65-Un super plan secret.

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À son arrivée à l'agence, Mamadou était bien obligé de prendre patience. D'après la secrétaire, monsieur Niang était en plein dans une discussion téléphonique dont il ignorait les contours. Il jetait de temps en temps un œil fébrile à sa montre: ça commençait à bien faire. Quinze longues minutes tout de même! Il regrettait déjà d'être venu lorsqu'on lui annonça qu'il pouvait entrer.

- Ah monsieur Cissé, asseyez-vous donc, je vous prie.

- Merci monsieur Niang... Alors, en quoi puis-je vous être utile?

- Vous avez fait bon voyage je suppose.

Mais qu'est-ce qu'il en avait à foutre lui des formules de politesse? Il voulait juste rentrer chez lui!

- En effet monsieur. J'espère que vous n'allez pas me demander le rapport maintenant. Puisqu'il était prévu pour demain.

- Oh non jeune homme, loin de moi une telle idée. Vous devez être épuisé. Et votre épouse? Tout va pour le mieux?

Mamadou était étonné que monsieur Niang fasse autant de manières. Il était alors de plus en plus convaincu que quelque chose se tramait.

- Oui, elle se porte bien MachAllah.

- Bien.

Le PDG tournoyait dans son fauteuil à roulettes. Ses va-et-vient donnaient le tournis à Mamadou qui était déjà au bord de l'explosion. Son boss serait-il en train de jouer avec ses nerfs?

- Euh... Sauf votre respect monsieur, j'ai cru comprendre qu'il y avait une urgence.

- Mais absolument!

- Alors... je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il se passe.

- Ah eh bien... nous attendons un appel.

- Un appel, répéta-t-il perplexe.

- Un appel.

- Ah... Et sans vouloir paraître indiscret, de qui sera-t-il?

- Oh, vous verrez. Ne vous en faites pas.

- Ah.

En attendant le fameux appel, monsieur Niang n'arrêta pas de remuer dans son siège. Ses mouvements étaient des plus indisposants pour le futur papa. Mamadou regardait alors son chef dans le blanc des yeux, priant pour que résonne enfin ce satané téléphone. Pour passer le temps, il baladait son regard un peu partout dans la salle: le plafond, les murs, les fenêtres.
Et au bout de cinq minutes, diable, le téléphone fixe résonna enfin.

- Allô.

"... "

- Oui, tout à fait.

"... "

- C'est entendu.

En voyant son boss raccrocher, Mamadou le questionna aussitôt du regard.

- Nous descendons, répondit le cinquantenaire.

En cours de route, le PDG assena son employé de questions concernant son séjour à Abidjan. Sans trop comprendre pourquoi, Mamadou lui répondait machinalement. Il sonnait plus de huit heures du soir, le bâtiment végétait dans un silence funèbre. Seuls les Richelieu de M. Niang agaçaient le sol et se mélangeait à leurs voix.

Jusque là, Mamadou n'y voyait que du feu. Et son incompréhension augmenta lorsqu'il se rendit compte qu'ils allaient vers la sortie. Lorsqu'ils mirent pieds dans le hall d'entrée, un avalanche de voix leur tomba dessus.

- SURPRIIIIISE!!!

Dans la foule, il reconnaissait Marcus et bien d'autres collègues, Marcelle y compris. Mais encore, son père, sa Mère, ses mères, Coumba et son mari Cheikh ainsi que le reste du bataillon Cissé. Mamadou ne put s'empêcher de laisser un regard émerveillé sur son patron.

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant