Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)

Chapitre 16 - SEVERUS ROGUE

- Je vais tuer cette pétasse... Je vous jure que je vais la tuer...

Ce devait être la trentième fois qu'Avery répétait cela entre ses dents alors qu'ils longeaient, dans la nuit, les rails que le Poudlard Express avait suivi quelques minutes plus tôt. Severus avait beau se protéger la tête de sa veste qu'il soulevait au-dessus de lui comme un parapluie de fortune, il était déjà aussi trempé qu'il pouvait l'être. Et en plus de cette pluie qui tombait en trombe, un vent violent à en faire déraciner les arbres qui bordaient le chemin de fer venait les geler jusqu'aux os.

Même si Avery et Mulciber continuaient de pester contre Nausicaa qui les avait éjectés du train, toutes les pensées de Severus ne pouvaient aller que vers ses valises, restées à bord. Il pensa aux deux fioles que les Mangemorts recherchaient et il espérait qu'elles ne seraient pas perdues.

- Mais qu'est-ce qui lui a pris de nous faire ça ? siffla Mulciber qui marchait à ses côtés, fendant la tempête chargée de pluie. On ne lui avait rien fait, nom d'un gobelin !

- Ça me semble évident, Mulci, rétorqua Avery, elle se venge de tout ce qu'on lui a fait subir l'année dernière, dans cette cabane ! Mais elle est allée beaucoup trop loin !

Severus n'était pas d'accord avec cette dernière remarque mais il préféra se taire. Car, en vérité, si Nausicaa voulait leur faire plus de mal, elle aurait pu aisément le leur faire. En commençant par les attaquer bien plus tôt. Si elle les avait éjectés du train quelques minutes après leur départ de Londres, Severus, Avery et Mulciber se seraient retrouvés dans une bien mauvaise posture, à pied et à des kilomètres de Poudlard. Mais, apparemment, elle avait attendu qu'ils soient proches du château, comme pour leur laisser une chance d'atteindre Poudlard. Elle voulait juste qu'ils soient en retard, trempés et probablement punis par les profs.

- Qu'est-ce que c'est que cette lumière, là-bas ? s'exclama soudainement Mulciber en pointant son doigt devant lui.

Ils étaient dans le noir complet ; Severus avait même du mal à voir les rails à ses propres pieds. Alors la moindre lumière se voyait de loin. Et, effectivement, le chemin de fer filait entre les arbres d'une forêt touffue jusqu'à une lumière jaune et chaleureuse, à l'horizon.

- C'est la gare de Pré-au-Lard ! s'exclama Severus de sous sa veste censée protéger sa tête de la pluie. On y est presque !

Il leur fallut encore quelques dizaines de minutes de marche, à longer les rails sous la pluie, avant d'arriver à la gare. Le Poudlard Express s'y trouvait toujours mais il était vide. Sur le chemin qui serpentait jusqu'au château, il n'y avait ni les diligences, ni les Sombrals qui les tiraient habituellement.

- Le festin doit avoir déjà commencé, dit Avery en vérifiant sa montre, on ne s'est même pas changés. On ne passera pas inaperçus, trempés comme on est.

- On s'en fiche ! grogna Mulciber en s'engageant sur le chemin et en pataugeant dans les immenses flaques qui l'inondaient. J'ai trop faim !

Severus et Avery le suivirent. Ils avaient toujours fait ce chemin de la gare à Poudlard en diligence, et ce depuis leur deuxième année. Mais Severus n'avait jamais remarqué à quel point cela représentait une marche aussi longue, lorsqu'on le parcourait à pied.

Il ressentit cependant une certaine chaleur lui envahir la poitrine lorsque, au détour d'un virage, il aperçut le puissant édifice de Poudlard sous la pluie, ses fenêtres éclairées d'une chaleureuse lumière dorée. Et après quelques minutes supplémentaires de marche, ils arrivèrent au portail.