Les Maraudeurs et l'Ascension du Phénix (tome 6)

Epilogue

Nausicaa regardait pour la dernière fois ce château qui avait été sa maison ces sept dernières années. Dans son dos, sur le quai de la gare de Pré-au-Lard, une masse impressionnante d'élèves se pressait autour du Poudlard Express. Comme d'habitude, les mêmes au revoir ou autres « A l'année prochaine ! » fusaient entre eux. Là où, habituellement, elle ne prêtait aucune attention à ce que s'échangeaient les autres, aujourd'hui, cela lui faisait l'effet d'un véritable coup de poignard. Il n'y avait plus d'année prochaine, pour Nausicaa. Elle quittait définitivement Poudlard. Tout ce qui l'attendait pour le moment, c'était des fiançailles avec un homme inconnu qui avait quinze ans de plus qu'elle.

Comme l'avenir lui donnait des frissons de dégoût, elle préféra se concentrer sur le passé. Alors que ses yeux se promenaient sur les hautes tours de Poudlard qui se dressaient, au loin, sur cette falaise rocheuse surplombant le lac, elle se mit à penser à la toute première fois où elle avait vu ce château.

Elle avait onze ans. Elle ne connaissait pas encore les Maraudeurs, à cette époque. Contrairement à tous les autres sorciers de son âge qui allaient devenir sa promotion, la petite Nausicaa Black s'était rendue à Poudlard, certaine qu'elle allait devenir la meilleure élève de l'école, la plus aimée, crainte et respectée et une attrapeuse invincible au Quidditch. Et ses premiers temps au château ne la déçurent pas.

Elle abordait une coupe à la garçonne, à cette époque. Et dès le premier trajet en Poudlard Express, elle avait réussi à réunir autour d'elle une bande de filles dont faisaient partie Rebecca et Mercedes. Elle se rappelait cette nuit-là, où l'imposante silhouette de Rubeus Hagrid s'était mise à beugler, sur ce même quai : « Les première année, par ici ! ». Elle se rappelait cette nuit brumeuse où elle avait traversé le lac dans ces barques, où elle s'était presque tenue debout pour avoir apparaître l'imposant château de Poudlard sous ses yeux, émerveillée et impatiente de voir cet édifice dont Bellatrix et Narcissa lui avaient si souvent parlé.

Elle se rappelait aussi avec quelle fierté elle avait traversé pour la première fois la Grande Salle. Comment elle n'avait ressenti aucune peur lorsque, de son ton froid, McGonagall avait appelé : « Black, Nausicaa », pour qu'elle aille s'asseoir sur le petit tabouret où on avait posé ce vieux chapeau rapiécé sur sa tête. Elle se rappelait même sa voix qui avait résonné dans sa tête.

Encore une Black, avait dit le Choixpeau magique, j'ai l'impression d'avoir réparti tes trois grandes sœurs, Andromeda, Bellatrix et Narcissa, hier seulement. Toutes à Serpentard, d'ailleurs. Alors, voyons... Où doit-on te mettre, toi ?

« - Ça me semble évident, avait-elle répliqué entre ses dents, irritée, à Serpentard, comme pour mes sœurs.

Serpentard, hein ? Mmh... Oui, il est vrai que tu as toutes les qualités d'une vraie Serpentard. Tu as de la jugeote, jeune fille. Tu es intelligente, douée, ambitieuse et rusée comme un renard. Mais je vois autre chose en toi. Oui, tu as hâte de faire tes preuves. Et je lis en toi une volonté de connaître le danger, de résoudre des énigmes et... Oui, peut-être même d'aider les autres, même si tu t'efforces d'enfouir ça au plus profond de toi. Gryffondor pourrait être une maison qui t'irait bien. Cette maison pourrait faire émerger une toute autre facette de toi, jeune fille.

« - Gryffondor ? Certainement pas. Je suis une Serpentard. Plutôt retourner chez moi que de me retrouver à Gryffondor.

Oh, loin de moi l'idée de te placer dans une maison qui ne te convient pas, jeune Black. Très bien, puisque tu sembles avoir fait ton choix...

« - Serpentard !

Alors qu'à la table des Serpentard, tout le monde l'acclamait, Nausicaa avait été accueillie avec chaleur par Narcissa (qui débutait alors sa quatrième année) ainsi que par un garçon, préfet de sa nouvelle maison, Lucius Malefoy. Avait alors commencé une année où Nausicaa avait fait la fierté de ses professeurs le jour, l'agacement de ces derniers la nuit. Fort heureusement, Slughorn avait toujours eu du mal à se montrer sévère avec elle, malgré ses nombreuses sorties hors de son dortoir après l'extinction des feux.