Chapitre 77 - PETER PETTIGROW

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Cette fois-ci, ils étaient profondément sous terre. Dans ce nouveau souvenir, les quatre professeurs de Poudlard traversaient un pont rocheux qui enjambait un vide abyssal qui plongeait vers les entrailles de la terre. Une certaine tension régnait, dans leur comportement. Peter remarqua qu'ils avaient tous sorti leurs baguettes magiques et qu'ils avançaient avec détermination.

Alors que les Maraudeurs suivaient ces professeurs sur le pont de pierre, celui-ci semblait filait jusqu'à une étrange arcade faite de métal de laquelle sortait une lumière d'un bleu pâle et agressif. Dans une sphère cerclée d'un métal noir et agressif, ce qui semblait être de la magie à l'état pure rayonnait dangereusement. Les quatre professeurs regardaient cela avec horreur.

Peter ne la vit arriver qu'au dernier moment. Une femme vêtue d'une somptueuse robe noire marchait tranquillement à la rencontre des professeurs. Il mit du temps avant de la reconnaître. Car dans ce souvenir, Isidora Morganach était une adulte et une sorcière confirmée.

Elle eut un sourire, alors qu'elle se plaçait entre la source de magie et les professeurs. Elle aussi avait sorti sa baguette.

- Mais qu'avez-vous fait ? s'horrifia Percival Rackham.

- Respirez, répondit Morganach avec un sourire dément au visage.

- Des élèves, Isidora ? souffla Rackham.

- Tout le monde souffre. Pourquoi ? A cause de votre arrogance. De votre obsession pour les secrets. Plus personne ne souffrira. Ni mon père, ni même mes élèves, personne.

Mais les quatre professeurs avaient déjà adopté la position d'un sorcier s'apprêtant à se lancer dans un duel.

- Isidora ! Lâchez cette baguette, fit Rackham d'un ton ferme.

- Professeur ! protesta alors Morganach. Vous vouliez que j'apprivoise mon pouvoir ! Pas... Pas que je l'abandonne !

Peter avait presque l'impression que ce Rackham avait le cœur brisé.

- Je ne vous ai pas enseigné cela... Expelliarmus !

Une vive lumière rouge jaillit de la baguette du vieux professeur mais, d'un geste nonchalant, Morganach fit apparaître un bouclier contre lequel le maléfice ricocha. Mais Peter le voyait à l'expression de cette femme : pour elle, c'était une véritable trahison. Et après le chagrin que pouvait provoquer une trahison venait la colère.

Elle ne prononça pas un mot. Une étrange lumière noire et rougeoyante jaillit de sa baguette pour exploser sur les professeurs. Les sorciers furent jetés au sol, complètement sonnés. Namh Fitzgerald heurta violemment un rocher et roula sur le sol pour y rester inerte. Rackham regardait cela, plus horrifié que jamais.

Il passa alors à l'attaque. Un rayon de lumière bleu fusa de sa baguette mais son maléfice heurta celui de Morganach ; un jet lumineux d'un violet menaçant. Les sorts entrecroisés se mirent à lutter l'un contre l'autre. Mais la femme semblait gagner sans même faire d'effort. Son maléfice dévorait peu à peu celui de Rackham.

Un autre professeur se leva alors. Il se joignit à la lutte. Son jet de lumière bleue percuta celui de Morganach, comme pour équilibrer les forces. Mais même ainsi, l'impitoyable lumière violette qui jaillissait de la baguette d'Isidora Morganach gagnait du terrain et semblait près de terrasser les deux sorciers.

Alors, le professeur au turban se leva et braquant sa baguette sur la femme et hurla :

- Avada Kedavra !

L'éclair de lumière verte foudroya Morganach en moins d'une demi-seconde. Tous les éclats des sortilèges s'évanouirent et la femme s'effondra au sol. C'était terminé.

Rackham regardait, horrifié, le corps de son ancienne élève. Le professeur au turban retourna vers la directrice, toujours inconsciente.

- Elle est en vie, souffla-t-il avec soulagement.

Rackham s'était agenouillé vers le corps sans vie d'Isidora Morganach. Puis, il leva les yeux vers cette source impressionnante de magie qui continuait à briller avec violence, enfermée dans cette sphère de métal noir.

Et le souvenir s'arrêta là.

Les Maraudeurs se retrouvèrent de nouveau dans cette Salle de la Carte vide, ruinée et à moitié envahie par la moisissure. Remus fit quelques pas dans la pièce, visiblement pensif.

- Q-qu'est-ce que vous en pensez ? demanda Peter d'un ton incertain.

- Tous ces souvenirs, dit Sirius, je ne comprends pas le rapport avec Kiara Potter. Est-ce qu'on se serait trompés ? Est-ce que tout cela n'a rien à voir avec l'histoire qui nous intéresse ?

- Non, on ne s'est pas trompés, Sirius, lui assura Remus qui poursuivait ses cent pas, tout cela a bien un rapport avec Kiara Potter. N'oublies pas : elle était capable, comme le professeur Rackham et comme cette Isidora Morganach, de voir les traces de magie ancienne.

- Et comme ces deux-là, elle a été acceptée à Poudlard en cinquième année, ajouta James.

- Oui. Rappelez-vous ce qu'on a vu dans la bibliothèque, l'autre jour : les « late-bloomers » ont souvent la faculté de voir la magie ancienne.

- Attends... Tu crois que cette espèce de boule lumineuse qu'il y avait dans le dernier souvenir, fit Sirius d'un ton songeur, c'était de la magie ancienne.

- Apparemment, malgré les interdictions de Rackham, Morganach en a fait quelque chose de dangereux. Ces quatre professeurs sont les gardiens de cette magie ancienne.

- Et c'est leurs épreuves que Kiara devait passer pour retrouver cette magie ancienne, fit James, mais... pourquoi ? On ne le sait toujours pas.

- Si tu veux mon avis, à l'époque de Kiara, il devait y avoir une menace, quelqu'un qui voulait s'emparer de la puissance de la magie ancienne pour son compte. Qui ? Grindelwald, peut-être ? Non, je ne pense pas qu'il existait déjà, à cette époque.

- On devrait rentrer, intervint Peter, il se fait tard et on va finir par attraper quelque chose en restant ainsi, trempés de la tête aux pieds. Après une bonne nuit de sommeil, on pourra réfléchir à tout ça.

Personne ne semblait contre son idée ; même Remus était d'accord avec lui.

- Tu as raison. Rentrons. Nous en reparlerons à tête reposée.

Le chemin du retour fut certes désagréable, mais au moins, ils ne recroisèrent pas ces maudits selkies. Lorsqu'ils percèrent la surface du lac, Poudlard – leur Poudlard de leur bonne vieille année 1976 – se dressait toujours sur sa falaise rocheuse, sous une tempête de neige.

Transis de froid, les Maraudeurs nagèrent jusqu'au château, retournèrent à leur dortoir, prirent une douche bien chaude... Et Peter s'endormit très vite dans la chaleur de son lit.

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant