Chapitre 90 - LILY EVANS

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La dernière semaine des vacances de Noël venait juste d'être entamée et Lily se sentit l'envie de faire le premier pas. Après tout, elle n'arrêtait pas de se plaindre mais, et ce même si la situation n'était pas de son fait, elle n'avait jamais vraiment fait l'effort d'apaiser les tensions. Alors pourquoi ne pas essayer ?

Elle parcourut le couloir qui longeait sa chambre, arriva à une porte et frappa. Celle-ci, déjà entrouverte, s'ouvrit davantage. C'était une chambre propre et bien ordonnée. Celle de Lily l'était, elle aussi. Mais en comparaison à celle-ci, sa chambre était une vraie porcherie. En travers du lit, allongée sur le ventre, Pétunia était au téléphone, les deux pieds levés en l'air et un doigt qui ne cessait de s'entortillait autour du fil en spiral de l'appareil. Sans retirer le combiné de son oreille, elle jeta un regard acéré à Lily.

- Toi aussi, tu me manques, disait-elle avec un sourire béat, mais il nous faut attendre une looongue semaine avant de se revoir... Oui... Oui, moi aussi, tu sais. J'ai tellement hâte de me blottir contre toi ! D'accord... Oui, moi aussi, je t'aime ! On se rappelle ce soir ?... Super ! Alors à ce soir ! Je t'aime.

Elle raccrocha le téléphone en un cling ! et jeta un regard encore plus noir à Lily qui avait attendu patiemment à l'entrée de la chambre.

- Qu'est-ce que tu veux ? dit-elle d'un ton sec qui cassait complètement avec celui qu'elle avait au téléphone quelques secondes plus tôt. On ne mange pas tout de suite, je suppose.

Pétunia devait croire que c'était Maman qui l'avait envoyée pour lui dire qu'il était l'heure de se mettre à table.

- Non, dit Lily, on ne mange pas tout de suite. Ce... C'était ton petit-ami ?

Cela lui faisait toujours drôle de se dire que Pétunia était en couple quand elle ne trouvait aucun garçon qui voulait bien d'elle ; et ce même si les prétendants ne manquaient pas.

- Ce ne sont pas tes affaires, rétorqua Pétunia d'un ton hautain, si ce n'est pas Maman qui t'envoie, qu'est-ce que tu es venue faire ici ?

Lily lui montra le petit paquet de cartes qu'elle trifouillait depuis tout à l'heure et elle eut un petit sourire.

- Je me suis dit... Enfin, ce serait chouette que l'on fasse une petite partie de cartes, comme quand on était petites ! Tu te souviens ?

Pétunia lui jeta un regard rempli de mépris.

- Tu crois vraiment que je m'abaisserais à jouer à tes jeux dégoûtants plein de cette magie contre-nature ?

Lily baissa les yeux sur le paquet de cartes.

- Ce n'est pas un jeu magique. C'est un jeu de cartes tout ce qu'il y a de plus banal...

Mais Pétunia s'était déjà levée de son lit, ses grandes boucles brunes voltigeant autour d'un visage déformé par la rancune.

- Sors d'ici ! siffla-t-elle. Cette chambre est un endroit convenable et c'est interdit aux sorcières ! Allez ! Déguerpis !

- Pétunia... Je veux juste...

- Dégage de là !

Sa grande sœur venait de la repousser sans aucune pitié dans le couloir avant de lui claquer la porte au nez. Avec un soupir déçu, Lily s'éloigna de la chambre en maugréant intérieurement. Le fait que Pétunia la repousse ne la blessait plus, à présent. Elle s'en était accoutumée. Elle se souvint qu'il fut un temps où elle imaginait avec horreur un futur où, en tant qu'adultes, Pétunia et elle n'entretenaient que des rapports froids et distants. Aujourd'hui, ce futur ne lui faisait plus peur. Elle savait qu'elles s'y dirigeaient sans aucun scrupule et elle avait dû l'accepter.

De retour dans sa chambre, elle jeta le petit paquet de cartes sur son lit et remarqua qu'un joli hibou aux plumes noires comme le charbon était en train de taper à sa fenêtre avec une certaine impatience. Elle ne reconnaissait pas ce hibou ; il ne semblait venir ni de Mary, ni d'Eugénie. Troublée, elle traversa la chambre et alla lui ouvrir. Le hibou alla se poser directement sur un perchoir après avoir lâché sur son bureau un petit paquet.

Curieuse, elle défit le papier kraft qui entourait le paquet et une petite lettre en tomba. Elle s'en saisit pour la lire.

Joyeux Noël, Evans !

J'espère que tu passes de bonnes vacances. Je t'offre ce petit cadeau en récompense pour les énormes efforts que tu fais en matière de duels de magie. Et puis, il faut que la rédactrice-en-chef des Chroniques de Poudlard travaille avec une certaine classe !

James Potter.

De plus en plus étonnée, Lily ouvrit d'avantage le paquet. Les yeux ronds, elle en sortit une magnifique plume d'un orange qui s'alliait presque avec la couleur de ses cheveux. Avec ses finissions en bronze, elle n'avait jamais vu (et encore moins possédé) quelque chose d'aussi beau pour écrire.

- Oh... Potter...

Elle ne savait pas comment réagir. Elle ne pouvait que sourire bêtement. Elle ne pensait pas que ce garçon pouvait se montrer aussi gentil et attentionné. Et surtout... Que faire ? Comment réagir ? Lui écrire une réponse ? Mais elle n'avait rien offert à Potter pour Noël ! Et surtout... Elle avait peur de passer pour une ringarde à ses yeux si sa réponse était trop formelle ou... pas assez cool.

Elle était heureuse d'avoir cette plume. Cela suffirait, elle le savait, à la rendre de bonne humeur pour le reste de la semaine. Elle décida donc de ne pas gâcher cette petite joie en se mettant la pression.

Je lui dirai merci de vive-voix, quand on sera à Poudlard, se promit-elle.

Et elle ne put s'empêcher d'avoir un gloussement, en relisant une fois de plus le petit mot qu'il lui avait laissé.

Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant