💎09. Bienvenue au palais

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SIMON

Si Simon avait craint de se sentir intimidé de déjeuner à la table des princes, il comprit très vite que cette inquiétude était totalement infondée. Déjà parce que le prince Justinien était tout simplement adorable, à faire de son mieux pour qu'il se sente à l'aise, et ensuite parce qu'il venait de se rappeler qu'après tout, l'un de ses meilleurs amis était prince de Rivecœur. Certes, un prince en fuite et en exil depuis dix ans, mais un prince tout de même.

Avant même d'atteindre la salle à manger, il avait déjà une assez bonne idée du caractère de Justinien, parce que celui-ci avait le visage terriblement expressif. Il était évident qu'il avait le cœur sur la main et qu'il était avide de bien faire, avec un enthousiasme charmant et toute une panoplie de sourires éblouissants. Loin de s'arrêter à son mutisme, il s'assurait de poser des questions auxquelles Simon pouvait répondre par gestes, rendant la communication bien plus facile que ce qu'il avait craint.

Et même une fois arrivés dans la pièce — laquelle s'avéra bien moins grande et impressionnante que dans son imagination — rien ne se passa comme il l'avait imaginé. D'abord, il fut reçu avec des applaudissements et des exclamations joyeuses, lui faisant prendre conscience d'à quel point son aide avait été appréciée par cette poignée de jeunes nobles égarés dans la nuit. Ensuite, on lui tira une chaise à côté de celle du prince Justinien, et il se retrouva attablé devant une assiette débordante de bonnes choses.

— Laissez-moi faire les présentations, sourit le jeune prince. À votre droite, Estienne Barbin. En face, Claude de Marcillac. À côté d'elle, Baptiste et Tristan de Loncastel. Et enfin, mon frère Maxime, le seul à avoir échappé à notre mésaventure d'hier.

— Un plaisir de faire votre connaissance, déclara ce dernier. Je vous remercie d'avoir ramené cette tête de linotte en sécurité.

Touché et un peu embarrassé, Simon hocha la tête, tandis que Justinien achevait les présentations sans paraître se vexer des mots de son frère.

— Notre frère aîné, Auguste, est parti en voyage pour fêter ses trente ans, expliqua-t-il. Personne ne sait exactement quand est-ce qu'il reviendra, sûrement lorsque le vent soufflera dans la bonne direction.

La plaisanterie gentiment moqueuse fit sourire Maxime et rappela à Simon ses interactions avec Cen et Caspian, sa véritable famille. Les deux lui manquaient déjà, et il espérait pouvoir bientôt trouver le moyen de leur faire savoir qu'il allait bien. Mais c'était une inquiétude pour un autre moment, une fois qu'il aurait mangé son content, entouré d'une joyeuse compagnie vraiment amicale qui l'accueillait comme s'il avait toujours fait partie de la bande.

— Il faudra nous laisser vous remercier de votre aide providentielle hier soir, déclara le jeune homme désigné comme Barbin. Vous nous avez épargné une nuit bien inconfortable.

C'était, en fait, totalement réciproque, mais Simon ne savait pas exactement comment leur avouer qu'il avait été lui aussi bien parti pour dormir dans la neige si leurs chemins ne s'étaient pas croisés. La nourriture aidant, ses compagnons de tablées lui en dévoilèrent un peu plus sur ce qui les avait amenés à se perdre si tard le soir.

— Je suis affreusement tête en l'air, confia Justinien avec embarras. J'oublie toujours quelque chose, ou bien je m'égare d'un rien parce que je n'ai aucun sens de l'orientation. D'ordinaire, l'un de mes frères m'accompagne toujours, mais puisque Gus est encore parti en voyage et que Max a ses propres occupations, ils ne sont pas toujours disponibles. Et je pensais vraiment être capable d'aller jusqu'au pont et en revenir sans me perdre... Enfin, nos chemins se sont croisés, alors je regrette un peu moins de m'être complètement égaré.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant