🌻44. Des coupures de journaux

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SOLEN

Ils se trouvaient en Bergemont auprès de Savinien, Roxan et leur adorable petite fille depuis une semaine, lorsque la lettre de Maxime arriva. Trois ans plus tôt, lorsqu'ils s'étaient tous réunis pour célébrer le trentième anniversaire de Stratège, Espiègle et Isobel avaient joint leurs magies pour ensorceler une volière de jeunes éperviers bleus du Lorion, afin d'en faire des oiseaux messagers. Grâce à cela, leurs messages pouvaient arriver en quelques heures plutôt que quelques jours, et surtout les oiseaux trouvaient toujours leur destinataire, même en voyage.

Ce matin-là, durant le petit déjeuner, si personne ne fut particulièrement surpris de voir arriver l'un de ces faucons — sauf la petite princesse qui fut ravie par la proximité de l'oiseau — tout le monde s'étonna de le voir se percher sur le dossier de la chaise de Cédric. Aussi curieux que les autres, Solen se pencha vers son fiancé pour le voir défaire délicatement l'accroche du message, et il s'empressa d'attraper un morceau de viande sur la table pour la donner à l'oiseau affamé.

— Ça vient de Maxime ! indiqua Cédric en décachetant le tube étanche pour révéler une liasse de papier dont le poids et le volume avaient été réduits magiquement. Il m'envoie des coupures de journaux ?

Sourcils froncés, il commença sa lecture et ses mains se mirent rapidement à trembler alors que toute son expression se modifiait, marquée par la surprise, l'incrédulité et une forme de crainte qui n'augurait rien de bon. Mais puisqu'il ne prononçait pas un mot, Solen se pencha davantage pour lire le gros titre de l'article.

— De mystérieux princes féeriques au Bal du Printemps ? Qu'est-ce donc que cette histoire ?

— Lis, souffla Cédric en lui passant le premier journal.

Intrigué et conscient de la curiosité de Savinien et Roxan de l'autre côté de la table, Solen s'empressa de lire à voix basse pour partager les informations de l'Echo d'Armancœur. Il était question de deux princes inconnus qui avaient fait sensation lors d'un bal donné fin avril, et les hypothèses les plus folles étaient faites quant à leur identité. Toutefois, le plus intriguant était la description de leurs tenues, et notamment celle d'un prince roux vêtu aux couleurs du Temps.

— Crois-tu qu'il s'agisse de Caspian ? demanda Savinien à Cédric.

Plutôt que de répondre, le visage pâle, celui-ci leur tendit les autres articles de journaux tout en décachetant la lettre jointe par Maxime. Dans chacun des articles il était question de ces mystérieux princes, et notamment du roux qui avait porté les couleurs du Temps au premier bal, et celles de la Lune au second. Tout le monde spéculait sur la tenue qu'on lui verrait porter pour les trente ans du prince Auguste.

— Ce... ce serait tout à fait envisageable, oui, répondit Solen à la place de son fiancé soudain muet. Oh bon sang, c'est probablement lui !

C'est lui.

L'affirmation de Cédric, même faite à voix basse, exprimait une telle force de conviction qu'ils le dévisagèrent tous sans un mot, avant qu'il ne commence à lire pour tout le monde la lettre qu'il tenait.

— Maxime écrit ces mots : Cédric, tu sais que je ne t'écrirais pas cette lettre si je n'étais pas absolument certain de ce que j'avance. Nous avons retrouvé ton frère, il est en Armancœur, aux abords de Bétournet. À l'heure où je t'écris, nous nous apprêtons Auguste et moi à voler à son secours pour le ramener au palais, et j'ai bon espoir qu'au moment où tu liras ces mots, il sera en sécurité chez nous, ainsi que son ami. Alors je ne peux que t'encourager à hâter votre départ pour Armancœur, et à ramener vos princiers postérieurs ici au plus tôt !

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant