La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🤕17 - Au chevet de Solen

CÉDRIC

L'arrivée au palais fut très floue, alors que l'on menait la charrette jusque dans le grand hall où les attendaient les souverains. Le brancard de Solen fut soulevé avec d'infinies précautions, lui arrachant tout de même une plainte brisée, et Cédric fut terriblement reconnaissant aux deux gardes qui l'aidèrent à se lever à son tour. Évidemment, sa mauvaise jambe refusa catégoriquement de le soutenir et il se serait effondré si les gardes ne l'avaient pas retenu avec autant de sollicitude que de fermeté. À cet instant, les parents de Solen arrivèrent en courant, précédant de très peu l'archiatre avec deux assistants, et tout le monde se précipita vers eux avec un mélange d'inquiétude et de soulagement.

— Laissez-moi faire un premier diagnostic, demanda l'archiatre. Ensuite vous pourrez emmener ces jeunes gens dans leurs appartements respectifs pour les soins.

Elle commença bien sûr par Solen, toujours à moitié inconscient, tout le monde suspendu à ses lèvres alors qu'elle l'observait sans vraiment le toucher.

— Il ne semble pas avoir reçu de choc à la tête, finit-elle par annoncer. Seule la douleur est responsable de son inconscience. En revanche, sa jambe droite est brisée, et il souffre d'égratignures plus ou moins profondes. Je vais lui prescrire une potion contre la douleur, et il faudrait le laver avant que je puisse lui poser un plâtre et bander ses plaies.

Immédiatement, la reine demanda à ce que l'on fasse préparer la baignoire, prête à s'occuper de son fils comme s'il était encore tout petit. Cédric en eut le cœur serré et les yeux brûlants, mais alors le regard de la médecienne se posa sur lui et elle fronça les sourcils.

— Quant à vous mon garçon, vous ne devriez même pas être debout. Vous avez été très courageux de courir au secours de Solen et de le porter, mais votre mauvaise jambe va vous le faire payer rudement. À vous voir, je peux constater que vos muscles ont beaucoup souffert, mais rien qu'un bon repos ne pourra guérir. Je vais vous donner quelque chose pour aider à vous détendre, et je ne peux que vous recommander de dormir un moment. Un bon bain chaud avec des sels apaisants ne pourra que vous faire le plus grand bien.

— Pourrais-je... pourrais-je venir voir Solen ensuite ? murmura-t-il.

— Bien sûr que oui ! asséna le roi sur le ton de l'évidence. Solen sera certainement ravi de vous voir. Mais d'abord, allez vous reposer. Après tout ce que vous avez fait pour le retrouver, vous méritez de vous effondrer sur votre lit pour dormir tout votre saoul.

À bout de force, tous ses muscles presque tétanisés, Cédric hocha faiblement la tête et se laissa escorter jusqu'à ses appartements, le regard rivé sur son ami que l'on emmenait précautionneusement. Pour sa part, il fut laissé aux bons soins de son valet, qui fut horrifié de le voir arriver dans un tel état. Dans un état second, Cédric regarda la baignoire se remplir d'eau chaude, tandis que François y versait les sels recommandés par la médecienne. Puisque ses jambes ne répondaient plus à l'appel, il eut besoin que son valet le déshabille à sa place, et le soutienne jusqu'à ce qu'il puisse entrer dans la baignoire. Aussitôt, ce fut comme s'il s'était liquéfié et il fondit dans l'eau brûlante avec un soupir étranglé. Les yeux fermés, il appuya la tête contre le rebord pour essayer de prendre une profonde inspiration, seulement pour laisser échapper un sanglot brisé à la place. Toujours aussi discret, François ne fit aucun commentaire et ramassa ses affaires avant de le laisser seul. Cédric put ainsi s'effondrer sans public, et pleurer pour évacuer les restes de sa terreur.

***

Deux bonnes heures plus tard, habillé de frais et se sentant beaucoup mieux, il se présenta devant la chambre de Solen, où il fut admis immédiatement. La reine et le roi étaient assis au chevet de leur fils, et Cédric fut infiniment soulagé de voir que ce dernier était conscient. Il avait toujours une mine affreuse, mais il avait été lavé et changé, au moins il était réveillé, et il s'illumina complètement en le voyant.