🤕25. La chaleur de l'hiver

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CÉDRIC

Cette discussion dans le nymphée débloqua beaucoup de choses, et notamment le fait qu'ils n'hésitaient plus à évoquer leurs doutes désormais. Ils avaient trouvé leur équilibre et appris à se parler à cœur ouvert plutôt que de laisser leurs inquiétudes s'envenimer. En plus de ça, ils avaient découvert un tout nouveau degré d'intimité à présent que Cédric essayait de ne plus laisser son dégoût de lui-même parler plus fort que son amour pour Solen. À force de déraper chaque fois qu'ils se retrouvaient dans leurs appartements pour que Solen masse ses jambes douloureuses, ils avaient pris l'habitude de référer à leurs étreintes comme « les soins » et ils en riaient beaucoup.

Leur complicité amoureuse aidait grandement Cédric à apprivoiser son corps, dont les changements se faisaient plus marqués, tout en offrant à Solen un recours pour discipliner son esprit lorsqu'il s'éparpillait trop. Ils n'avaient plus de secret l'un pour l'autre à présent, et ils travaillaient ensemble à résoudre leurs problèmes en apprenant à se reposer entièrement l'un sur l'autre. De plus en plus souvent, Cédric songeait qu'ils formeraient un admirable couple de souverains lorsqu'ils seraient plus âgés, et il se réjouissait d'avoir enfin un avenir encourageant.

En revanche, ils n'avaient aucune prise sur les rumeurs circulant dans le royaume et ne pouvaient que se consoler l'un l'autre pour ignorer les mauvaises langues. Un soir, Solen lui avait avoué se sentir parfois complètement idiot à ses côtés, avec la crainte que ses parents finissent par le préférer à lui. Cédric avait peiné à trouver les bons mots pour le rassurer, et l'avait surtout encouragé à parler avec ses parents pour avoir la preuve que ces derniers le chérissaient plus que tout et ne cesseraient jamais de l'aimer. En retour, Solen avait fait de son mieux pour apaiser ses complexes, en glissant des compliments de plus en plus adroits ici et là, et surtout en lui répétant combien il le trouvait beau chaque fois qu'il en avait l'occasion.

Le temps s'écoulait paisiblement et les mois passèrent, un puis deux, puis quatre. Cédric faisait désormais partie de la famille royale, et seules les mauvaises langues trouvaient à y redire. L'hiver s'installait et pour la première fois, le prince exilé ne ressentait aucune des douleurs accompagnant d'ordinaire l'arrivée de la pluie et des mauvais jours. Il pouvait mettre cela sur le compte des soins prodigués par Solen et sur l'attention qu'il prêtait toujours à son confort, mais il savait très bien que c'était parce que leur don faisait effet et que tout son corps n'était plus si tordu, si difforme qu'autrefois. Cela faisait des semaines à présent que sa jambe ne lui avait pas fait mal, il n'avait pas souffert de migraine depuis plus d'un mois, et l'approche des frimas ne réveillait aucun élancement dans son épaule. Par contre, il n'en allait pas de même avec son cœur.

Avec l'hiver approchait la date anniversaire du décès de son père et cela ne faisait que lui rappeler combien Caspian lui manquait. L'affection dont la famille de Solen l'entourait était soudain à double tranchant, parce qu'elle mettait en évidence tout ce qu'il avait perdu, et il lui devenait difficile de faire bonne figure alors que son moral était au plus bas. Plus d'une fois, il se retrouva étendu dans son lit tard le soir, incapable de trouver le sommeil, le cœur tourmenté par la peine et la gorge nouée de larmes qu'il retenait de son mieux, ce qui avait bien évidemment un impact sur son état le lendemain matin. Et cela ne faisait qu'empirer, comme il s'en rendait compte à présent, roulé en boule sous l'épaisse couverture de son lit, les yeux fermés très fort pour ne pas laisser couler ses larmes. Un sanglot était coincé dans sa gorge, parce que même s'il était merveilleusement bien entouré, sa famille telle qu'elle était autrefois lui manquait et il se sentait subitement seul et tout petit.

Le léger grincement de la porte menant de sa chambre à celle de Solen le fit sursauter et se redresser, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, son amoureux se rapprocha du lit et se glissa sous les couvertures pour se rapprocher et enrouler fermement ses bras autour de lui.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant