Épilogue : je t'aime, mémé Fenda.

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Aïe! Aïe! Aïe! Ça brûle oooh, ça brûle. On coupe oignon tous les jours dans pays là, mais ça n'a jamais autant brûlé.

Wallah, à l'instant où je parle, je suis en train de courir partout dans la cuisine là pour refroidir ça. J'ai l'impression que mes yeux vont s'enlever même!
Actuellement là, je suis chez Adama. C'est du riz qu'il veut manger. Moi je sais même pas d'où il vient, un deux trois riz au gras, un deux trois tchèpe, un deux trois spaghetti, on dirait un chinois. Donc comme ça, moi je suis en train de me bousiller les yeux pour remplir son ventre quoi. Les jours où il a faim, il m'appelle pour dire: «Ah... Mon amour, et si tu passais à la maison, gnan gnan gnan, gnan gnan gnan». En tout cas, c'est Dieu seul qui est fort comme ça.

Mais je dis oh les gars, hier là seulement, il faut laisser. C'était chaud comme la braise! Si vous aviez vu le bébé de mon tonton là, non, beauté seulement laissez lui ça. Ils l'ont nommé Abdelali. Joli prénom, n'est-ce pas? Papa et maman ont tué avec leur slow, eh Dieu! – j'aimerais tellement vivre un amour comme le leur. Le temps passe mais ils sont de plus en plus proches.

– Bébé?

– Oui!

– C'est bon, je suis rentré!

– Faut bonne arrivée seulement.

Lui, c'est Adama. Il était sorti, parce qu'un de ses collègues du boulot l'avait appelé, pour soi-disant une urgence. Moi je ne dis pas qu'il ment. Mais s'il a menti, c'est sur sa tête que la foudre va tomber. Je l'ai connu par mon frère. Alors, disons que je lui porte une certaine estime. Mon petit-frère ne me caserait pas avec un homme mauvais.

Qui ça? Mon frère? Ah... Il est beau dè. C'est lui le benjamin, le chouchou de la famille même, tout le monde l'adore et les filles sont derrière lui, comme des mouches. Il a huit ans de moins que moi, et il s'appelle Iyad. Je n'ai jamais compris comment il faisait pour avoir des amis tellement plus vieux que lui, tiens, Adama en a cinq de plus. Mais personne n'avait peur pour lui, il est comme touché de Dieu. Peut-être parce qu'il était le seul à avoir eu un baptême cent pourcent traditionnel. L'enfer que j'ai vécu dans ce village là, ma vie, je vous épargne les détails. La famille de pépé était très chaleureuse, je les ai adorés, mais par contre je préférais de loin mon lit au drap fleuri et ma douche carrelée.

Iyad a l'air sérieux, mais en fait c'est le roi de la pagaille. Comme tout le monde le sait, Myriam est la deuxième. Alia est l'avant dernière, avec six ans de moins que moi. C'est la plus sage et la plus discrète. Peut-être parce qu'elle est encore toute jeune, enfin, à dix-neuf ans ce n'est plus une petite fille oh. En plus, c'est elle qui ressemble le plus à maman. Elle lui a tout légué même, depuis son visage jusqu'à sa taille.

Oui, mon gars a trois ans de moins que moi et alors? S'il est plus jeune que moi, ça fait quoi? Est-ce que l'amour a d'âge? Pardon, faut pas m'énerver dè! Il m'aime et puis je l'aime, c'est tout ce qu'on a besoin de savoir. Le reste, on s'en fout éperdument.

Qui ça? L'ex première épouse de pépé? Ah quelle longue histoire. Maman n'a jamais porté plainte, et je me demande encore comment papa avait réussi à la convaincre.

Depuis l'incident de ce fameux lundi soir, maman était devenue surprotectrice. Elle m'avait spécialement recommandée aux adultes de l'école, et comme si cela ne suffisait pas, elle avait forcé papa à me trouver un chauffeur. Wallah, le gars était trop ponctuel quoi. Il m'étouffait. Je sors de l'école, il est déjà là. Façon j'avais envie de le tuer. Et c'était comme ça jusqu'à la fin du collège, même mes frères n'y échappaient pas. J'en ai longtemps voulu à ma mère pour ça, elle me foutait la honte devant mes amis. Et papa ne contestait pas, il disait que ma mère ne voulait que notre bien. D'ailleurs, elle ne m'avait plus jamais emmenée avec elle dans ce marché là. On faisait le double de la distance pour faire des courses toutes les deux. Elle disait que je ne pouvais pas encore comprendre, que je n'étais qu'une enfant.

Je ne la comprenais pas à l'époque, je la trouvais injuste et tyranique. Son plan était presque parfait, parce que même pour aller faire des courses seule ou avec mes frères, elle nous collait le chauffeur au dos. Par contre, elle ne pouvait rien contrôler quand j'allais travailler chez mes amis. Le chauffeur pouvait rarement rester à m'attendre, et maman me faisait déjà assez confiance. Elle ne me pensait pas capable de quitter la maison des amis, alors que nous étions censés bosser. Du moins, elle n'y avait jamais pensé, elle n'est sans doute pas plus folle que sa propre fille oh. Vous comprenez déjà qu'à plusieurs reprises, j'ai inventé des séances d'étude avec mes copines pour m'échapper. Et c'est ainsi que j'avais découvert que mémé avait quitté le marché depuis près de huit ans, personne ne l'avait revue au lendemain de ce lundi seize. Et l'étalage auprès duquel je l'avais vue était à la charge d'une autre femme.

En réalité, mémé s'occupait souvent de sa marchandise de cette dame, pour la remercier, de l'hospitalité qu'elle lui avait offerte alors qu'elle était esseulée dans les rues de Ndar. La vieille commerçante disait que mémé lui avait énormément parlé de moi, avant de prendre le large. Elle m'apprit même que huit ans avant moi, maman avait tenté en vain de lui soutirer des informations. Et pourtant, à l'époque, la vendeuse savait encore où trouver mémé. Mais elle avait fini par perdre ses traces. Et à défaut d'avoir mémé Fenda, je revenais rester avec la marchande de chaussures.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'aimais bien mémé Fenda. Et en hommage à elle, j'ai intégré une organisation de lutte contre l'excision. En grandissant, j'avais eu droit à l'intégralité de l'histoire: depuis la tentative d'envoûtement jusqu'à celle d'enlèvement. Et j'avais donc compris, à ses bien vieux mots, que sa stérilité résultait de son excision passée. La définition même de l'effet papillon. Je ne lui en voulais pas pour sa tentative d'enlèvement. Elle m'avait l'air sincère, quand elle s'en excusait. Mais... Peut-être était-ce mieux ainsi, qu'elle disparaisse, et que je ne la revois plus jamais. Aujourd'hui encore, me viennent des pensées à son endroit. Je n'avais gardé qu'une seule image d'elle dans ma tête: le sourire au visage qui chassait l'éclat de la dernière larme sur sa joue. Jamais, je ne l'oublierai.

~À SUIVRE~

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Découvrez bientôt le tome 2 de Mamadou & Bineta 😀. Gardez cette histoire dans votre liste de lectures ou bibliothèque pour recevoir l'annonce dès que la publication aura commencé. En attendant, je vous invite à vivre une drôle d'aventure avec la doctoresse et son gigolo dans #Dr Djenguè# 😉. Et puis, la publication de son tome 2 ne va plus tarder☺.

Enfin, j'ai bénéficié du soutien et de l'aide de merveilleuses personnes lors de l'écriture de cette belle romance 🥰. Il me tient donc à cœur de leur adresser toute ma gratitude. Dédicaces et remerciements dans les chapitres suivants. Envoyez-leur plein d'amour et de vibes positives😊

Mamadou & Bineta 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant