20-Un futur beau-papa trop avenant.

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De toutes les manières, elle allait finir par sortir de cette salle. Elle n'allait pas prendre une douche éternelle.

Et la patience fut chemin d'or. Au bout d'une petite trentaine de minutes, la serrure de la porte se fit entendre. Agile comme une feuille d'arbre, Mamadou se releva en vitesse et se plaça juste devant la porte.

Bineta ne s'y attendant pas avait déjà baissé la garde. En ouvrant, elle sursauta presque et tenta de refermer la porte mais il était trop tard.

- Alors comme ça, on joue les malignes hein.

- Pitié ne me fais pas de mal, j'ai juste pris une douche, supplia-t-elle faussement.

Ils éclatèrent unanimement de rire. Puis Mamadou reprit plus sérieusement.

- Je suis très sérieux bébé, j'ai envie qu'on sorte un peu.

Voyant qu'il n'allait pas abandonner, mais surtout qu'elle avait autant que lui envie de se laisser aller, elle céda.

- D'accord... Mais seulement pour dîner. Tu me laisses procéder comme tous les jours. Tu vas normalement au boulot. Et une fois que tu seras rentré, on ira dîner dehors.

Elle ne voulait pas non plus aller trop vite. Elle avait peur de se laisser un peu trop aller, de se retrouver enfermée dans un rêve où toutes leurs journées seraient roses, pour un beau matin se réveiller, se rendant à l'évidence que ce n'était que passager.

- D'accord madame Cissé. On fera comme vous dites. Bon eh bien... Maintenant que je suis déjà éveillé, autant me préparer pour le boulot, décida-t-il.

Il laissa une bise sur le front de sa dame et se glissa à son tour dans la salle de bains.

***

Dans le salon, à l'époque, Bineta était déjà assise auprès de son cher papa.

- Bibi, entama son père.

- Papa.

- Ce monsieur nous a raconté ce qu'il s'est passé.

- D'accord, répondit-elle d'un air désinvolte.

- Et il est venu jusqu'ici pour te présenter des excuses. Tu pourrais au moins l'écouter.

- Hum... Papa. Il a failli me renverser non? Mais est-ce que je suis morte? Regarde: ta fille est sauve. Alors, je ne vois pas pourquoi il vient s'excuser. Tchip.

- Bineta... Insista son père.

- Hum... Bien... Eh monsieur le chauffard, vous êtes excusé! Voilà.

- Bineta... Intervint la petite-sœur.

- Bineta quoi? Toi Idja là, si tu ne te tais pas là-bas, je vais te régler ton compte tu vas voir. Avec ta petite bouche là, petite impolie.

- Bineta, ça suffit maintenant. Tu pourrais être respectueuse au moins une fois dans ta vie.

- Papa? C'est toi qui me dis ça? Et pire, pour un inconnu! D'accord, j'ai compris.

Elle se releva brusquement, dépassa son père. Et avant de les laisser en plant, elle toisa et tchipa Mamadou.

Couvert de honte, le père n'osa point la rappeler. Il avait peut-être été un peu trop large dans l'éducation de ses trois filles. Mais non, dans ce cas là, elles seraient toutes invivables. Salimata, l'aînée et Karidja étaient de loin correctes alors que Bineta était un véritable volcan. On se demanderait presque si elles avaient toutes été élevées par les mêmes parents. Comme tous les enfants, elles avaient chacune leurs caprices. Mais Limata et Idja étaient dans les normes. Bineta était du genre déséquilibrée. Elle ne connaissait ni Dieu ni aîné. En dehors de sa mère son bourreau, elle ne jurait que par elle-même.

- Je suis vraiment désolé jeune homme.

- Non papa, ne vous inquiétez pas. De nos jours, nous les enfants donnons énormément de fil à retordre à nos parents. Et je n'en suis pas l'exception.

Son sens de la responsabilité, ses allures d'adulte avaient fini de convaincre le père qu'il était l'homme idéal pour sa fille. Mamadou n'avait jamais fait allusion à cette idée. Le père ne savait d'ailleurs rien sur lui sinon qu'il avait failli renverser sa fille favorite. Mais avant d'être père, il était homme. Il avait fait la cour à la mère de ses filles et à bien d'autres femmes par le passé. Alors il avait déjà capté les intentions de Mamadou. Il suffisait de l'observer lorsqu'il regardait Bineta. Il ne voyait plus qu'elle et tout d'elle le fascinait, y compris son mauvais caractère.

- Bon eh bien je vais demander à partir papa. Je vous remercie pour l'accueil et... Karidja, merci pour le verre d'eau.

- Oh mais c'est normal, banalisa-t-elle.

- Bonne route fiston, conclut le père.

- Merci papa.

Idja raccompagna Mamadou à la porte. Et à l'insu de tous, celui-ci lui laissa une carte de visite pour Bineta. Le père semblait peut-être sympathique. Mais un père demeurait un père. Il tuerait pour protéger sa fille - avec une beauté pareille de surcroît! La petite-sœur par contre était plus encline à mener le jeu à bien. Entre sœurs, c'était une autre affaire.

- Ah ça... Je ne pense pas qu'elle voudra même le prendre dè. Et si jamais elle acceptait, ce serait pour le déchirer et le jeter oh.

Mamadou trouva cela drôle et demanda alors à la petite de le suivre près de son véhicule. Il lui laissa une deuxième carte secours. Il était confiant. Elle allait finir par s'adoucir.

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant