12 - Une mort en argent

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Salazar regardait le salon abandonné du manoir où ils étaient arrivés. Il avait laissé une lettre à Harry sur le lit de Regulus, sachant que le garçon irait dans la pièce pour espérer le retrouver. En arrivant, Salazar avait tout raconté à Regulus. Celui-ci avait écouté attentif, sans rien montrait sur son visage aristocratique. Le jeune Black l'avait remercié de sa confiance et s'était plaint d'avoir faim. Ils étaient alors allé dans une ville moldue en bord de mer, et avec l'argent que Salazar avait piqué à Hermione, ils avaient pu manger sans problème. Heureusement, qu'un matin, il avait questionné la né-moldue sur cette monnaie si étrange.

Ils avaient discuté, et Salazar avait raconté son enfance à son ami. Plus proche que jamais, ils avaient décidé de dormir dans le même lit. Regulus avait peur de mourir et de ne pas se réveiller. Salazar avait peur de le perdre à nouveau. Mais le sommeil les avait gagné.

Reg entra avec un petit plateau qu'il avait nettoyé pour un petit déjeuner improvisé.

« C'est un vieux pavillon de chasse de ma famille, dit-il avec un sourire. Mais... Bella peut venir... On ne pourra pas rester longtemps, ici.

« Oui, je comprends, dit Salazar. Au pire, on essaiera d'aller en France.

« Tu as vu comme moi, les détracqueurs sur les côtes, répliqua Reg. Ce ne sera pas évident et je n'ai jamais transplané en France. On risque d'avoir un accident.

Salazar soupira et se laissa tomber sur un vieux sofa. Regulus eut un léger sourire.

« Sirius l'avait brûlé... j'avais cinq ou six ans, je crois, murmura-t-il. Il est un sacré... il était un sacré sorcier.

« J'arriverais à le sauver, dit Salazar confiant, comme pour toi.

« Tu as dit que tu ne contrôlais pas tes sauts dans le passé, remarqua Reg. Et si un jour tu y reste coincé ?

Salazar fit une légère grimace.

« Je... je ne sais pas, avoua t-il. Je crois que dans tout les cas, je reviendrais ici.

« Mais tu n'en es pas sûr.

Reg posa le plateau plutôt bien garni sur une table basse branlante.

« C'était plein de vie pendant nos vacances, ici, dit-il en prenant sa tasse. Il y avait toujours des enfants. J'adorais venir ici.

« J'imagine que ça devait être charmant, se moqua Salazar. Le petit Reg embêtant ses cousines et son grand frère.

Reg éclata de rire. Cela lui fit un bien fou. Pendant un moment, il avait cru que jamais il en serait à nouveau capable.

Ils mangèrent et parlèrent de magie, de cours de septième année que Salazar avait manqué. Reg revivait et mangeait heureux. Il aurait dû être mort, il y a plus de vingt ans, et là, à dix-sept ans, il se retrouvait dans une nouvelle époque. Peu de chose avait changer par rapport à la sienne, en tout cas dans le monde des sorciers. Voldemort était toujours là. Poudlard était toujours une grande école. Mais le plus important pour lui, était qu'il retrouvait son unique ami. Plusieurs fois, il se trompait, et le nommait encore Tom. Salazar ne le corrigeait pas, comprenant l'erreur. Et aussi, Salazar aimait ce nom moldu, commun. Le prénom que son père haïssait, lui il le préférait à Salazar, nom donné par ce père qu'il détestait.

Tout un coup, Salazar sentit son coeur lui faire mal alors que la nuit était tombé depuis plusieurs heures. Les deux garçons s'étaient installés dans le salon, préférant dormir ensemble. Il se leva du matelas qu'ils avaient récupérés d'une chambre. Regulus se leva aussi, regardant son ami qui serrait les dents. Salazar cherchait sa respiration.

Il marchait dans un petit couloir, un jeune garçon, de l'âge de son fils, apparut terrorisé. Pourtant, plein de courage le blondinet pointa sa baguette. Il ria alors, d'un rire glaciale. D'un geste de la main, le jeune sorcier se cogna conte le mur. Le sort de découpe le rata. Ce garçon connaissait de puissant sort pour un gamin. La peur l'avait quitté et un instant il pensa lui proposer une place parmi ses partisans, mais il préféra brandir sa baguette et un lança :

« Avada Kedavra !

« NOON ! Hurla Salazar en larme.

Regulus le serra immédiatement dans ses bras.

« Qu'est ce qu'il se passe ? Tu... tu vas repartir dans la passé ? Dis moi, Tom ! Que t'arrive-t-il ?

Salazar voyait un vieil homme accourir et il entendit encore le rire de son père. Cet homme allait mourir lui aussi et il ne pouvait rien faire. Il vit une dernière fois le corps de Franck Argent, mort.

« Il l'a tué..., murmura t-il. Franck... mon... il est...

« Qui ? Demanda Reg avec douceur. Qui est Franck ?

« Un futur fabriquant de baguette de talent, répondit Salazar en étouffant un sanglot. Il était un des pensionnaire de Destinée... il était comme un frère... un enfant dont on ne voulait plus... comme moi.

Reg le regardait. Il le força à lui faire face. Sans ciller, il le regardait droit dans les yeux.

« Parles moi, dit-il. Si tu veux que je te fasse confiance, parles moi. Tu as... tu as des visions, aussi ?

« Pas des visions, Reg, répondit Salazar plus calmement.

Il se leva alors, en soupirant. Il n'osait regarder son ami en face et lui dire ce qu'il s'était passé.

« J'étais dans sa tête... à Vol... Tu-sais-qui.

Reg eut un léger gémissement, une sorte de non murmurer dans une plainte. Il comprenait, bien sûr. Reg connaissait les Horcruxes, peut-être même mieux que Dumbledore lui même.

« Tu m'a dis qu'il en avait fait sept, pas huit, dit-il comme un reproche.

« Il en avait fait sept, rectifia Salazar. C'est ce que je t'ai dit. Je ne t'ai pas menti.

« Mais tu ne m'as pas tout raconté, répliqua Reg, furieux. Tu en es un ?

Ce n'était pas vraiment une question. Le ton de Reg montrait qu'il avait bien compris ce qui arrivait à Salazar. Ce dernier baissa la tête.

« Le soir où il a tenté de tué Harry Potter, dit-il. Il en a fait un autre... sans s'en rendre compte, je penses... Harry en est un aussi... et oui, moi aussi... Reg... je...

Salazar sentit une main sur son épaule, une main secourable qui se serra un peu.

« La Mort a accepté que je te sauve, dit Salazar à voix basse. Peut-être qu'elle voudra bien que je sauve Franck...

« Où est-il ?

« En Allemagne, je crois, répondit Salazar en se retournant. On doit aller là-bas, maintenant !

« On ne peut pas, dit Reg avec douceur. Tu sais très bien qu'on ne peut pas... Pourquoi le Seigneur des Ténèbres est là-bas ?

« Il cherche quelqu'un... Gregorovitch, je crois, répondit Salazar. Ça me dit quelque chose mais...

« C'est un fabriquant de baguette, dit Reg. Il veut une autre baguette... pourquoi ?

« Je ne sais pas, avoua Salazar. Mais peu importe, il faut qu'on trouve un moyen pour...

« Tom... Salazar, murmura Reg peiné, j'aimerais vraiment t'aider à sauver ton ami... ton frère mais...

Salazar s'écarta. Il sentait la colère montait en lui, son sang prêt à exploser, à se vider. Reg le regardait, partageant sa peine. Reg avait perdu son frère, lui aussi. Les deux Serpentard se regardèrent alors, vaincu, comprenant que malheureusement ils ne pouvaient rien faire. Complètement éteint, Salazar retourna vers le matelas. Il s'écroula en sanglot et Reg le rejoignit. Chacun se rappelant de son frère, ils pleuraient leurs morts, ensemble et en écho. Leurs plaintes parcouraient les couloirs de la vieille maison, réveillant les tableaux des ancêtres des Black. Ceux-ci ne pouvaient rien faire pour calmer la douleur de leur descendant et de son ami. Un seul quitta son cadre pour rejoindre un autre, à des kilomètres plus au nord.

Le Maitre des Ombres et la Coupe de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant