Chapitre 8 - SEVERUS ROGUE

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Ne supportant plus l'ambiance qu'il y avait chez lui, Severus quitta la maison tôt ce matin. Il s'était saisi d'un vélo en piteux état qui était rangé dans le garage et partit dans une longue promenade qui dura plusieurs heures. Même s'il faisait chaud aujourd'hui, de lourds nuages recouvraient le ciel et une odeur de pluie, mêlée à celle odieuse qui venait des abattoirs situés à quelques kilomètres de l'impasse du Tisseur, baignait l'atmosphère.

Midi approchait lorsque Severus arriva à un quartier résidentiel populaire où plusieurs familles ouvrières s'étaient installées dans une misère qui se voyait de loin. Evergrey était composé de plusieurs maisons délabrées aux jardins minuscules envahis de mauvaises herbes. Alors qu'il circulait dans les rues fissurées, son regard se promena sur ces balançoires rouillées, ces cagettes moisies rassemblées dans un coin et ces fenêtres aux rideaux tirés ; ce n'était pas un endroit qui respirait la joie, mais il estimait qu'Evergrey n'était pas pire que l'impasse du Tisseur.

Il s'arrêta au 9, terrasse d'Evergrey et posa son vélo contre le mur d'une maison noircie par la pollution. Il monta sur le perron et frappa à la porte. Quelques pas prudents retentirent derrière et, finalement, la porte s'ouvrit. La chaîne métallique le retenait cependant entrouverte et le visage d'un homme d'une cinquantaine d'années aux cheveux gris, longs et gras et à la barbe mal rasée apparut, suspicieux. Son regard noir s'éclaircit lorsqu'il tomba sur Severus.

- C'est toi, mon grand ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Salut, Oncle Aidan, dit Severus, je ne supportais plus la maison... Est-ce que je peux rester quelques minutes ?

Aidan Prince semblait embêté, comme si son neveu arrivait au pire moment. Mais finalement, il retira la chaîne de sa porte et l'ouvrit en grand.

- Entre.

Severus s'engouffra dans le minuscule hall, aussitôt accueilli par une odeur âcre de tabac froid et d'humidité qui devait venir des murs au papier peint décrépi. Oncle Aidan le conduisit jusqu'au minuscule salon où trois autres hommes vêtus de longues capes noires se trouvaient assemblés autour d'une table basse, occupés à compter plus de Gallions que Severus n'en avait jamais vu. Lorsqu'il entra dans le salon enfumé, les trois hommes levèrent un regard craintif sur lui.

- Qu'est-ce que tu nous fais, Prince ? grogna l'un d'eux, une cigarette au bec. C'est qui, ce gosse ?

- Pas de panique, les gars, fit Aidan en se laissant retomber sur son canapé en velours, libérant dans les airs une trombe de poussière, ce n'est que Severus, mon neveu. Il est réglo. Mon garçon, voici des amis à moi.

Il regarda les trois sorciers occupés à compter des Gallions tout en enchaînant les cigarettes et les verres de vin. L'un d'eux avait sa manche retroussée... Et Severus remarqua aussitôt un morceau de sa marque.

Il ne put s'en empêcher.

- Vous êtes des Mangemorts ! souffla-t-il avec admiration.

Mais sa remarque jeta un froid sur le salon. Les trois sorciers se crispèrent et le regardèrent, comme s'ils s'apprêtaient à le tuer. Oncle Aidan, lui, semblait embêté que Severus ait compris cela.

- Eh, mon garçon, dit-il d'une voix tendue, tu es assez grand pour comprendre, maintenant. Tu es presque un homme, tu dois commencer à t'apercevoir que tout ce qu'on te raconte sur les Mangemorts...

- Inutile de me faire la leçon, le coupa Severus, je n'ai pas encore de Marque des Ténèbres à mon bras mais soyez sûrs d'une chose : je serai un Mangemort, moi aussi. Je ferai tout pour y parvenir.

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant