Chp 15 - Faith : le dernier trophée (2)

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Rizhen, son beau visage éclairé par la joie, me tape dans le dos. Mes jambes sont en coton. Fornost-Aran, la némésis de Tamyan, n'est plus. Une clameur immense retentit dans l'arène.

— Ils annoncent le nouveau roi, m'explique-t-il. Gloire à Tamyan Niśven, le nouveau roi de Dorśa !

Un slogan que je connais déjà par cœur. C'était déjà la profession de foi de Tymyr et Rizhen à l'époque, sur Pangu.

Tymyr. J'ai la surprise – mais est-ce vraiment une surprise ? – de la voir arriver elle aussi, vêtue d'une impressionnante armure et de terrible peintures de guerre.

— As-ellyn ! me salue-t-elle de sa grosse voix. Ou plutôt devrais-je dire ma reine !

Elle ploie un genoux à terre. Comme tous ceux autour de nous. Aeluin et Uriel, restés en retrait, échangent un regard... puis font de même.

— Gloire à Tamyan Niśven, le nouveau roi de Dorśa !

Le dragon se retourne alors et ouvre ses ailes. Alors, j'ai la stupéfaction de voir des milliers d'ældiens, sur toutes les plateformes où ils sont retranchés, poser un genou à terre et baisser la tête, en signe d'allégeance à leur nouveau roi.

C'est fini. C'est enfin fini. Tamyan a eu ce qu'il voulait.

En fait, pas encore. Il se tourne vers le cadavre encore fumant de son oncle, et ouvre la gueule. Cette fois, la salve de flammes change de couleur, prenant une menaçante teinte bleuâtre. L'armure fond, avec la couronne, et le corps dedans, le squelette en fusion. Mais même là, il ne s'arrête pas. Il ne cesse que quand il ne reste plus qu'un magma noir et rouge incandescent, qu'il élève devant lui avec sa magie et façonne de façon à former une couronne noire aux extrémités aussi acérées que des lames. Puis il arrache plusieurs de ses propres écailles, et les fonds, les reforme de la même façon... pour créer une couronne plus petite, mais à peine moins terrible, brillante comme de l'argent.

Enfin, Tamyan reprend son apparence. Il est entièrement nu, ses longs cheveux noirs couvrant partiellement son corps. Il s'empare de la couronne encore fumante de ses mains nues et s'en coiffe avec férocité. Nouvelle acclamation. Enfin, il se tourne vers moi, la petite couronne d'argent entre les doigts. Il s'agenouille à ma hauteur, et, doucement, m'en coiffe... tétanisée, dévorée par l'inquiétude mais le cœur empli d'une immense fierté, je le laisse faire.

Il se redresse alors, prend la main et m'amène au bord de la plateforme, avant de lever nos deux mains entrelacées, me montrant à la foule.

— Nineath ! entends-je hurler.

Tamyan grogne, et me relâche pour reprendre sa forme de dragon. Menaçant, il ouvre la gueule comme une menace envers tous ceux qui voudraient le défier, ouvre les ailes. Mais les ylfes n'en démordent pas. Ils continuent à scander :

Nineath ! Nineath !

Je m'approche de Rizhen.

— Riz, que disent-ils ? Pourquoi scandent-ils ce terme, « nineath » ? Est-ce un nouveau putsch ?

Rizhen baisse les yeux vers moi.

— Les dorśari exigent que leur nouveau roi accomplisse le rite de l'Union de Naeheicnë avec Nineath, m'explique-t-il, ennuyé. La fureur contre l'innocence, les ténèbres avec la lumière. Comme c'était prévu. Tam n'a pas le choix... s'il ne sacrifie pas à la tradition, il va perdre son trône nouvellement acquis.

— Ils veulent que Tam prenne une femelle devant eux ? demandé-je, les sourcils froncés.

— Oui. Toi.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant