71- La douche froide.

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Douche froide! Littéralement! Il s'évada de son sommeil en sursaut! Son corps ayant devancé ses esprits, il n'avait pas encore compris ce qui lui arrivait.

Son âme revenait enfin à lui, il s'était presque noyé, ses vêtements l'étaient. Mais... il ne comprenait pas. Ses yeux rouges de sommeil, et maintenant de rage, distinguaient enfin son bourreau. Un déshabillé en tulle brodé la caressait jusqu'à mi-cuisse. Mais Mamadou avait mieux à faire que d'être excité.

– Salut, dit-elle en agitant ses petits doigts, un sourire mutin à la bouche.

– Bon sang Bineta! Tu es complètement dingue ou quoi?!

– Tu dis quoi? Si c'est pour le canapé et le sol, t'inquiète, je vais tout nettoyer.

– Quoi?! S'indigna-t-il en se levant. Tu viens... me verser de l'eau froide dessus en pleine nuit, et tout ce que tu trouves à dire, c'est que tu vas nettoyer le sol?

– Oups... Lâcha-t-elle en reposant le seau vidé au sol.

Glissant verticalement ses paumes sur le t-shirt mouillé de son homme, Bineta reprit.

– C'est que... tu es tellement plus sexy... quand tu es mouillé.

Elle lui fit de petits yeux ronds et pouffa.

– Bineta...

– Non. Attends, l'interrompit-elle en lui opposant sa paume. Je ne comprends pas, ajouta-elle d'un air pensif.

Il hocha la tête. Mais lorsqu'il s'apprêtait à la dépasser, elle dégaina toute la force de son bras dans la poitrine du monsieur. Celui-ci, pris de court, s'évanouit en bloc dans le divan qui lui servait de lit.

– Tu pensais vraiment t'en sortir aussi facilement? Lui demanda-t-elle les mains aux hanches.

Il souffla un violent coup pour se calmer, il appella Allah à son secours et déposa son nez entre ses index. Et elle. Elle s'assit enfin sur la table basse, face à lui. La mine qu'elle affichait n'était déjà plus amusée.

– Je ne comprends pas, reprit-elle. Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi?

Encore cette histoire. Il était fatigué, épuisé, il voulait juste passer une nuit tranquille, se réveiller pour reprendre le boulot, se réveiller avec une solution au problème stagnant. Mais non, la nuit, apparemment très alliée à miss Yopougon, avait frappé.

Mamadou éternua.

– Tu peux être fière de toi, je vais être malade.

– Un petit rhume ne va pas te tuer.

– C'est pour ça que tu as rajouté du savon mousseux à ton eau de merde?!

– Non surtout pour te purifier, homme adultère. J'ai même rajouté de l'eau bénite, figure-toi.

Non. Elle mentait.

– Et maintenant, arrête de changer de sujet, réponds à ma question.

Il inspira.

– Si je te demandais de me parler de ton frère, pourrais-tu?

– MDR imbécile, tu sais très bien que je n'ai pas de frère.

– Très bien. Alors, ne me demande pas de parler d'une maîtresse que je n'ai pas. Si vous permettez, chère patrona, il serait temps que j'aille changer ça.

Il n'attendit pas la permission de la patrone et se leva quand-même.
Sans même avoir atteint leur chambre, il retirait déjà son maillot blanc.
Mais pour son épouse, il n'était pas question qu'il s'en sorte de la sorte. Elle se releva alors, prête à le mitrailler. Et rien n'allait pouvoir l'en empêcher. À moins que...

Mamadou entendit sa femme hurler depuis le salon. Énervé, peut-être, mais il accourut aussitôt en jogging. Il déboula entre les marches et les dévala tel un coup de vent.

Elle était étalée sur les carreaux, les bras sous l'oreille, les tresses en bataille, sibilant entre ses larmes.

– Bineta!... Bineta...

Il était auprès d'elle, juste assez pour voir ses larmes imbiber le sol. Elle ne bougeait pas, il n'y avait que sa poitrine entraînée par son souffle saccadé. Il la fit basculer, très attentionnément sur le dos.

– Mais qu'est-ce qui s'est passé? La questionna-t-il tout bas.

Des sanglots remplacèrent les sibilances. Un détail interpella Mamadou. Bineta s'étiolait dans la flaque d'eau savonneuse qu'elle avait créée.

– Mais pourquoi est-ce que tu es toujours aussi têtue Bineta? Regarde un peu dans quel état tu es...

Une seconde, il fixa leur bébé à travers le ventre de sa mère.

– Il va bien, affirma-t-elle dans les secousses de sa voix.

Et elle en était sûre, car, au moment fatidique, elle avait donné son coude au carreau qui visait son abdomen. Elle avait protégé son bébé.

Au moment où il allait la lever du sol, elle gémit.

– Quoi? Tu as mal?

– Non, je crie par plaisir. Espèce d'idiot.

– Où est-ce que tu as mal?

Elle le toisa en pleurant.

– Bineta, aide-moi s'il te plaît, il faut que je t'emmène à l'hôpital.

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Ce chapitre est plutôt court alors j'ai prévu un chapitre bonus. Bonne suite de lecture👇😉

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant