🫅55. La décision de Justinien

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JUSTINIEN

À l'heure du dîner, Justinien arriva en même temps que ses frères, pour retrouver leurs parents déjà présents. Simon, Caspian et Cen se présentèrent peu de temps plus tard, bras dessus bras dessous, riant ensemble. Ils avaient demandé à passer la fin de l'après-midi tous les trois, parce qu'ils avaient plusieurs mois de séparation à rattraper, et c'était impressionnant de voir la transformation de Cen depuis la veille. Certes, il avait toujours une mine affreuse, avec l'hématome virant au brun sur son front et sa lèvre fendue, mais il avait repris des couleurs et son sourire illuminait tout son visage. Il faudrait encore du temps pour que disparaissent les traces de vingt années de maltraitance, toutefois son caractère optimiste transparaissait déjà et Justinien n'avait aucun mal à voir pourquoi tout le monde tombait sous son charme.

Comme Simon faisait déjà en grande partie de la famille, il se chargea de tirer les chaises pour que ses amis s'installent à table, de sorte qu'ils se trouvent face à Maxime et Auguste. Pour sa part, Justinien sourit de le voir s'asseoir en face de lui, alors que leurs parents se tenaient chacun à un bout de la table. Cela paraissait un peu surréaliste, d'avoir enfin tout le monde au palais, rassemblé dans la même pièce sans plus aucun mensonge, ni faux semblant.

— Depuis combien de temps n'as-tu pas profité d'un repas que tu n'avais pas cuisiné ? plaisanta Caspian en donnant un léger coup de coude à Cen.

— Est-ce que les petits fours que Gus a volés pour moi comptent ? répliqua-t-il avec un éclat de malice dans ses yeux gris.

Auguste manqua s'étrangler dans son verre en entendant cela, alors que le reste de la tablée se mettait à rire de bon cœur.

— Non, cela ne compte pas, trancha leur père. Pas plus qu'un plateau de petit déjeuner à moitié dévoré par la meute de loups affamés qui vous entoure.

De ce que Justinien pouvait voir, leurs parents avaient demandé à ce que les cuisines préparent des plats simples et légers, ayant certainement remarqué combien Cen avait un petit appétit. Ils espéraient tous que cela ne soit qu'une conséquence de son malaise de la veille, et qu'il ne tarderait pas à se remplumer et à prendre plaisir à manger. Mais s'il était amené à fréquenter l'incorrigible gourmand qu'était Auguste, Justinien avait bon espoir de le voir apprendre à aimer la nourriture.

— Alors, quelles sont les nouvelles de la journée ? demanda ensuite leur mère tandis que les premiers plats étaient apportés. Avez-vous pu écrire à votre frère, Caspian ?

— Oui, grâce à Maxime qui m'a généreusement prêté son bureau et tout le nécessaire à une longue lettre. J'ai bon espoir de le voir arriver d'ici la semaine prochaine !

— Nous allons veiller à préparer un chaleureux accueil pour leur arrivée, voilà bien longtemps que nous n'avons pas reçu la visite de familles royales étrangères. Il va sans dire que votre frère sera le bienvenu pour séjourner ici aussi longtemps qu'il vous sera agréable, et son fiancé avec lui bien évidemment.

— C'est très généreux de votre part, remercia Caspian en portant une main à son cœur. J'ai terriblement hâte de retrouver Cédric.

La perspective de bientôt recevoir les princes d'Houdancœur était réjouissante, d'autant plus que Justinien se rappelait s'être très bien entendu avec Solen lorsqu'ils s'étaient rencontrés étant enfants. Ils étaient tous impatients d'aider les deux frères à se réunir, mais aussi — comme l'avait dit leur mère — de recevoir un homologue étranger.

— En attendant cette visite, j'imagine que vous ne tiendrez pas en place, Caspian, s'amusa leur père. J'imagine que nous allons devoir trouver de quoi vous occuper l'esprit.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant