CASPIAN
C'est avec une pointe d'excitation nouvelle que Caspian entreprit de revêtir sa belle tenue couleur de Lune, heureux de pouvoir enfin l'associer à de bons souvenirs. Depuis le temps, il avait appris à s'habiller tout seul, puisqu'il n'avait plus de valet pour l'aider et que Cen était bien trop occupé pour avoir le temps de passer lui donner un coup de main. Son ami avait simplement modifié quelques détails de sa tenue afin de lui permettre de se débrouiller sans assistance, et il n'avait mis qu'une petite heure à se préparer.
Comme la première fois, il trouva le carrosse enchanté de sa marraine devant la porte de sa cabane, et partit vers le palais avec suffisamment d'avance pour éviter l'embouteillage. Il était à nouveau parmi les premiers à arriver, ce dont il n'allait certainement pas se plaindre, parce que cela voulait dire plus de temps à passer avec Simon et le charmant Maxime.
Il n'eut aucun mal à repérer la famille royale et n'hésita pas une seconde à les rejoindre, non sans remarquer la manière dont Simon et Justinien se tenaient l'un par rapport à l'autre. C'était subtil et discret, mais ils étaient juste assez proches pour se frôler à chaque geste, et Caspian sourit en devinant que leur relation avait évolué depuis le dernier bal. Puis Simon le vit, et il n'eut que le temps d'ouvrir les bras pour le recevoir contre lui, avec un éclat de rire partagé.
— Tu m'as manqué aussi, promit-il en lui rendant son étreinte. Il faut absolument que tu nous accordes un instant pour parler tout à l'heure quand Cen sera arrivé. Je crois que nous avons plein de choses à nous dire.
Le léger ricanement de son ami le fit sourire avant qu'il ne recule pour le regarder, admirant son élégante tenue couleur d'étoile. Il était bien évidemment assorti à Justinien, deux astres étincelants scintillant d'autant plus qu'ils étaient ensemble. À côté d'eux, Maxime arborait les teintes plus sombres d'une nuit sans lune, faisant ressortir merveilleusement bien l'éclat de ses yeux.
— Altesse, sourit-t-il en s'inclinant devant Caspian. Je n'osais espérer vous voir arriver si tôt. Cen ne vous accompagne pas ?
— J'imagine qu'il ne devrait plus tarder à arriver, nous n'avons pas fait le trajet ensemble.
Et il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter un peu, craignant ce dont la marâtre de Cen était capable pour lui causer du tort et le blesser. Mais pour le moment, les invités ne faisaient qu'arriver et il ne voyait nulle part Anastase et Javotte, donc il était normal que Cen ne soit pas encore là.
— En ce cas, reprit Maxime, puis-je avoir le bonheur de vous inviter pour la première danse, en attendant qu'il nous rejoigne ?
— Bien volontiers.
Gracieusement, Caspian se laissa guider par son cavalier, s'amusant de voir Simon et Justinien s'élancer à leurs côtés sur la piste de danse. En tenant compte du fait qu'il devait encore y avoir un grand embouteillage, il estimait que Cen pourrait arriver d'ici une heure et il résolut de ne pas s'inquiéter tout de suite. Quelques autres couples les rejoignirent un peu timidement et Caspian s'absorba dans l'enchaînement des danses, en essayant de ne pas trop fouiller la salle du regard. Au moins, Maxime était un excellent cavalier et il pouvait se laisser mener sans craindre de s'emmêler les pieds, tout en espérant qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. Distrait, il enchaîna sur une pirouette avant de s'immobiliser une fraction de seconde en voyant entrer Anastase et Javotte, seuls bien entendu. Rassuré quant au fait que Cen n'allait plus tarder, il reporta son attention sur Maxime et lui offrit un petit sourire contrit en se concentrant davantage.
Toutefois, alors que la valse s'achevait et qu'il s'inclinait devant son cavalier, il remarqua que Cen n'était toujours pas là. Les Frêne-Aux-Lys étaient déjà auprès du buffet, un verre à la main, et Caspian dut lutter contre son envie de secouer Anastase par les épaules en lui demandant ce qu'il avait bien pu faire à son ami.
VOUS LISEZ
La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomansaIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...