Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)

Chapitre 174 - JAMES POTTER

Les Maraudeurs ne restèrent pas longtemps à l'infirmerie. Mrs Pomfresh avait soigné leurs blessures superficielles en un rien de temps et, quelques heures avant midi, ils se retrouvèrent tous dans leur QG. Les rayons d'un soleil pâle filtraient entre les petites gouttes de pluie qui continuaient à tomber pour finalement passer par la grande fenêtre ronde de l'ancienne salle de classe d'Alchimie.

Ils se racontèrent comment ils s'étaient retrouvés dans les souterrains de Gringotts à affronter les Mangemorts. James commença son récit en expliquant comment Evans et lui avaient poursuivi Hornbeam, le fabriquant des Bâtons des Illusions, jusqu'à la banque des sorciers. Sirius, lui, avait suivi Rogue, Regulus et Everglade avec Nausicaa parce que celle-ci lui avait demandé de l'aide.

Mais le récit le plus surprenant fut celui de Remus. Ce dernier leur raconta le dernier souvenir de Kiara Potter qu'il avait consulté avec Peter et Stella, comment le portrait de Kiara avait ouvert un portail entre la crypte et le coffre des Potter à Gringotts et comment tous les trois s'étaient finalement retrouvés piégés par les Mangemorts.

Et vint finalement la question cruciale : qu'avait fait Hornbeam des clefs permettant d'avoir accès à la source de magie ancienne que Kiara Potter avait tenté de mettre à l'abri.

- Vous y croyez, à la théorie de Dumbledore, vous ? demanda Peter d'une voix hésitante. Comme quoi les Mangemorts auraient eu les clefs avec eux dès le départ ?

Remus se gratta le menton.

- En tout cas, les clefs ne se trouvaient plus sur le corps de Hornbeam et c'était lui la dernière personne qui les avait.

- Oui, jusqu'à ce qu'on le perde de vue à cause de ces maudites Portes de Verre, grommela Sirius, le temps qu'on le rejoigne dans la Forêt interdite, il a pu se passer n'importe quoi. Je vous rappelle que les Portes de Verre distendent le temps. Hornbeam aurait pu avoir une heure voire deux devant lui avant qu'on ne le rejoigne. Il avait largement le temps de les cacher quelque part dans la Forêt interdite.

- Tu oublies Bellatrix, dit Remus d'un ton sombre, il me semble qu'elle a traversé la porte quelques secondes après Hornbeam. Elle aussi a dû avoir le droit à un petit moment seule en tête à tête avec ce type. Peut-être que Dumbledore avait raison. Peut-être qu'elle a tué Hornbeam, qu'elle a ramassé les clefs et qu'après, toute cette histoire d'interrogatoire n'était qu'une simple mise en scène.

James balaya tout ceci d'un revers de la main.

- Inutile de se tourmenter, dit-il, on ne saura jamais la vérité. A moins de retourner toute la terre dans la Forêt interdite pour vérifier si Hornbeam a bien enterré les clefs quelque part avant de mourir, toutes les théories sont peut-être vraies.

- Mais... Ça ne te fait pas peur, toi ? hoqueta Peter. De savoir que Tu-Sais-Qui est peut-être à deux doigts d'avoir le pouvoir de la magie ancienne ?

James haussa les épaules.

- Pas plus que de savoir qu'il a créé des Vrykolakas, dit-il, peu importe quel autre coup tordu il prépare, on sera toujours là pour se mettre en travers de son chemin. Et nous ne serons pas les seuls. Dumbledore a réuni les sorciers et les sorcières les plus puissants autour de lui pour former l'Ordre du Phénix. Et bientôt, on les rejoindra.

Sirius semblait déjà partant. James regarda Remus pour savoir ce qu'il en pensait. Il les toisait avec gravité.

- Dumbledore a fondé l'Ordre du Phénix parce qu'il ne croit pas en l'efficacité du Ministère de la Magie pour lutter contre les Mangemorts et Vous-Savez-Qui, dit-il avec un sérieux qui retint l'attention des trois autres, rien que ça, ça devrait nous montrer à quel point la situation est grave. Rejoindre cet ordre me paraît être naturel. Mais pour ça, les gars, il va falloir mûrir. On ne peut plus se comporter comme des étudiants de Poudlard en quête de sensations fortes. C'était le bon temps, je vous l'accorde ; ces moments où tout ce qu'on voulait, c'était explorer le château et le parc, résoudre des énigmes et connaître le grand frisson. Mais aujourd'hui, c'est sérieux. Des gens meurent, l'avenir du monde des sorciers est compromis et l'enjeu est colossal. On rejoindra l'Ordre du Phénix, d'accord. Mais pas pour avoir l'opportunité de se battre ou par goût du danger. On rejoindra l'Ordre du Phénix pour lutter contre une force obscure qui menace le monde.

Un long silence précéda les paroles de Remus. Tous les Maraudeurs, assis sur les canapés et fauteuils réunis autour de la cheminée éteinte du QG, se regardaient avec gravité.

Puis, James hocha la tête.

- Tu as raison, dit-il, le temps de l'enfance est définitivement terminé. Ce n'est pas un jeu. C'est la vie d'un nombre vertigineux de personnes qui peut basculer à cause des Mangemorts. Alors on attendra que Dumbledore, mon père ou même Maugrey nous estiment dignes de faire officiellement parti de l'Ordre.

Sirius s'adossa au dossier de son fauteuil et James en fit autant. Un nouveau silence songeur s'installa dans l'ancienne salle de classe. Peter avait le regard dans le vide, comme s'il essayait de lire l'avenir dans les cendres de la cheminée. Remus regardait par la fenêtre ronde, comme s'il se demandait quelles autres attaques les Mangemorts fomentaient.

Puis, d'une voix plus détendue, Sirius brisa ce silence :

- Au fait, Cornedrue, je suppose que tu as perdu ton pari.

James savait directement de quoi il parlait.

- Ah vraiment ? Tu crois ça, toi ?

- Non, je le sais. Tu ne sors pas avec Evans, que je sache ?

- Oh, mais l'année n'est pas encore terminée.

- Tu parles ! Il ne te reste que deux jours avant le début du mois de juillet. Bonne chance, mon pote !

- Deux jours, c'est jouable, répliqua James en joignant les mains derrière sa tête.

Remus eut un soupir exaspéré ; qui restait en décalage avec les yeux rieurs qu'il avait.

- Vous vous souvenez quand on a dit qu'il faut que l'on mûrisse il y a à peine une minute ou deux ?