🧵51. Les parents de Cen

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CENDRILLON

Cen se réveilla lentement, bercé par la caresse d'une main dans ses cheveux. Il se sentait bien, reposé pour la première fois depuis longtemps, blotti au creux d'un grand lit merveilleusement confortable. Sa fièvre avait disparu, ne laissant qu'un vague souvenir et un peu de brume dans son esprit. Il ouvrit les yeux, presque à regret, pour découvrir la silhouette floue d'une femme assise à son chevet. Un vieux souvenir lui revint et il battit des paupières pour s'éclaircir la vue.

— Maman ? appela-t-il d'une voix fragile d'enfant perdu.

La main dans ses cheveux s'immobilisa, alors qu'il se réveillait tout à fait et se rendait à l'évidence que cela ne pouvait être sa mère. Il l'avait perdue si jeune que ses souvenirs d'elle étaient plutôt une construction de son esprit d'après ce qu'il imaginait, et la femme à ses côtés lui était familière sans l'être vraiment. Puis il la reconnut enfin et rougit.

— Pardonnez-moi Majesté, je...

— Ne vous excusez pas, Cen, le coupa-t-elle gentiment. Je ne prétends pas pouvoir remplacer votre mère, cependant je serais honorée de tenir enfin mon rôle auprès de vous.

Surpris et perplexe, il se frotta les yeux en essayant de trouver un sens à ses paroles, sans y parvenir. Même s'il ne se sentait plus aussi fiévreux, il avait toujours l'esprit confus et devinait qu'il lui faudrait encore plusieurs jours de repos avant d'être capable de bien réfléchir. Il commençait également à avoir faim, et il fut terriblement reconnaissant à la reine de lui tendre un verre d'eau qu'elle l'aida à tenir parce que ses mains tremblaient encore un peu.

— Je... je ne vous suis pas, avoua-t-il. Quel rôle auriez-vous à tenir auprès de moi, je ne suis que...

— Ne vous avisez pas de terminer cette phrase, le mit-elle en garde. Vous n'êtes pas un souillon, Cen. Ni même un domestique. Vous êtes le comte de Frêne-Aux-Lys, le plus proche ami du prince Caspian de Rivecœur, et vous êtes également l'homme qui allume des étoiles dans les yeux d'Auguste.

Malgré tout, Cen savait qu'il lui faudrait du temps pour accepter l'idée d'être autre chose que le valet de Frêne-Aux-Lys, et pour apprendre à vivre libre et en sécurité. Mais la chaleur de la main de la reine sur la sienne lui donnait espoir pour la suite, tout comme le fait de se savoir bien entouré.

— Et pour répondre à votre question, continua tristement la reine, sachez que je vous ai failli, car j'avais l'honneur d'avoir été nommée votre marraine par vos parents, et je n'ai pas été là pour vous lorsque vous avez eu besoin d'aide.

— Vous... vous êtes ma marraine ? répéta Cen avec incrédulité.

Il avait toujours tenu la Fée des Lilas comme son unique marraine et seule membre de sa famille à vouloir son bien, cela lui paraissait impossible que quelqu'un d'autre ait pu se soucier de lui. Mais il se rappela soudain que lors du bal, la reine avait cru le reconnaître et il se demanda si elle n'avait pas vu son père à travers lui.

— Votre père, Benedict, était mon plus cher ami, expliqua-t-elle justement. Je pense pouvoir affirmer que nous étions aussi proches que vous l'êtes de Caspian et de Simon. Il était d'ailleurs le parrain d'Auguste, né deux ans avant vous.

Fermement, Cen repoussa l'idée de perdre Caspian ou Simon et se concentra plutôt sur le fait qu'il était lié à Auguste plus qu'il ne l'avait imaginé. Penser que son père avait été son parrain le réconforta curieusement, et il songea soudain que la reine était peut-être la seule personne qu'il lui restait à avoir connu ses parents.

— Voulez-vous bien... me parler d'eux ? demanda-t-il timidement. Je ne conserve que de pâles souvenirs de mon père, et quelques vagues impressions de ma mère. Madame... Madame n'en parlait jamais, ou bien sans penser un seul mot de ce qu'elle en disait. Je... je ne me souvenais même plus de leurs noms.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant