🫏35. Minuit passé

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CASPIAN


Blotti dans le sofa, Maxime à moitié étalé sur lui, Caspian avait complètement perdu la notion du temps. Ses doigts glissaient facilement dans les boucles brunes de son compagnon alors qu'ils discutaient, sans parvenir à cesser de s'embrasser. Il n'y avait aucune urgence dans ces baisers, simplement une douce curiosité et un désir paresseux, montant lentement. C'était agréable de prendre le temps de savourer l'instant sans se précipiter, avec la tranquille certitude qu'ils avaient toute la nuit devant eux pour s'aimer. Et puis la grande horloge sonna et Caspian se souvint de Cen, dont la soirée était bien plus courte que la sienne.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-il en se redressant un peu.

— Minuit, je dirais. La soirée bat son plein en bas.

— Mince, déjà ? Je dois retrouver Cen ! Venez !

Maladroitement, il se dépêtra de Maxime qui le regardait avec inquiétude, et s'empressa de rajuster sa tenue puis de remettre son masque.

— Cen doit partir à minuit, expliqua-t-il en voyant que son prince ne bougeait pas. Je veux pouvoir le saluer avant qu'il ne s'en aille, et m'assurer que rien ne le retarde.

Cette fois, Maxime parut enfin comprendre qu'il était très sérieux et il se leva à son tour, reboutonnant sa chemise et peignant rapidement ses cheveux. Caspian lui adressa un bref sourire reconnaissant avant de filer hors de la bibliothèque, son compagnon sur les talons. La musique se faisait de plus en plus forte tandis qu'ils redescendaient, jusqu'à devenir presque assourdissante lorsqu'ils entrèrent dans la salle de bal. Sans se préoccuper de la foule et du bruit, Caspian chercha frénétiquement Cen du regard et se détendit légèrement en avisant Simon et Justinien. Maxime à la remorque, il les rejoignit à grands pas, inquiet du froncement de sourcils de Simon.

— Je voulais saluer Cen, mais j'imagine que je l'ai loupé ? demanda-t-il sans préambule.

— Nous ne l'avons pas revu depuis qu'il est parti avec Gus, répondit Justinien après avoir échangé un regard avec Simon. Il est minuit, c'est ça ?

— Déjà passé de dix minutes, précisa Maxime en regardant sa montre. Soit Cen a évité la salle de bal, soit il est en retard.

Caspian penchait pour la seconde option et il faisait de son mieux pour ne pas songer à ce qui pourrait arriver à Cen s'il ne quittait pas le bal à temps, si Auguste découvrait son identité, si sa marâtre apprenait qu'il s'était rendu au palais, s'il...

— Respirez, lui conseilla doucement Maxime en attrapant sa main. Voilà, comme ça. Respirez profondément. Cen ne va pas tarder, ou bien nous trouverons une solution, quel que soit le problème.

Mais malgré son assurance de façade et ses beaux discours, Cen n'arrivait toujours pas et la seule chose qui retenait Caspian de paniquer complètement était le bras solide de Maxime autour de sa taille. Justinien et lui se relayaient pour tâcher de les rassurer, mais chaque fois que Caspian croisait le regard de Simon, il prenait conscience des terribles ennuis qui pendaient au nez de leur ami.

Quelque part, une horloge sonna la première heure, et Caspian se redressa, à moitié prêt à partir en quête de Cen, quitte à fouiller le palais de fond en comble. Face à lui, Simon hocha légèrement la tête, et les deux princes d'Armancœur comprirent leurs intentions puisqu'ils échangèrent un regard tout fraternel.

— Allons trouver Gus, décida Maxime. Si ça se trouve, lui et Cen sont, hum... occupés, et ils n'ont pas vu l'heure.

— Ce ne serait pas la première fois, précisa Justinien d'un ton d'excuse.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant