirait que trois mois ne suffisent pas à connaître quelqu'un.

– Qu'est-ce que tu veux dire?

– Que j'ai peut-être été trop dure avec toi. Si ça se trouve, tu n'aurais pas eu cet accident si je ne t'avais pas la lancé cet ultimatum.

– Premièrement, on dit poser un ultimatum.

– Tchip. Faut garder ton français de broni là pour toi.

– Bro quoi?

– Broni. Les blancs quoi.

– Et deuxièmement, tu n'as pas répondu à ma demande.

– Tu as demandé quoi?

– C'était indirect mais je t'ai demandé d'être ma fiancée... réelle.

– Non moi j'ai rien entendu.

– Mme Bineta Adou... Cissé.

Elle lâcha un rire éclatant. Caressées par cette mélodie, les oreilles de Mamadou en redemandaient.

– Tu ris pourquoi?

– Y a un mot qui n'a pas sa place là.

– Adou?

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant