Chapitre 5 - LILY EVANS

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Lorsque la voiture cala à nouveau, Lily ne put s'empêcher de frapper le volant de rage et de frustration.

- Ça ne sert à rien, Maman ! s'exclama-t-elle. Je ne saurais jamais conduire une voiture de toute ma vie ! Et puis, je suis une sorcière. Quel serait mon intérêt d'avoir le permis de conduire ?

La voiture que Maman prenait habituellement pour faire ses courses ou se rendre à son travail s'était arrêtée au beau milieu d'un parking désert, devant une grande surface fermée.

- Tu es peut-être une sorcière, mais tu viens aussi d'une famille de Moldus, rétorqua Maman avec sagesse, c'est un peu comme si tu avais deux origines, tu ne crois pas ? Tu es dans les deux mondes. Ce serait dommage de te priver de la richesse que peuvent t'offrir deux mondes. Alors oui, peut-être que tu n'auras jamais l'utilité de savoir conduire une voiture. Ou peut-être qu'un jour, ça te servira.

Malgré sa frustration, Lily ne put s'empêcher d'éprouver une certaine admiration pour la sagesse dont pouvait faire preuve sa mère. Mais le fait était là : elle était incapable de faire deux mètres sans caler.

- Je ne sais pas m'y prendre avec ce genre de choses, déplora-t-elle finalement, les deux mains crispées sur le volant.

- Tu sais parfaitement t'y prendre. Tu es juste... trop dure avec toi-même, comme toujours. Tu ne supportes pas l'échec.

Maman avait probablement raison. Le professeur McGonagall lui avait dit la même chose lors de son conseil d'orientation, en février dernier.

- Bon, d'accord, soupira-t-elle, je veux bien réessayer.

- Non, pas ce soir, dit Maman, tu es trop énervée, ça ne donnerait rien de bon. On va rentrer, qu'en penses-tu ?

Le soleil commençait à décliner ; à l'horizon, le minuscule point rouge qu'était à présent le Némésis repointait le bout de son nez, s'éloignant toujours plus chaque nuit. C'était étrange de se dire que, même si Maman, Papa ou Pétunia levaient le nez vers le même ciel qu'elle, ils restaient incapables de voir ce deuxième soleil qui se trouvait dans le ciel depuis quelques mois.

- Bon, d'accord, dit Lily en lâchant le volant et en détachant sa ceinture, je commence à avoir faim, de toute façon... Oh ! Est-ce que tu pourrais éviter de raconter à Pétunia que je n'arrive pas à conduire une voiture ?

- Oh, ne t'inquiète pas, ta sœur ne sera pas un problème. Papa l'a emmenée à Little Whinging ; Pétunia va passer la semaine entière chez son petit-ami.

- Pétunia a un petit-ami ? souffla Lily.

Elle savait que c'était stupide, mais elle se sentit étrangement jalouse de sa grande sœur. Comment se faisait-il que cette peste de Pétunia avait un petit-ami et pas elle ?

- Un garçon de son lycée, elle en est folle. Il s'appelle Vernon, d'après ce qu'elle nous a raconté. Je ne l'ai jamais rencontré, cependant. J'espère que c'est quelqu'un de bien ; et de patient, pour supporter les caprices de ta sœur.

Lily ne put qu'échanger un petit rire avec sa mère devant cette petite pique. Mais quelque chose la titillait étrangement, face à cette nouvelle. Elle s'entendait à nouveau dire à Nausicaa, l'année dernière : Je vais finir toute seule, personne ne veut de moi, je vais finir toute seule...

Elle remarqua alors que sa mère la regardait d'un air préoccupé, depuis le siège du passager.

- Ma Lily-puce ? Tu ne veux pas me parler de Thimothée ?

Lily sentit son cœur se serrer. Elle évita de croiser le regard de sa mère.

- Thimothée ? Euh... On n'est plus ensemble... Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire...

- Lily, ton père et moi, on connait toute l'histoire. Le professeur McGonagall nous a écrit après ce qui s'est passé durant ta quatrième année. On était à deux doigts de débarquer à Poudlard pour te ramener ici quand on a appris ça mais ton professeur nous a convaincus que tu étais assez forte pour continuer. Elle avait raison bien sûr, mais... Après cela, nous avons patiemment attendu que tu nous en parles. Mais ça n'est jamais arrivé.

Lily sentit ses yeux qui la piquer.

- Il... Il n'y a rien à dire. Ça s'est passé, c'est tout.

Elle sentit la main douce de sa mère passer entre ses longues boucles rousses.

- Est-ce que tu as eu quelqu'un d'autre, après ? Un autre garçon ?

- Je crois que ce genre de choses, ce n'est pas fait pour moi. Les relations de couple, tout ça... De toute façon, je ne pense pas être capable de faire confiance à un garçon après... après Thimothée. Et je n'intéresse personne, alors...

- Qu'est-ce que tu dis, comme bêtise ? Toi, tu n'intéresserais personne ? Allons, c'est stupide. Tu es la plus belle fille et la plus intelligente de toutes.

Lily eut un petit sourire triste.

- Tous les parents disent ça de leur fille.

- Peut-être, mais là, c'est vrai. Tu es très jolie, intelligente et juste. Tu as des valeurs et tu n'en dévies jamais, ce qui fait de toi une personne forte. Ton père et moi sommes tellement fiers de la jeune femme que tu es devenue, ma grande. Et tu verras, il arrivera un jour où tu rencontreras ce garçon qui changera tout. Celui qui te fera sourire pour un rien, qui te rendra heureuse par sa simple présence et à qui tu donneras ta confiance avec une facilité déconcertante ; et ce même si, par moments, il te fera perdre la tête à cause de certains de ses actes aussi stupides que dangereux.

Entre ses larmes, Lily eut un rire.

- Tu parles de ce garçon hypothétique et moi ou de Papa et toi, là ?

- Un peu des deux, admit Maman.

Elles partagèrent un petit rire complice.

- Dis-moi, reprit Maman, ça te dit qu'on rentre à la maison pour commander des pizzas et passer la soirée devant des films à l'eau de rose ?

- Je crois que Papa préférerait regarder son match.

- Il n'aura pas son mot à dire. Ce soir, c'est toi la cheffe de la maison. Qu'en dis-tu ?

- C'est d'accord, dit Lily qui se sentait déjà un peu mieux, mais il vaut mieux que tu reprennes le volant si tu veux que l'on rentre à la maison en un seul morceau.

- Il vaut mieux, oui !

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant