JUSTINIEN
Comme à chaque fois, le retour d'Auguste fut une véritable fête. Toute la famille royale était ravie de le retrouver et d'entendre le récit de ses aventures, mais cette fois Justinien était surtout impatient de pouvoir lui présenter Simon. Après deux mois à vivre parmi eux, son assistant était bien plus à l'aise avec la royauté, toutefois Justinien le devinait intimidé par sa rencontre à venir avec son grand frère.
— Vous n'avez vraiment aucune inquiétude à avoir, lui assura-t-il alors qu'ils descendaient les escaliers du hall. Auguste est le moins princier de nous trois, Max est beaucoup plus effrayant que lui ! Je suis sûr que vous allez l'apprécier et qu'il sera enchanté de vous rencontrer !
Et puisque Simon s'entendait déjà très bien avec Maxime, Justinien savait que ce serait encore plus facile avec Auguste. Ces dernières semaines, le jeune prince s'était attaché à son assistant, dont la présence constante à ses côtés était incroyablement réconfortante. Il éprouvait pour Simon une amitié bien différente de celle qui le liait à ses autres amis, un mélange de reconnaissance, d'admiration et de quelque chose d'autre le faisant frémir chaque fois que Simon lui souriait. En seulement deux mois, son assistant avait pris dans sa vie une place considérable, à tel point que Justinien avait parfaitement conscience du vide qu'il laisserait s'il décidait de partir.
En dépit de son mutisme, Simon était d'excellente compagnie, avec un esprit presque aussi affûté que Maxime, une excellente mémoire et un sens de l'humour décalé dont Justinien ne se lassait pas. En vérité, la seule ombre à ce tableau était le mystère dont il était entouré, parce que même après deux mois, Justinien ignorait toujours son nom de famille, l'endroit d'où il venait exactement, et les raisons qui l'avaient poussé à prendre la route en plein hiver. Il savait que cela rendait Maxime à moitié fou, de ne rien savoir du tout, mais pour sa part il prenait son mal en patience, avec l'espoir que son assistant lui fasse un jour suffisamment confiance pour s'ouvrir sur son passé. En attendant, il faisait son possible pour lui assurer un environnement chaleureux, dans lequel il avait sa place, et pour que Simon ne doute jamais que sa présence était voulue et appréciée. Chaque jour davantage, en ce qui concernait Justinien.
Le roi et la reine étaient déjà dehors lorsque Justinien et Simon sortirent du palais, et ils les reçurent avec des sourires en se décalant pour leur permettre de venir attendre avec eux l'arrivée d'Auguste et Maxime. Ils n'eurent pas à patienter longtemps, les deux franchirent bientôt le portail monumental au trot, escortés de leurs rires alors qu'ils faisaient la course.
— Premier ! s'écria Auguste en bondissant au bas de sa selle.
Comme s'il n'avait que douze ans, il grimpa les marches quatre à quatre et Justinien éclata de rire en le voyant se jeter dans les bras de leurs parents. Sans hésiter, il se rajouta à l'étreinte, trop heureux de retrouver son grand frère, alors que Maxime les rejoignait pour planter les poings sur les hanches.
— Et moi alors ? grommela-t-il pour la forme.
En riant, Auguste tendit le bras pour l'attraper par la manche et le rapprocher d'eux, et Justinien croisa le regard de Simon par-dessus l'épaule de son père. Il souriait aussi, mais il y avait une tristesse indicible dans ses yeux verts, comme l'envie ou le manque de quelque chose qu'il avait perdu. Le cœur serré de le voir ainsi, Justinien s'écarta pour lui sourire en tapant sur l'épaule de son aîné.
— J'ai quelqu'un à te présenter, annonça-t-il. Simon est mon assistant depuis janvier.
— Enchanté de faire enfin votre connaissance ! assura Auguste en s'avançant pour lui serrer la main avec l'un de ses sourires éblouissants. Je dois dire que les lettres reçues ces derniers mois contenaient toutes un bon tiers de compliments à votre égard, c'est un réel plaisir de pouvoir vous rencontrer !
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...