La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🤕39. La promesse

CÉDRIC

L'été s'écoula paisiblement, dans la douceur des beaux jours et leurs responsabilités princières, émaillé par d'occasionnelles demandes en mariage qu'ils se faisaient toujours un plaisir de refuser en rivalisant d'originalité autant que d'amabilité légèrement sarcastique. Surtout, Cédric était heureux de ne plus avoir à dissimuler combien il aimait Solen, et c'était toujours très satisfaisant de pouvoir l'embrasser chaque fois qu'il en avait envie.

Un beau jour de septembre, Cédric sortit dans les jardins pour lire au calme la dernière lettre de Jens et Erling, que Solen avait déposée sur son bureau avec un numéro du Temps Impérial, le journal officiel du Klaeder. Il y était question du plus jeune prince de Leborn, Floren, qui venait de réussir l'exploit de sauver à la fois le roi et le royaume de Ravina. L'article résumait comment le jeune homme avait délivré le souverain prisonnier d'un château enchanté, avant de l'accompagner pour venir au secours du peuple ravinien en proie à une terrible épidémie et victime de bandes de pillards. Erling écrivait à ce sujet que le jeune prince avait été héroïque et qu'il était venu solliciter leur aide pour permettre à Ravina de se redresser. Jens et lui s'étaient donc rendus sur place et leur lettre donnait un compte rendu de la situation, ainsi que quelques propositions pour un plan d'action international afin de mieux aider Ravina à se relever.

Pris dans sa lecture et ses idées de plans, Cédric ne remarqua pas l'agitation qui régnait dans le jardin, jusqu'à manquer percuter un commis de cuisine. Surpris, il s'excusa en relevant la tête pour découvrir tout un train de serviteurs s'affairant sous le kiosque des roses.

— Que se passe-t-il donc ? s'étonna-t-il.

— Je ne peux pas vous le dire, répondit le commis avec un étrange sourire. Son Altesse Solen a spécifiquement demandé à ce que nous ne vous dévoilions rien du tout parce qu'il veut vous faire la surprise.

Désormais franchement curieux, Cédric s'avança vers le kiosque, devant lequel il trouva Solen en train de tout superviser. Son amoureux lui tournait le dos, mais il se retourna en l'entendant approcher et lui adressa un sourire éblouissant de joie et d'amour.

— Ced ! Tu as vu ça ? Jens et Erling nous proposent de créer une organisation entre les royaumes pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. C'est une excellente idée, tu ne trouves pas ?

— Je pense que c'est très intelligent et que cela se révélera vite très utile, approuva-t-il. Nous devrons en discuter tous les deux avant d'en parler à tes parents. Mais en attendant, si tu me disais plutôt ce que c'est que tout ce remue-ménage ?

Le sourire de Solen changea et se fit plus doux, presque timide, alors qu'un adorable hâle recouvrait ses joues, renversant complètement le cœur de Cédric et lui donnant terriblement envie de l'embrasser.

— Tu ne devines pas ? murmura Solen.

Sur le moment, non, Cédric ne devinait pas du tout. Et puis son cerveau se remit en marche et la lumière se fit. Il n'avait pas particulièrement prêté attention à la date, et il était incroyablement touché de voir que Solen avait pris la peine d'organiser une petite fête surprise pour l'occasion, alors même qu'il avait beaucoup de mal à garder un secret. Impressionné et très touché, Cédric ne savait pas quoi dire, et Solen se méprit sur son silence. Avançant d'un pas, il prit ses mains dans les siennes pour entremêler leurs doigts et le regarder avec une expression bouleversante.

— C'est aujourd'hui, ma lune. Cela fait plus de deux ans que tu es arrivé ici, apportant avec toi tout l'amour et le bonheur dont j'aurais pu rêver. Mais cela fait exactement deux ans que nous avons scellé notre promesse de nous marier si nous étions amoureux. Et je t'aime, Cédric, je t'aime de tout mon cœur, passionnément et profondément. Tu es mon meilleur ami, mon amant, et sans aucun doute l'amour de ma vie. Alors... est-ce que tu veux toujours de moi comme époux ? Je ne peux peut-être pas te rendre Caspian et Rivecœur, je n'ai pas la prétention de t'offrir un nom, une dot ou quelles que soient ces choses que tes autres prétendants proposent, mais je te donne mon cœur, ma famille, et mon royaume.