👑52. Petit déjeuner au lit

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AUGUSTE

Ouvrir une porte fermée avec un plateau de petit déjeuner lourdement chargé dans les mains n'était pas une mince affaire, et Auguste s'estima satisfait de n'avoir renversé qu'un tout petit peu de thé dans l'entreprise. Il aurait pu attendre que l'archiatre le rejoigne, mais il s'inquiétait pour sa mère depuis qu'elle avait appris l'identité de Cen et il était également impatient d'avoir des nouvelles de son cavalier.

Le spectacle qu'il découvrit en entrant dans la chambre fit dégringoler son cœur dans ses bottes, parce que Cen était blotti dans les bras de sa mère et pleurait à lourds sanglots. Désemparé, il s'empressa de déposer son plateau sur le coffre au pied du baldaquin, avant de se tenir maladroitement debout à côté sans trop savoir quoi faire ou dire. Depuis le lit, sa mère releva la tête pour tendre un bras vers lui, ses yeux humides de larmes.

— Viens là, mon cœur...

Auguste ne se fit pas prier pour les rejoindre sur le lit et enlacer Cen à son tour, comme si le tenir dans ses bras pouvait le protéger de tout et le consoler. Sa mère posa une main sur sa joue, avec cette expression de tendresse maternelle qui lui réchauffait toujours le cœur, et il lui sourit en essayant de la réconforter également. Et puis Cen trouva sa main et s'y agrippa, et il se retrouva lui aussi au bord des larmes, le front posé contre ses cheveux.

Petit à petit, les sanglots de Cen s'espacèrent, ponctués de reniflements, jusqu'à ce qu'il redresse la tête, les yeux rouges et les joues trempées de larmes. Immédiatement, Auguste s'empressa de sortir son mouchoir pour le lui tendre, alors que Cen s'essuyait du dos de la main.

— Je suis désolé d'avoir trempé votre robe, bredouilla celui-ci. La soie impériale n'aime pas être mouillée...

— Si quelqu'un doit présenter des excuses, c'est moi. Je ne vous faillirai plus, Cen.

C'était la première fois qu'Auguste voyait sa mère aussi défaite, avec cet air mortellement sérieux qu'elle ne prenait que pour les très mauvaises nouvelles, et ce regard infiniment triste qu'il ne lui avait jamais vu. Il était évident que Cen et elle avaient des chagrins en commun, et il ne pouvait qu'espérer que le temps les aiderait à s'en remettre.

— Vingt années durant, je vous ai laissé souffrir aux mains de la meurtrière de votre père, ajouta-t-elle. Je ne me le pardonnerai jamais.

— Vous n'aviez aucun moyen de le savoir, contra doucement Cen. Elle s'en est assuré, lorsqu'elle a annoncé ma mort. C'est elle, la seule personne responsable de tout cela. Elle m'a fait disparaître pour que jamais quiconque ne puisse venir à mon secours. C'était sans compter Simon qui a toujours été là, et quatre princes adorables à qui nous devons beaucoup.

Le courage dont il faisait preuve impressionna Auguste presque autant que sa bienveillance, parce qu'il se savait pour sa part incapable de ne pas ressentir de l'amertume et de la rage en son nom.

— Laissez-moi tout de même essayer de rattraper toutes ces années, demanda sa mère. J'ai une dette de vingt ans d'amour et de protection envers vous.

— Je me porte volontaire pour les intérêts, ajouta Auguste avec un clin d'œil.

Cela tira un rire à Cen et son cœur s'allégea, apaisé par le sourire qui revenait sur le visage creux et encore trop pâle du jeune comte. Même s'il ne le connaissait qu'à peine, Auguste avait déjà l'impression qu'il suffirait d'un rien pour tomber éperdument amoureux de lui et le chérir entièrement et absolument jusqu'au dernier de ses jours. Il avait plaisanté avec Maxime au sujet de leurs futurs enfants, mais il se voyait sans peine vieillir aux côtés de Cen, le voir reprendre du poids et des couleurs, voir ses traits se creuser de rides qui accentueraient ses sourires, accueillir avec lui la responsabilité du trône et celle d'enfants à chérir, et passer les prochaines décennies à s'aimer.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant