Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)

Chapitre 79 - REMUS LUPIN

Une nouvelle semaine s'écoula à Poudlard, depuis leur escapade dans les fonds du lac, dans cette Salle de la Carte inondée. En ce samedi midi, dans un château qui semblait prêt à se retrouver enterré sous des tonnes de neige, il régnait l'agitation habituelle d'avant-match de Quidditch dans la Grande Salle. La deuxième rencontre de ce tournoi opposait cette fois-ci Serpentard à Serdaigle et Remus ne s'était pas rappelé avoir vu autant de défiance entre ces deux maisons.

Mais aujourd'hui, il n'avait pas le cœur à s'en préoccuper. En ce début du mois de décembre, il s'était senti courbaturé et nauséeux. La raison était simple : une nouvelle pleine lune allait apparaître dans le ciel, cette nuit. Et même s'il savait que, comme d'habitude, James, Sirius et Peter allaient le rejoindre sous leur forme d'Animagus, il devait encore endurer cet état de faiblesse douloureuse qui le prenait avant chaque transformation.

Alors qu'il se laissait tomber sur le banc à la table des Gryffondor avec les trois autres, une Eugénie peinée vint se blottir contre lui.

- Oh, mon pauvre chéri, dit-elle, tu es encore malade ?

Il acquiesça.

- Je ne serai pas là ce week-end, dit-il, mais ne t'inquiète pas, tu sais que je m'en remets toujours.

Habituellement, il aimait les caresses attentionnées d'Eugénie. Mais dans cet état, il avait presque l'impression que son corps faisait une réaction allergique lorsqu'il la sentait lui caresser la nuque.

- Remus ?

- Mmh ?

- Est-ce que... Qu'est-ce que tu as ?

Il tourna un regard vers elle. Il se sentait irrité par cette question mais il essaya de transformer son sentiment en une expression d'incompréhension.

- Je suis malade, tu le sais bien. J'ai toujours eu une santé fragile.

- « Une santé fragile », ce n'est pas le nom d'une maladie, rétorqua Eugénie, qu'est-ce que tu as ?

A contrecœur, Remus se servit quelques toasts et tressaillit lorsqu'il entendit Bertram Aubrey, vêtu de sa longue cape de Quidditch bleue, hurler à l'avance à la victoire de Serdaigle, cet après-midi.

Comme il ne répondait pas, Eugénie soupira.

- Remus, dans à peine trois semaines, ça fera deux ans qu'on est ensemble, dit-elle, je pense avoir mérité le droit de savoir ce que tu as. Je t'ai vu t'éclipser dans cette infirmerie des dizaines de fois depuis qu'on est en couple et je n'ai jamais rien dit, j'ai toujours cherché à ne pas t'embarrasser mais... Je me disais qu'au bout d'un moment, peut-être que tu te livrerais à moi. Mais après deux ans, toujours rien. Est-ce que tu comptes me dire ce que tu as un jour ?

Remus soupira. Il s'était déjà disputé de temps en temps avec elle mais la patience dont ils faisaient preuve l'un envers l'autre avait toujours fini par sauvegarder leur couple. Mais aujourd'hui, il savait d'avance qu'il n'aurait pas la patience d'être diplomate ou de faire des compromis.

- Non, dit-il simplement, le regard dans le vide, je ne pense pas, non.

Cette fois, Eugénie cessa de le caresser et le regarda avec une expression vexée sur le visage.

- Quoi, tu... Tu veux dire que tu ne me fais pas confiance ? Et que tu ne me feras jamais confiance ?

- Je ne veux pas parler de ça.

- Ah oui ? Eh bien ça tombe mal, Remus, parce que je viens d'apprendre que non seulement mon petit-ami ne me fait pas confiance mais qu'en plus, il ne compte pas me donner un jour sa confiance !

- Je n'ai pas dit ça...

- C'est ce que tu as dit. Je suis sûre que James, Sirius et Peter savent ce que tu as, eux. Evidemment ! Eux, tu leur fais confiance !

Remus ne répondit pas. Mais cela agit sur Eugénie comme une confirmation de ce qu'elle venait de dire.

- Très bien, fulmina-t-elle, visiblement furieuse, garde tes secrets. Mais tu aurais dû me prévenir que ça allait être ça, notre histoire : des secrets et de la méfiance envers l'autre !

- Ce n'est pas ce que je... Oh, laisse tomber, je ne suis pas d'humeur, aujourd'hui.

Remus poussa son assiette à peine entamée et se leva en chancelant. Il jeta un bref regard à James, Sirius et Peter.

- Je ne suis pas assez en forme pour assister à ce match de Quidditch, leur dit-il, je vais directement à l'infirmerie.

Et, sans attendre de réponse, il quitta la Grande Salle, laissant derrière lui une Eugénie boudeuse.