SOLEN
Malgré toute son assurance et son enthousiasme de façade, Solen s'en voulait terriblement d'être la cause de la douleur de Cédric. Plein de culpabilité et malheureux, il courut à la rencontre des domestiques qui déchargeaient leurs quelques bagages, pour récupérer au moins l'onguent de son ami et le lui rapporter au plus vite.
Alors qu'il retournait vers leurs appartements, il croisa un valet chargé d'un plateau de sandwiches et d'une carafe de citronnade. Devinant que Cédric n'avait probablement pas envie d'être dérangé dans cet état, il intercepta le domestique avec un sourire.
— Je m'en occupe, assura-t-il. Merci beaucoup.
Du mieux qu'il put, il équilibra le tout avant de frapper poliment à la porte, ne souhaitant pas surprendre Cédric dans une position de faiblesse. Lui-même détestait être pris au dépourvu quand il se sentait vulnérable, et il voulait laisser à son ami le loisir de se recomposer avant de le laisser entrer. Mais Cédric étant Cédric, il l'invita à entrer tout de suite. Maladroitement, Solen ouvrit la porte, pour le trouver un peu mieux installé sur le divan, sa jambe tordue étendue devant lui, une grimace de douleur exagérée sur le visage.
— Comment tu te sens ? demanda doucement Solen en s'approchant.
— Honnêtement ? Tout endolori, et très content d'être assis sur ce confortable divan qui me fait oublier que j'ai également le fondement en compote.
— Je t'ai apporté l'onguent pour ta jambe, ainsi que les rafraîchissements promis par Grand-Ma. Est-ce que je peux t'aider à quelque chose ? Laisse-moi t'aider, je t'en prie ! Tu n'as pas à toujours tout faire tout seul et tout prendre sur toi...
Un voile d'hésitation passa dans le regard de Cédric, qui se mordit la lèvre avant d'acquiescer. Déposant son plateau sur la petite table de lecture près du divan, Solen s'assit à ses côtés pour sortir la petite jarre de terre cuite que son ami transportait dans son bagage. Puis il se tourna vers Cédric, et se rendit compte qu'il allait devoir avant tout l'aider à se déshabiller. Le rouge lui monta soudain aux joues, mais il lutta pour garder son calme et rester concentré.
— Je vais d'abord te retirer tes bottes, murmura-t-il. Tu me dis si je te fais mal.
Reposant l'onguent, il se tourna pour s'agenouiller sur le divan et s'attaquer doucement à la première botte. Attentif à la moindre expression de douleur, il tira et poussa avec délicatesse, jusqu'à libérer la jambe enflée de sa prison de cuir. Le soupir de soulagement que Cédric poussa lui tira un petit rire alors qu'il s'occupait de la seconde botte, puis il se tourna vers lui en espérant ne pas trop rougir.
— Il va falloir te débarrasser aussi de ta culotte d'équitation, fit-il remarquer. Elle est bien trop serrée et, même si elle te va très bien, elle va me gêner pour te mettre de l'onguent.
— Alors retirons la, s'amusa Cédric. Cela nous évitera également d'y faire des taches. Toutefois, je te serais très reconnaissant de veiller à ce que l'on m'en apporte une autre, histoire de m'épargner d'avoir à rencontrer tes grands-parents en sous-vêtements.
— Je vais m'occuper de ça, promit-il.
Les joues toujours un peu chaudes, il attendit que Cédric déboutonne sa culotte, et puis il ne pensa plus à rien qu'à toutes les précautions du monde pour la lui retirer sans le blesser, et à l'affolement de voir sa jambe horriblement gonflée et rouge, paraissant terriblement douloureuse.
— Je peine à atteindre ma cheville, sans parler de mon pied, avoua Cédric. Ton aide est plus que bienvenue.
— Mais tu vas devoir me guider, je ne veux pas risquer de te blesser davantage que tu ne l'es déjà.
VOUS LISEZ
La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...