Chapitre 76 - SEVERUS ROGUE

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Dès qu'ils furent de retour dans la salle commune des Serpentard, Severus descendit quatre par quatre les escaliers qui menaient à son dortoir, le cœur battant. Il était extrêmement déçu de n'avoir trouvé que deux malheureuses fioles de souvenir chez les Gaunt mais, à présent, tout ce qu'il voulait, c'était les consulter.

Une fois arrivé dans le dortoir des garçons de sixième année de Serpentard, il traversa la pièce sur la pointe des pieds. Mulciber ronflait toujours, dans son lit. Et tous les autres semblaient tout aussi plongés dans un profond sommeil. Avec précaution, Severus sortit la pensine de sous son lit et fit le trajet inverse sans faire de bruit. Il grimpa les escaliers en colimaçon jusqu'à la salle commune et posa la pensine sur la table réservée aux devoirs, entre Regulus et Narguise.

Severus se rendit compte qu'il était essoufflé.

- Allez, souffla-t-il, regardons ce que nous avons trouvé.

- Vous croyez que c'est une bonne idée ? fit Regulus. Faire ça au beau milieu de la salle commune... On risquerait de se faire surprendre, non ?

- Il est deux heures du matin, Reg, répliqua Narguise, on ne risque rien. Tout le monde dort.

Alors, Regulus sortit (trop lentement, à la grande exaspération de Severus) les deux fioles qu'ils avaient ramené de Little Hangleton. Il en déboucha une et versa son contenu dans la pensine. Severus remarqua, à son grand désespoir, qu'il n'y avait que très peu de liquide argenté dedans ; le souvenir n'allait pas durer longtemps.

Mais Regulus, Narguise et lui plongèrent tout de même dans la pensine et coulèrent tout au fond de ce souvenir brumeux. C'était comme s'ils étaient revenus sur leurs pas. La maison des Gaunt, plongée dans la nuit. Insalubre, sale, infestée... Mais d'une autre manière que la version qu'ils avaient visité cette nuit. La maison des Gaunt, aujourd'hui, était misérable mais elle semblait insalubre car abandonnée. Dans ce souvenir, elle n'était clairement pas abandonnée. Quelqu'un vivait ici. La table était pleine de vaisselle sale, d'aliments et de restes qui pourrissaient et de grosses toiles d'araignées recouvraient le plafond.

Morfin Gaunt était affalé sur le canapé, proche de la cheminée. Il semblait plus jeune. Son visage était moins ravagé (même s'il l'était tout de même), ses cheveux gras étaient plus noirs mais il était tout aussi sale. On aurait dit un clochard qui squattait cette vieille maison.

Alors, c'était comme si la scène se rejouait ; quelqu'un donnait de grands coups à la porte close. Était-ce de nouveau la Police magique ? Peut-être que c'est le souvenir de l'incarcération de Morfin Gaunt ? Regulus a dit qu'il s'était fait enfermer à Azkaban pour avoir tué un Moldu.

Réveillé en sursaut, le descendant de Serpentard attrapa avec vivacité sa baguette magique et un poignard, prêt à défendre son territoire. La porte s'ouvrit en grinçant, dévoilant un jeune homme dans l'embrasure de la porte, une lampe ancienne à la main. Il était grand et mince, sa peau était très pâle mais son visage reflétait d'une beauté qu'on ne voyait que très rarement. On aurait pu le prendre pour un prince charmant d'un conte de fée s'il n'y avait pas cette froideur implacable qui luisait au fond de ses yeux.

En le voyant apparaître devant chez lui, Morfin bondit sur ses pieds et tenta de se jeter dessus. Ses réflexes semblaient être diminués par l'alcool.

- TOI ! hurla-t-il avec démence. TOI !

Un étrange sifflement émana de ce jeune homme qui devait avoir le même âge que Severus. Morfin se figea... Et il siffla à son tour. Tout le reste de la scène ne se résuma qu'à cela. Des sifflements entre les deux hommes... Avant que tout ne se plonge dans le noir.

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant