98 - À chacun son foyer.

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Mamadou venait de rentrer avec leur petite deuxième, Myriam. Astou donna un gigantesque câlin à son papa et une grosse bise à sa petite sœur de deux ans. Bineta profita de l'inattention des petites, pour donner un smack à son mari.

- Elle t'a pas trop dérangée j'espère.

- Tu sais très bien que vous ne me dérangez jamais toutes les trois. Enfin... Hésita-t-il en se rappelant du nouveau ventre.

- Ma-man. L'interpella Myriam.

- Mais c'est mon bébé ça, répondit-elle en lui ouvrant ses bras.

Tout plein de câlins et de bisous. Des mots doux et des chichis de maman. Et c'était comme ça tous les jours, au milieu des disputes que Mamadou s'efforçait de canaliser pour ne pas affecter les enfants. Mais Astou était bien trop espiègle, rien ne lui échappait.

- Astou?

- N'nan...

- Viens avec moi, on va préparer la table.

- Pépaer tab, s'essaya Myriam.

- Tu veux venir toi aussi ma puce? Allez viens avec maman.

Mamadou monta prendre son bain avant le dîner.

***

Ismaël, fils de Limata et de Nicolas Koffi, depuis Abidjan, n'avait que deux mois de moins qu'Astou. Mais il n'était pas aussi vif. C'était la petite force tranquille, comme son père. Les petites coquines de sa classe le dérangeaient déjà. Mais, le prince n'avait pas encore choisi sa princesse. Le couple n'envisageait pas de deuxième enfant. Ils avaient tous les deux un travail très prenant. Et depuis le début, ils avaient toute conscience du chemin qu'ils traçaient. Personne ne s'en plaignait. Sauf la mère de Nicolas. Pour elle, son fils ne pouvait pas avoir qu'un seul enfant. C'était du gaspillage de fertilité, disait-elle.

Karidja avait trouvé quelqu'un. Ou du moins l'avait retrouvé. Son ex de tous les temps, Adam. Elle n'arrivait pas à le faire disparaître de ses pensées. L'aventure qu'elle avait tentée deux ans plus tôt, n'avait pas abouti à cause de lui. Elle était donc retournée à la source, et apparemment, elle n'était pas la seule à vouloir reprendre. Bémol, Adam était toujours en couple. Mais il décida de larguer sa copine. Selon lui, leur couple partait déjà en cacaos de toute façon. Mais trop indécis pour rompre, ils s'accrochaient tous les deux jusqu'à ce que Karidja réapparaisse.

Salimata n'avait jamais été d'accord avec cette soudaine réconciliation. Surtout, lorsqu'elle pensait que sa petite-sœur en avait pris l'iniative. Pour la sœur aînée, Adam voulait juste profiter de Karidja. Mais Salimata ne remettra plus jamais sa bouche dans leurs affaires, Karidja le lui avait interdit, fatiguée de se faire constamment sermonner. À 26 ans, elle en avait marre de se faire materner.

«D'accord, comme tu voudras mi bìn. Mais comme je te l'ai dit, il ne m'inspire pas confiance. S'il tenait vraiment à toi, c'est lui qui serait revenu te voir. Après, ta vie, tes choix. Mais ne reviens pas pleurer après.». C'étaient les derniers mots de Salimata.

Karidja était seule ce soir. Elle espérait bientôt un ménage, comme ses deux sœurs. Elle étudiait, à côté de son petit boulot temporaire. Elle prenait des cours du soir, pour grandir dans son domaine. Et son téléphone sonna: c'était son chéri.

***

Mamadou dînait avec sa famille. Astou racontait encore ses histoires sans queue ni tête. Myriam se battait avec son assiette, apprenant encore à s'en servir. Elle y était presque. Ça donnait des coups à l'intérieur de Bineta. Et les deux époux se contentaient tout simplement de rigoler, en mangeant.

***

C'était le silence plat, à table, chez le grand chef Cissé. Seuls les plats cassaient le silence et des regards volaient dans la pièce.

***

Coumba, pauvre Coumba. C'était la cacophonie à la maison. Ciré s'était encore tapé l'une de leurs disputes sans fin. Toujours la même histoire, depuis un an.

- Je n'ai pas épousé tes divans ni ton écran plat Cheikh! Alors, je juge que j'ai le droit de réclamer la présence de mon mari!

Elle se retourna, percevant les sanglots de son fils.

- Non mon cœur, ne pleure pas, ce n'est rien.

Coumba vira les larmes de son petit visage. C'était le portrait de son père. Elle lança un dernier regard-flèche à son mari et s'en alla avec Ciré. Il fallait le coucher, le baratiner, l'amadouer pour qu'il oublie. Mais c'était se voiler la face, encore une fois.

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant