JUSTINIEN
Justinien était incapable de dire qui d'entre eux était le plus impatient de changer le don de Simon une bonne fois pour toutes. Bien sûr, son amant-bientôt-officiellement-fiancé avait terriblement hâte d'être enfin débarrassé de ces maudites pierres qui lui blessaient la bouche, mais il était loin d'être le seul. Caspian et Cen trépignaient autant l'un que l'autre, leur fébrilité se propageant à Maxime et Auguste.
— La Fée des Lilas m'a donné le moyen de modifier ton don, expliqua Justinien en saisissant les mains de Simon. Elle ne souhaite pas te le retirer, mais t'offrir la possibilité de choisir les mots que tu veux changer en perle ou en diamant. Est-ce que cela te convient ?
— Oui.
Ce fut un murmure très doux et une toute petite pierre verte roula de ses lèvres. Justinien la ramassa au vol et la regarda avec un sourire, sachant exactement ce qu'il allait en faire. Puis il lâcha les mains de Simon pour prendre doucement son visage en coupe et l'embrasser avec toute la tendresse et tout l'amour qu'il avait pour lui.
— Et voilà... souffla-t-il contre ses lèvres. Désormais, plus rien ne t'empêche de parler autant que tu le souhaites. Cela étant fait...
Plaçant une main sur son cœur, il lui offrit son plus beau sourire et laissa couler les mots qu'il répétait dans sa tête depuis plusieurs jours. Comme sa déclaration d'amour, des mois plus tôt, il avait eu du mal à se lancer, mais n'avait désormais plus le moindre doute.
— Simon Brûlart d'Androué, mon ami, mon amour, m'accorderais-tu ta main ? Je veux pouvoir te chérir chaque jour de ma vie, et m'employer à te rendre heureux tout aussi longtemps.
Dans son dos, il lui sembla entendre un murmure étranglé, mais il ne se retourna pas pour voir s'il provenait de Cen, de Caspian ou de ses frères, tout entier concentré sur ce visage qu'il aimait tant. Et le sourire de Simon était radieux comme un lever de soleil printanier lorsqu'il prit ses mains dans les siennes pour en embrasser les doigts.
— Il n'y a rien que je souhaite davantage, chuchota-t-il. Tu m'as sauvé, encore et encore, de bien des manières, et je rêve de vieillir à tes côtés, pour t'aimer, t'épauler et te voir sourire jusqu'au dernier de mes jours.
Éperdu de bonheur et d'amour, Justinien remarqua à peine qu'aucun joyau n'était apparu sur les lèvres de son amant, déjà trop occupé à l'embrasser entre ses larmes. Et puis soudain ils ne furent plus seuls, parce que Caspian et Cen venaient de les rejoindre pour les serrer dans leurs bras, vite imités par Auguste et Maxime.
— Allons annoncer ça à tout le monde ! s'exclama Auguste. Les premières fiançailles d'un prince d'Armancœur, il faut absolument fêter ça !
— J'étais sûr que tu serais le premier de nous trois à te marier, ajouta Maxime dont les yeux brillaient. Mais tu as bien fait de ne pas tarder, parce que je suis persuadé qu'épouser Caspian résoudra tous nos problèmes, et je ne vais pas attendre très longtemps pour rendre ça officiel.
— Je suis juste là, intervint Caspian avec un rire dans la voix.
— Et tu sais parfaitement que je suis prêt à t'épouser depuis le premier jour où je t'ai vu, riant avec Cen dans ta cabane. Ce n'est à présent plus qu'une question de faire cela convenablement, mais n'allons pas voler la vedette à Justinien et Simon.
En riant, Justinien le poussa légèrement sur l'épaule, avec l'impression que son cœur était si léger qu'il allait s'envoler. Il lui tardait d'annoncer la nouvelle au royaume tout entier, et de donner un nouveau bal, une véritable fête, à laquelle Caspian et Cen pourraient assister sans avoir à dissimuler leur identité, sans avoir à craindre minuit.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...