🧵33. Souvenirs de voyage

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CENDRILLON

Sitôt que Gus le prit par la main avec son immense sourire pour le ramener vers le château, Cen laissa tomber ses inquiétudes afin de se laisser porter par la complicité magique de l'instant. Émerveillé par la chaleur de la main solide de son prince, il retrouva son sourire et accéléra le pas pour suivre le rythme, aussi excité qu'un enfant. Heureusement, ils avaient eu la présence d'esprit de remettre leurs masques, sans quoi ils se seraient fait repérer dès leur entrée dans le palais, même s'ils évitaient la salle de bal bondée et bruyante.

— C'est plus rapide en passant par ici, confia Gus. Nous avons juste à traverser par là et nous pourrons prendre le grand escalier vers les appartements royaux.

Les couloirs étaient tout de même loin d'être déserts, animés par des domestiques allant et venant, ainsi que des convives quittant la salle ou y retournant. Plusieurs regards s'attardèrent sur eux, certains plus que spéculateurs, mais Cen décida de s'en amuser.

— D'aucun pourraient penser que vous m'entraînez dans votre chambre pour une nuit enfiévrée et passionnée, plaisanta-t-il en devinant que ce n'était pas le genre de Gus.

— Pas avant le troisième bal, voyons ! répliqua celui-ci avec un sourire aussi large que le sien.

Un bref instant, ils se soutinrent du regard, sourcils haussés, et Cen fut le premier à éclater de rire, aussitôt imité par son compagnon. Sans faire grand cas des domestiques postés au long du couloir, ou de quiconque pouvait les voir, ils se raccrochèrent l'un à l'autre en riant à gorge déployée, essayant malgré tout d'avancer vers les escaliers. Cela semblait merveilleusement naturel de sentir Gus passer un bras autour de sa taille pour garder l'équilibre et de s'appuyer contre son épaule en s'essuyant les yeux, le cœur battant de joie.

Bras dessus bras dessous, avançant comme s'ils étaient ivres et effectivement sur le point de s'effondrer dans le premier lit venu, ils entreprirent de monter les escaliers en riant toujours, simplement heureux et complices. Et puis une voix fragile s'éleva derrière eux, les figeant à mi-chemin.

— Be... Benedict ?

Se retourner sans tomber fut un peu compliqué, même avec la largeur des marches, et Cen découvrit la reine en bas de l'escalier, le visage aussi pâle que si elle avait vu un fantôme. Ne sachant trop quoi lui dire, il plongea dans une gracieuse révérence alors que Gus gardait son bras autour de sa taille pour le stabiliser.

— Qu'y a-t-il, Maman ?

C'était la première fois que Cen voyait réellement la reine, et il fut frappé de la voir si incertaine, presque effrayée. Il ignorait quel était l'homme qu'elle avait cru voir en lui, mais il avait la nette impression que c'était une personne qu'elle avait perdue.

— Rien... répondit-elle tristement. J'ai cru... j'ai confondu ton ami avec quelqu'un d'autre. Pardonnez-moi de vous avoir interrompus. Profitez bien de votre soirée tous les deux, et surtout prenez vos précautions !

— Maman !

Cette fois, elle se mit à rire, exacerbant sa ressemblance avec ses enfants, et Cen fut incapable de retenir un nouvel éclat de rire, au point de devoir s'accrocher à Gus pour ne pas tomber. La reine les laissa sur ces bonnes paroles et ils purent reprendre leur chemin en riant de plus belle. Cen avait mal aux joues lorsque Gus s'arrêta devant une grande porte, qu'il ouvrit théâtralement.

— Bienvenue chez moi ! s'exclama-t-il avec emphase.

La chambre était immense, bien sûr, et décorée avec beaucoup de goût de dizaines d'objets venant d'un peu partout sur le continent, et même au-delà. Bouche bée, Cen se laissa entraîner vers un sofa et s'y assit inconsciemment, essayant de tout voir à la fois. Avec un petit rire attendri, Gus se laissa tomber à ses côtés, une cassette à la main.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant