Chapitre 117 - REMUS LUPIN

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- Eugénie ? Il faut qu'on parle.

C'était dit sur un ton si sombre que Remus avait l'impression que tous les élèves assis autour d'Eugénie avaient compris ce qui allait se passer ensuite. Comme ils ne voulaient pas se donner en spectacle, ils quittèrent la Grande Salle et se rendirent dans le parc pour se mettre à marcher autour du lac. Eugénie restait enfermée dans un silence boudeur mais, Remus le sentait, elle semblait remplie d'appréhension.

Un silence glacial s'était installé entre eux alors qu'ils longeaient la rive du lac. Il décida d'y mettre un terme.

- J'ai appris ce que tu avais fait, cette nuit, laissa-t-il tomber, on ne peut plus continuer comme ça.

Eugénie ne répondit pas. Elle ne lui adressa aucun regard. Elle continuait à marcher, les bras fermement croisés.

- Je n'arrive pas à croire que tu te sois rendue dans la Forêt interdite, poursuivit Remus, et que tu aies entraîné Lily avec toi...

- Je n'ai jamais demandé à Lily de me suivre, fit Eugénie, sortant soudainement de son silence, et ne me parle pas comme ça. Ce n'est certainement pas à toi de me faire la morale à ce sujet. Tout le monde parle sans cesse des Maraudeurs et de leurs sorties dans la forêt, les nuits. Ne va pas croire que je sois assez naïve pour penser que c'est faux.

Remus poussa un soupir agacé.

- Ne change pas de sujet, dit-il, la question n'est même pas que tu te sois rendue dans la Forêt interdite. C'est la raison pour laquelle tu y étais.

Cette fois, Eugénie s'arrêta net et redressa vers lui un regard rond.

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire par « la raison » ?

- Ne me prends pas pour plus stupide que je ne suis, s'irrita Remus, je sais très bien ce que tu fichais au beau milieu de la Forêt interdite en pleine nuit. Tu voulais savoir ce qu'est ma maladie.

Cela désarçonna complètement Eugénie, comme si elle était prise par surprise. Mais elle parvint à se ressaisir et à reprendre son rôle de fille froide et en colère.

- Ah oui ? Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Remus ne daigna même pas entrer dans son jeu.

- Je t'ai demandé de rester à l'écart de ces moments-là, fulmina-t-il en se mettant à faire les cent pas, je t'ai déjà dit que ces périodes de... de maladie m'appartenaient. Mais tu n'as pas pu respecter ça...

- Oh, arrête ! Ne joue pas au petit-ami trahi. Tu veux parler de trahison ? Alors essaye de te figurer l'effet que ça m'a fait quand j'ai compris que mon copain me mentait depuis le début de notre relation !

- Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne t'ai jamais menti.

Ce n'était pas tout à fait vrai ; il y avait bien un mensonge que Remus était obligé de laisser passer, dans sa relation avec Eugénie. Mais en-dehors de son secret, il ne lui avait jamais menti.

- Ah oui ? C'est vrai ? Et cette histoire de maladie, justement ? Je sais que c'est faux. C'est une de vos combines pour faire vos sorties nocturnes avec James, Sirius et Peter, n'est-ce pas ?

- N'importe quoi... D'où tu tiens des choses aussi...

- Tu vois ? s'écria presque Eugénie. Tu continues à me mentir ! Je t'ai entendu parler avec James et Sirius, hier matin, juste après le cours de Potions. Oh... Qu'est-ce que tu disais, déjà ? Ah, oui ! Que tu comptais retrouver tes amis cette nuit dans la Forêt interdite ! Cette nuit que tu étais censé passer dans l'infirmerie à cause de ta prétendue maladie.

- Tu nous espionnes, maintenant ?

- Vous espionner ? Mais Remus, on était tous dans les escaliers qui remontaient des cachots ! De quel genre d'espionnage tu parles ?

Il soupira. S'il y avait bien quelque chose qui faisait défaut aux Maraudeurs, c'était la discrétion. Il repensa à cette nuit. Eugénie, Lily, James... Ils avaient frôlé la catastrophe avec ces zombies. Tout cela à cause de lui. Et cela aurait pu être bien pire si Eugénie ne s'était pas retrouvée face à quelques zombies mais face à lui, sous la forme d'un loup-garou.

Il fut parcouru d'un frisson à tel point qu'il crut qu'il allait faire un malaise. Une horrible image venait de traverser son esprit. Lui qui se réveillait dans la Forêt interdite, le lendemain d'une nuit de pleine lune, et qui se rendait compte qu'à ses pieds gisait le corps déchiqueté et démembré d'Eugénie.

- On ne peut plus continuer, laissa-t-il tomber en essayant d'ôter cette horrible image de sa tête, toi et moi, c'est fini.

Si Eugénie avait réussi à rester dans son rôle de fille en colère, cette fois, elle le quitta définitivement. Elle devint soudainement blême et le regarda avec horreur.

- Q-quoi ? Non... Non, on ne peut pas juste... Ce n'est pas une solution, Remus, on ne va tout bazarder pour...

- J'y ai vraiment cru, dit-il, mais c'était une erreur. Je suis désolé mais on ne peut plus... On doit rompre, on n'a pas d'autres choix.

Il quitta des yeux Eugénie ; il n'avait vu que sa lèvre inférieure qui tremblait et ses yeux qui s'étaient remplis de larme et c'était déjà trop douloureux.

- Ne me quitte pas... juste pour ça, gémit-elle, c'est trop stupide... D'accord, j'ai fait une erreur... Tu veux garder tes secrets, j'ai compris. Je te jure que... Mais si tu me promets qu'un jour, tu me diras tout, j'attendrai, je te le promets. Remus ? Remus, écoute-moi...

Elle avait passé une main dans sa nuque. Il fit un pas en arrière pour s'éloigner d'elle.

- Non, c'est trop tard...

Il s'obligea, cette fois, à affronter le regard horrifié d'Eugénie.

- Tu ne m'aimes plus ?

Bien sûr que je t'aime ! Mais... Non. Il ne pouvait plus lui répondre une telle chose, à présent. Car il préférait de loin une Eugénie bien vivante qui lui en voulait qu'une Eugénie morte qui savait qu'il était toujours amoureux d'elle.

- Non, s'efforça-t-il alors de répondre, je ne t'aime plus...

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant