Nous étions presque tous réunis, et désireux de retrouver notre mari, père, neveu, grand-père et amie. Les gens que nous aimions, notre famille, notre clan, notre tribu, pour ce que cela valait, avec ses différences, son histoire et ses dissensions. Mais nous ne pouvions rien faire. Lathelennil passait ses journées connecté au Réseau à tenter de savoir où, au juste, Ren, Śimrod et Isolda étaient détenus, et dans quelles conditions, dans le but d'organiser un raid de récupération. Mais il ne trouvait aucune information. Les réseaux de Syandel, contactés par Círdan, ne donnèrent rien non plus. Nous restâmes donc dans l'expectative pendant un long, angoissant moment.
Puis, un jour, un astronef de commerce humain se présenta en rade du tunnel stellaire où nous étions stationnés. C'était le vieux Montolio, le naute qui avait aidé Angraema et Círdan et avec qui j'avais sympathisé. Comment il nous avait trouvé, mystère : sur ces points-là, les nautes ne lâchent pas facilement les informations. Toujours est-il qu'au terme de longues semaines de recherche à coup de sauts en hyper-espace et de traçage vectoriel, il avait fini par localiser l'Elbereth. Une leçon de pistage spatial, je dois dire. Il disait avoir quelque chose d'important à nous remettre.
— Je suis désolé de me faire le pourvoyeur de mauvais augure, les enfants, fit-il tristement en amenant à notre bord un gros caisson à motricité magnétique. Mais j'ai juré à quelqu'un de vous apporter cela. Je vous laisse en prendre possession.
Derrière lui et son bio-chien suivait une grande boîte oblongue, qu'il dirigea jusqu'à la salle où nous avions installé notre état-major.
— Je ne sais pas si c'est vraiment approprié, observa-t-il d'un air sombre en voyant le désordre qui régnait dans la salle des commandes où nous avions instauré veille informatique et réunions de crise, jonchée de vêtements, de coussins, de plaids, de nourriture en tout genre et de tasses de Nes. Mieux vaudrait cet endroit que vous appelez le cœur du vaisseau, avec cet arbre en verre magique.
D'un signe du menton, j'acquiesçai. Depuis la disparition de Ren, c'était moi la plus gradée sur l'Elbereth, et c'était donc moi qui prenais les décisions. Les ældiens étaient des gens acceptant le leadership d'un chef fort et mérité, et encore plus celui d'une matriarche en colère dont on avait enlevé le consort. Personne ne m'avait jamais contesté ce rôle dans la compagnie formée pour le sauvetage de Ren, Śimrod et Isolda.
Montolio fit repartir son caisson dans les couloirs, le menant jusqu'au pied de l'arbre-lige. Tout le monde suivit, Lathelennil, Angraema sous son bras, Círdan, Arda, Roggbrudakh, même Dea. Seule Elbereth, après avoir échangé un regard silencieux avec cette dernière, décida de rester dans la salle des commandes pour continuer sa veille sur les cartes holographiques.
Arrivé au pied de l'arbre, Montolio coupa le système anti-gravité qui maintenant la boîte en l'air, qui se posa au sol. Tout le monde se réunit autour. Une grande curiosité, mais aussi une petite odeur âcre d'angoisse, flottait dans l'air.
Il s'agissait d'un caisson anti-radiation : je le reconnus tout de suite. D'ailleurs, Montolio portait une combinaison keihilin. Il savait que ce qu'il transportait était radioactif.
— Je l'ouvre, nous annonça-t-il, son petit boîtier toujours en main.
Le couvercle de la boîte glissa dans un bruit, révélant des ossements. Deux crânes, une colonne vertébrale, des mains et des pieds, deux ersatz de cages thoraciques.
— C'est un squelette d'ædhel, murmura Arda. Un squelette de mâle : regardez les os de la cage ventrale.
Cela semblait l'être, en effet. L'aspect vitrifié des os allongés, les canines pointues sur la mandibule supérieure, la longueur des doigts... Et, surtout, les deux boules de verres miroitantes encore fumantes, qui devaient être un cœur solénoïde et un cristal-cœur fossilisé. À côté, recroquevillé en bien plus mauvais état, il y en avait un plus petit, ressemblant à celui d'un singe, ou d'un enfant. Un examen plus approfondi nous montra qu'il s'agissait d'un squelette humain, celui d'un individu à peine plus grand que moi.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...