Chapitre sans titre 16

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Après avoir sauté dans nos vêtements laissés la veille ça et là dans la chambre, Nous nous dirigeâmes vers le réfectoire, dont le bruit nous rappela vite à la réalité.

Au bout de la table, Auguste riait avec les membres de la confrérie. Tous se retournèrent lors de notre passage... Laissant échapper des chuchotements. 

Je n'en avais que faire, mon cœur était encore léger et mes sens encore éprouvés par nos ébats du matin. Simon me regardait avec ses yeux tendres, et comme si nous étions seuls au monde, il annonça d'une voix audible de tous:

-"Aahhh... Je meurs de faim!! Pas toi Mi Amor?"

Il fut tellement spontané, qu'il fit battre mon cœur d'amour encore un peu plus fort...C'était un ange...Un joyau qui me faisait le privilège d'être à mes côtés.

D'un air enjoué, mais cependant un peu plus dans la retenue, je répondais:

-"Moi, je meurs de soif!!! On se rejoint à table, Ok?"

Tandis que Simon se préparait une assiette au buffet, je traversais la pièce pour aller m'installer à côté de Niels. Il m'accueillit d'une tape sur l'épaule. Henri se trouvait en face et gardait une place à côté de lui pour Simon. Il me tendit le poing pour que j'y réponde avec le mien. Sur son visage je pouvais lire qu'il préparait une tirade comique...Je n'eus pas le temps de dire mot:

-"Alors mec... et ton nouveau coloc? Ppfff"

Je pouffai de rire... Niels lui souriait et ne put se retenir de m'accompagner. La journée commençait d'une manière qui me satisfaisait bien! 

La confrérie répondit à notre bonne humeur, par une augmentation du niveau sonore. Je pouvais alors entendre des bribes de conversation: ... Il abuse le remplaçant... T'as vu l'allure que ça donne...On va encore passer pour des nuls... En représentation officielle...Ppff franchement...

Je ne pouvais discerner qui parlait, mais je compris vite que mes anciens compagnons...que dis-je mes soit disant frères, m'avaient trouvé un sobriquet minable, certainement pour me montrer encore une fois que je n'étais pas à la hauteur de la couronne.

Je serrai les doigts autour de ma serviette... Niels qui commençait à me connaître, mit fraternellement sa main sur mon avant bras. Je profitai de l'occasion:

-"C'est comme cela qu'on m'appelle? Hein ...Le remplaçant??"

-"Ils ne savent pas quoi inventer pour te faire perdre la face...Votre bonheur saute aux yeux, et pour eux c'est insupportable".

Henri rajouta:

-"En même temps... Vous envoyez du lourd les mecs...Franchement vous assumez de ouf!"

Je suivais le regard de ce dernier, qui me montrait Simon rapportant deux assiettes. C'est vrai qu'il avait raison...Notre couple rayonnait. Nous ne faisions qu'un, même dans les tâches les plus insignifiantes du quotidien. 

Simon me souriait... Soudain, Vincent se recula bruyamment pour attirer l'attention, et lui adressa la parole d'une manière hautaine :

-"Hey...Fais gaffe le parvenu...T'as une tâche!"

Pendant que le bout de tablée réagissait en s'esclaffant, je vis Simon se figer... Il souffla lentement, comme pour se donner la force de ne pas répondre et vint s'installer à côté d'Henri. 

Soutenu par Auguste et les autres "bourgeois", Vincent continua ses propos homophobes:

-"Ben dit donc...On avait parié qu'il ne pourrait plus marcher... A croire que même pour ça... Wilhelm n'arrive pas à assurer!!"

Auguste se permit d'ajouter d'un ton ironique:

-"Ou peut-être qu'ils attendent le mariage!? Le remplaçant et le croqueur de diamant...Sacré faire-part!"

Simon me regardait avec insistance... il voyait bien que la moutarde me montait au nez...Il essayait temps bien que mal de me calmer en caressant mes jambes avec les siennes.

Vincent prit une voix ridicule, comme pour nous donner le coup de grâce:

-"Oh oui...Vas-y Wille... Ouhhh ohhh....Mets la moi bien profond...."

Cette mise en scène rendit hilares ses compagnons de table.

 En une fraction de seconde j'étais debout, prêt à en découdre avec eux... Niels essaya de me retenir par la manche, mais ma détermination était trop grande. 

Sans même m'en rendre compte, j'étais déjà à la hauteur de Vincent. Je me plaçai volontairement derrière lui. Auguste me faisait face. 

Je posai sans ménagement mes deux mains sur les épaules du blond, lui comprimant les articulations. J'étais décidé à faire enfin taire toutes ces mauvaises langues. Je pris un ton rigide et monocorde, et me rapprochai de son oreille:

-"Et si c'était le Prince...Euhhh non pardon...Le remplaçant qui aimait se la prendre... Hein?  Vous en diriez quoi, toi et ta petite bande de royalistes au rabais!?"

Je  pouvais lire du dégoût sur le visage d'Auguste. Je rajoutai:

-"Simon...Comment vous l'appelez déjà...Enfin bref..." 

Je marquai un temps d'arrêt...Pour donner une ampleur plus théâtrale puis repris:

-"C'est un amant formidable!!"

Je repartis m'assoir à ma place, et fis mine de déjeuner tranquillement. Henri avait le visage tel un cartoon. Niels me mit la main sur l'épaule. Seul Simon me regardait d'une façon interrogative. Il déglutit difficilement, et m'adressa d'une voix chevrotante:

-"Wille...Il faut qu'on discute..."

Je baissai les yeux et regardai mon assiette...J'étais peut-être aller trop loin...


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